Je l'ai vu aussi. Et quelle tristesse...

L'univers de Ghost in the Shell, pour moi, c'est un futur décrit de façon très réaliste ; des histoires complexes portant sur des complots géopolitiques ou sur les implications psycho-sociales de la fusion de l'homme avec la machine ; et pour les 2 films de Mamoru Oshii (c'est moins le cas pour les séries), une vraie richesse dans l'approche philosophique de la conscience, et un soin particulier apporté aux ambiances avec pas mal d'allusions à la culture et aux spiritualités asiatiques...

Il n'y a rien de tout ça dans le film, qui est une sorte de gros mash-up des scènes marquantes des deux grands dessins animés (Ghost in the Shell et Ghost in the Shell : Innocence), rassemblées à la va-comme-j'te-pousse au sein d'un scénario sans queue ni tête et sans aucune originalité.
Les personnages sont manichéens ou inexistants (le seul qui soit un peu réussi, c'est Batou) ; l'intrigue est archi-convenue (j'arrivais à deviner à l'avance la plupart des scènes, alors qu'habituellement je suis plutôt mauvais à ce jeu-là) et bancale (il y a tellement de choses qui n'ont aucun sens...).
Le seul point positif, c'est qu'il y a quelques belles images... directement tirées des films de Mamoru Oshii. Donc oui, heureusement qu'elles restent jolies, il aurait juste manqué qu'ils les ratent, tiens !

Bref, c'est une version fade et insipide de Ghost in the Shell, complètement expurgée de tout ce qui faisait la force et le côté dérangeant des œuvres originales (et sur ce dernier point, je pense que c'est fait à dessein, il ne fallait pas choquer le frileux spectateur moyen américain).
Et si la controverse sur le whitewashing des personnages m'avait laissé assez dubitatif lorsque j'en avais entendu parler... j'avoue qu'après avoir vu le film, je comprends que cela ait dérangé parce que la manœuvre est assez grossièrement faite.

_________________
Close the world, open the next

Je dois être trop bon public, ou pas assez fan de Ghost In The Shell (bon, comme je le disais : j'ai dû voir les anime quand j'étais à la fac, donc, dans l'absolu... ça commence à remonter... )...
Après, oui, c'est sûr qu'ils sont partis sur autre chose, de probablement plus facile et commercial, c'est clair... mais je pense qu'à un moment, ce sont des compromis difficiles à tenir, surtout lorsqu'il s'agit d'adaptation : techniquement, il faut les moyens de ses ambitions pour un film comme ça, donc, si on va dans le trop pointu, est-ce qu'on rentrera dans ses frais ?
C'est un peu la règle, non pas à Hollywood, mais dès lors qu'on compte faire des films qui font forcément nécessiter un budget important.

Après, ça donne ce que ça donne...
Enfin, au pire, il te reste les versions originales pour te consoler... (j'ai jamais trop compris d'ailleurs pourquoi être déçu d'une mauvaise adaptation : comme si ça "détruisait" la version originale ?... je trouve ça bizarre... )

_________________
Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Ben, parce que les adaptations ciné de trucs pas ciné, c'est bien. Ça permet de voir si le film qu'on se fait dans la tête en lisant (dans le cas de romans) correspond ou non au film que le cinéaste s'est fait dans la tête. C'est rigolo de comparer quand c'est bien fait.
Pour BD et mangas, les médias sont plus proches, mais c'est bien de voir bouger les personnages.
Et si une adaptation est ratée, ben c'est rageant, parce qu'on a attendu pour rien, et parce qu'il n'y en aura pas d'autres, ou alors dans vingt ans.

C'est quand même essentiellement la règle à Hollywood, où les producteurs sont extrêmement frileux et veulent dégager un maximum de cash d'un film... Quitte à ne prendre aucun risque, et à sacrifier toute démarche artistique derrière une œuvre pour faire un produit aseptisé et accessible même au plus abruti des pécores.

On l'a vu à de nombreuses reprises ces dernières années : il y a eu un nombre effroyable de projets confiés à des réalisateurs talentueux, qui ont fini par claquer la porte car ils ne pouvaient pas mener leur film à bien sans devoir justifier la moindre décision et où la production s'imiscait en permanence dans la réalisation. Et ils ont remplacés au dernier moment par des yes men, pour un résultat final souvent médiocre comme on pouvait s'y attendre.
L'autre méthode consiste à éditer lourdement le film en post-production — je crois que tu as vu ce que ça a donné avec Suicide Squad ?

Ce n'est pas un phénomène nouveau (cela a toujours existé à Hollywood, des grands classiques comme Autant en emporte le vent ou Casablanca ont eux aussi dû se faire malgré des contraintes budgétaires) mais j'ai empiriquement l'impression qu'il a pris des proportions inégalées jusqu'à présent.


Ce n'est pas ce que j'ai dit.

Si ce film suscite une grande déception (après un petit tour du net, il semble bien que je ne sois pas le seul), c'est essentiellement parce qu'il est très fade et plein de défauts. Or si le film avait cherché à être plus fidèle à l'esprit des dessins animés, une grande partie de ces défauts auraient été corrigés d'eux-mêmes.
C'est d'autant plus gênant que ces diverses entorses faites à l’œuvre originale ne le sont pas pour des raisons pratiques (porter un dessin animé ou un livre au grand écran demande toujours de faire des adaptations, et parfois des sacrifices, comme ça avait été le cas pour le Seigneur des Anneaux par exemple) mais pour des raisons bien plus mesquines (ne pas perturber le spectateur moyen et faire une production plus facile à commercialiser).

_________________
Close the world, open the next

Pour ce que ça peut apporter au débat, le youtuber Chef Otaku a fait une chronique du film qui, passé ses outrances de langage, est intéressante, surtout en ce qui concerne les enjeux pour les personnages et les grands thèmes :



En gros, si j'ai bien compris le résumé, le dessin animé d'origine posait des questions sur la définition de ce qui fait un être humain, tandis que le remake américain se contenterait de faire évoluer un personnage "amnésique" sur la recherche de son identité.
Ce qui devient, pour le coup, moins ambitieux d'un point de vue philosophique.

Cela dit, je dois avouer que, même après GITS trois ou quatre fois, je n'ai jamais franchement accroché, parce que j'ai toujours du mal à comprendre l'enchaînement scénaristique de l'histoire (alors que je comprends la logique de certaines Youtube poops !)

J'ai l'impression, pour ce que j'ai pu parcourir de critiques, que les critiques les plus dures viennent quand-même de la fan-base de l'anime... pour qui, clairement, le film n'était pas fait, et ce dès le départ je pense. (parce que la critique presse, si elle est parfois mitigée, n'est pas mauvaise non plus, voir même relativement bonne, le papier des Inrocks est plutôt sympa, par exemple... )

Je pense qu'en fait, la déception vient aussi en partie des attentes de fans qui ne sont que très rarement comblées (parce qu'on ne fait pas un film de cette ampleur et à ce coût pour une minorité de gens à fond dans une oeuvre, mais pour le grand public qui ne connait pas cette oeuvre au départ).
Après, forcément, cela "lisse" les aspérités et les points de complexité, c'est un fait... mais je ne suis pas d'accord pour dire que ça fait forcément un film "raté", ça dépend toujours des attentes qu'il y a en face.
Moi je ne m'attendais à rien, sinon à voir un truc joli à regarder, avec une histoire qui passe 2 heures (et j'ai envie de dire : très lucidement, je n'espérais rien de plus... pour tout un tas de raisons, déjà le réal n'a pas forcément fait beaucoup de chose avant etc...), du coup, je n'ai pas été déçue puisque je n'avais pas d'attentes particulières. (et en plus, j'ai fait exprès de ne pas revoir les anime d'origines, déjà par manque de temps, pis aussi parce que je me doutais bien que ça allait me parasiter).

Je dis pas que Ghost In the Shell est un chef d'oeuvre, je dis juste qu'au regard de tous les enjeux qu'il y avait autour, c'est plutôt un bon compromis, et que ça reste un bon film de divertissement, et que, sur le plan visuel en tout cas, il fera date dans le sens où il place la barre un cran au-dessus de ce qui se faisait habituellement pour le même type de films.
Même si je ne sais pas ce que ça aurait pu donner avec un réal avec un peu plus de "métier" aux commandes. (du coup, je pense que ça n'a rien à voir avec ce qui va se passer avec Blade Runner 2049).




Ce n'est pas comparable en fait : à l'heure actuelle, les budgets des films type "blockbusters" hollywoodiens sont clairement disproportionnés, souvent ils passent la barre des 100 millions de dollars... à l'époque, 1 millions de dollars, c'était déjà une super-production (Casablanca est juste en dessous apparemment)...
Autant dire qu'on ne boxe pas dans la même catégorie... (et d'ailleurs, certains professionnels parlent clairement d'un phénomène de "bulle", la question c'est... quand est-ce qu'elle va éclater... )
Sans compter qu'un tel film n'est de toute façon pas rentable si les producteurs comptent sur le seul marché américain...

En tout les cas, il s'agit ici d'un film de compromis, et oui, des compromis en grande partie commerciale c'est vrai, sauf qu'un film de 110 millions de dollars de budget j'ai envie de dire qu'il peut difficilement être autre chose que d'abord commercial. Parce que le cinéma moderne n'est jamais qu'une tentative d'équilibre entre une industrie, du divertissement, de l'art, et du commerce. Quitte à décevoir la petite partie de personnes, qui sur un projet précis, ne voudront pas entendre parler de compromis...

Je pense que si on est pas très lucide sur le fonctionnement des studios hollywoodiens, soit on ne va plus voir ce type de films, soit on prend le risque d'être déçu à chaque séance ou presque...





Je trouve qu'il y a quand-même ça dans le film (ou alors, je sur-interprète ?) : même si ce n'est pas forcément abordé de façon très clair, ça se trouve entre 2 répliques, ou en filigrane, notamment avec les "augmentations" transhumanistes tout ça...





Sauf que, de toute façon, ça n'aura jamais vraiment de rapport...
Mieux vaut partir du fait que ça reste 2 œuvres indépendantes, je pense.




Vu la rapidité avec laquelle certains projets sont "remakés", je crois qu'on peut tabler sur 5 ans...

_________________
Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Bon bon...

Les Gardiens de la Galaxie - volume 2

Les super-héros les plus déjantés de l'Espace sont de retour... et ils n'ont pas changé.
Toujours autant de fun et d'action, de dialogues et de situations à la limite de l'absurde, de blagues potaches...
Bref, pour notre plus grand bonheur, ils ne se prennent toujours pas au sérieux.
Avec un poil plus de profondeur et d'émotions (avec notamment une exploration de la relation entre les 2 sœurs Gamora et Nebula), une ambiance plus sombre, qui ma foi leur réussi...
Et 100 % de Baby Groot dedans.


Life - Origine Inconnue

Pour faire simple, un mélange assumé d'Alien et de Gravity....
L'idée de départ est bonne : inclure une histoire de SF horrifique dans le réel (l'histoire se passe dans l'ISS, plus ou moins à notre époque), et dans la réalité des sentiments et des émotions humaines (avec un casting 5 étoiles). L'ambiance est bien rendue, et l'esthétique plutôt sympa...
Là où le bas blesse, c'est au niveau du scénrio... pas toujours très cohérent. Et la fin, qui aurait pu être un sommet de cynisme et d'effroi est très mal amenée, ce qui fait qu'elle donne surtout l'impression de tomber comme un cheveu sur la soupe...

Bref, après Enfant 44, qui aurait pu être un superbe thriller historique, Espinosa semble être spécialisé dans les projets prometteurs qui auraient pu être des grands films...
(bon, c'est pas que c'est mauvais... c'est surtout que ça aurait pu être beaucoup mieux... )

_________________
Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Get Out

La dernière sensation flippante en date (ça doit faire un mois que j'en entends parler, ça a été le succès surprise de ce printemps) est une première réalisation de Jordan Peele (parrainée par Blum, qui décidément use d'une liberté en matière de production - et donc de création pour ses réalisateurs - que n'ont clairement plus les grands studios) est franchement une réussite.
Une réalisation très aboutie et précise, une ambiance qui monte progressivement, des scènes anodines qui sont de vraies montées d'angoisse, une façon maline de faire prendre la sauce et d'utiliser la sociologie et la question raciale - sujet ô combien crucial et actuel, avec un regard souvent cynique et grinçant.

A l'instar des American Nightmare, mais de façon encore plus poussée et plus intellectualisée, Get Out est une sorte d'hybridation entre les codes du film de genre, et un pamphlet sur les questions politico-sociales qui agitent le monde actuel. Une façon de se faire peur en réfléchissant, ou quand le genre tend un miroir déformant à un journal télé...

_________________
Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

La BA de ce film (Get Out) me met très mal à l'aise. Dans le contexte politique et social actuel... c'est vrai que c'est un peu trop proche des discours qu'on peut entendre, ou sous-entendre, dans l'actualité !
Petite question : Est-ce que c'est un film écrit et présenté comme fantastique, ou Est-ce qu'il se veut strictement réaliste ?

Il n'y a pas d'élément fantastique, non.

Après, je trouve le propos intéressant dans le contexte, ça a un côté pamphlétaire qui n'est pas pour me déplaire.


Sinon...

Le Tunnel

Film coréen (déjà, ça part bien... ), Le Tunnel narre les aventures d'un commercial, prisonnier d'un tunnel écroulé...
Difficile de ranger ce film dans une catégorie : à la fois film d'aventures claustrophobique, suspens extrêmement efficace (attendez vous à ne pas respirer pendant 2 heures), mais en même temps satire sociale, parfois bien acide (notamment avec les médias et autorités politiques), et drame plein d'émotion et d'humanité. On passe du rire aux yeux qui piquent et la gorge qui se serre assez rapidement...
La distribution est impeccable, avec à noter la présence de Doona Bae, actrice que l'on a souvent vue en Occident, notamment chez les Wachowski (la Sonmi du merveilleux Cloud Atlas, c'est elle).

_________________
Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée