Chimère a écrit:
mais quand on les voit s'enflammer pour les théories du complots et autres fake news les plus farfelues (voir l'épisode des différents représentants rejetés pour à peu près tout et n'importe quoi, ou plus récemment le passage sur le Traité de Marrakech...)
Ces deux points peuvent se comprendre :
- les gilets jaunes sont un mouvement non structuré, caractéristique dont ils tirent une partie de leur force ; ils craignent la récupération par des individualités ou des partis. Et on ne peut honnêtement pas leur en vouloir, tant les exemples historiques sont nombreux (je pense notamment à la marche des beurs des années 80, complètement phagocytée et vidée de toute sa substance par le PS via son antenne SOS Racisme).
- quant au Traité de Marrakech, il s'agit encore une fois d'un traité validé sans consensus démocratique alors qu'il touche un sujet particulièrement sensible à l'heure actuelle (l'immigration). Il était attendu que ça fasse réagir.
Les gilets jaunes drainent bien leur lot de trucs plus ou moins sérieux (je pense notamment à la mention au « moteur à hydrogène non polluant » parmi leurs revendications officielles
)... mais ça ne me semble honnêtement pas si marqué que cela.
Plus qu'une caractéristique propre au mouvement, j'ai l'impression d'y voir surtout de manipulation médiatique. Ces derniers adorent faire le raccourcis [théorie du complot = classe populaire], alors qu'on sait très bien que le complotiste moyen est plutôt un homme jeune ayant fait des études, et que les hommes politiques eux-mêmes ont souvent recours à ces théories (par exemple,
pour se sortir d'un mauvais pas) dans l'indifférence générale.
Chimère a écrit:
vous m'excuserez de penser que la plupart d'entre eux n'a pas fissuré l'atome (ni mis les queues aux cerises comme dirait ma voisine...
).
Et en quoi cela rend-il leur mouvement moins crédible, ou leurs revendications moins légitimes ?
C'est une critique qu'on a entendu très souvent dans les premiers temps du mouvement (un peu moins maintenant), et qui fait écho à la perception extrêmement négative qu'une certaine « élite intellectuelle » a du peuple français : il est beauf, inculte, raciste, complotiste , etc... J'en parlais ci-dessus avec Guillaume Meurice, qui est un bon exemple de ce type de pensée. Du coup, toute revendication de la part du peuple est
nécessairement animée par du poujadisme sous sa forme la plus crasse.
On peut s'intéresser à la façon dont cette même élite intellectuelle a considéré le mouvement Nuit Debout de 2016 : avec bien plus de bienveillance et de mansuétude. Mais il faut dire qu'avec Nuit Debout, on avait affaire à un mouvement très structuré et composé d'étudiants ou de jeunes cadres supérieurs parisiens, du genre qui s'est déconstruit et qui a lu Marx et Bourdieu ; ce n'était pas un regroupement non organisé de prolos mal dégrossis venus tout droit de leur province.
Chimère a écrit:
Alors ok, c'est peut-être compliqué le droit (en fait, ça l'est pas tant que ça : il suffit de savoir chercher sur LégiFrance...
)
... Et ce n'est pas forcément évident pour beaucoup de monde : sans même parler du fait qu'il faut avoir une connexion Internet et un ordinateur, LégiFrance n'est pas un site très sexy, il faut savoir utiliser l'outil de recherche, et surtout, il faut pouvoir lire un texte juridique et le comprendre (ce qui demande réellement un peu d'habitude et une certaine « logique »).
Honnêtement, vu la complexité du système
judiciaire et
politique français, j'ai du mal à en vouloir aux classes populaires de ne pas toujours y comprendre grand chose.
Surtout que l'accès à la justice, les délais, et les possibilités d'assistance ont tendance à se dégrader de plus en plus faute de moyens...