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Vos textes préférés. http://paranormal-encyclopedie.com/forum/viewtopic.php?f=17&t=1234 |
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Auteur: | Chimère [ 01 Avril 2010, 20:47 ] |
Sujet du message: | Vos textes préférés. |
Je me disais qu'il y avait un topic sur les peintures, sur les films, sur les livres... Mais pas sur vos poèmes préférés. Bon, pour permettre à tout le monde de participer, si c'est un texte de chanson ( peu importe le genre, et peu importe la langue, pas de raison... ![]() Ceci dit, je pense que tout le monde a été plus ou moins obligé d'étudier et d'apprendre des poèmes à l'école... ![]() Et un petit mot pour expliquer ce qui vous plaît, c'est toujours agréable... ![]() Citer: El Desdichado Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé, Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie : Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie, La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé, Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie. Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ; J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène... Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron : Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée. El Desdichado de Gérard De Nerval ( publié dans Les Chimères... ![]() ![]() |
Auteur: | Herr Magog [ 01 Avril 2010, 21:27 ] |
Sujet du message: | Re: Vos textes préférés. |
Moi j'ai toujours eu un faible pour le célèbre La Conscience de Victor Hugo, surtout pour son dernier passage (quelle puissance !) : Citer: Puis il descendit seul sous cette voûte sombre. Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain, L'œil était dans la tombe et regardait Caïn. J'aime bien aussi le poème Chantre de Guillaume Apollinaire, qui est un des plus cours de la tradition française, avec un seul vers : Citer: Et l'unique cordeau des trompettes marines.
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Auteur: | aigledusud [ 02 Avril 2010, 09:28 ] |
Sujet du message: | Re: Vos textes préférés. |
Citer: Le dormeur du val C'est un trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine, Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Arthur RIMBAUD (1854-1891) Un texte qui m'a marqué étant petit et que je trouve encore aujourdhui magnifique. Sans doute mon préferré. J'aime la douceur des images qui découle de la violence inouie de la guerre. Rimbaud detourne l'horreur d'une scène d'apocalypse pour en faire une scène douce et paisible. Dans le même genre mais en film " La vie est belle" (1997)de Roberto benigni. http://fr.wikipedia.org/wiki/La_vie_est ... film,_1997) |
Auteur: | Soukayna [ 02 Avril 2010, 11:48 ] |
Sujet du message: | Re: Vos textes préférés. |
Mon poème préféré c'est La Loreley de Guillaume Apollinaire. Je l'avais étudié au lycée et ça m'a toujours marquée. La Loreley À Bacharach il y avait une sorcière blonde Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde Devant son tribunal l'évêque la fit citer D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries De quel magicien tiens-tu ta sorcelerie Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège Mon amant est parti pour un pays lointain Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien Mon coeur me fait si mal il faut bien que je meure Si je me regardais il faudrait que j'en meure Mon coeur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là Mon coeur me fit si mal du jour où il s'en alla L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances Menez jusqu'au couvent cette femme en démence Vat-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblant Tu seras une nonne vétue de noir et blanc Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre la Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut Pour voir une fois encore mon beau château Pour me mirer une fois encore dans le feuve Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves Là haut le vent tordait ses cheveux déroulés Les chevaliers criaient Loreley Loreley Tout là bas sur le Rhin s'en vient une nacelle Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle Mon coeur devient si doux c'est mon amant qui vient Elle se penche alors et tombe dans le Rhin Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil Guillaume Apollinaire (1880 - 1918) |
Auteur: | Alecto [ 02 Avril 2010, 11:59 ] |
Sujet du message: | Re: Vos textes préférés. |
Il y a des dizaines de textes que j'aime, surtout en poésie, mais ce poème de Théophile Gauthier me touche particulièrement, car ma grand-mère me le récitait quand j'étais enfant et, surtout, le dernier quatrain, en me disant que bien souvent la vie, comme ce poème, commence bien mais finit mal. J'ai toujours l'impression d'entendre le murmure de l'eau quand je le lis, et la scène idyllique qu'il décrit, en plus de la voix de ma grand-mère. Citer: La source Tout près du lac filtre une source, Entre deux pierres, dans un coin ; Allègrement l'eau prend sa course Comme pour s'en aller bien loin. Elle murmure : Oh ! quelle joie ! Sous la terre il faisait si noir ! Maintenant ma rive verdoie, Le ciel se mire à mon miroir. Les myosotis aux fleurs bleues Me disent : Ne m'oubliez pas ! Les libellules de leurs queues M'égratignent dans leurs ébats ; A ma coupe l'oiseau s'abreuve ; Qui sait ? - Après quelques détours Peut-être deviendrai-je un fleuve Baignant vallons, rochers et tours. Je broderai de mon écume Ponts de pierre, quais de granit, Emportant le steamer qui fume A l'Océan où tout finit. Ainsi la jeune source jase, Formant cent projets d'avenir ; Comme l'eau qui bout dans un vase, Son flot ne peut se contenir ; Mais le berceau touche à la tombe ; Le géant futur meurt petit ; Née à peine, la source tombe Dans le grand lac qui l'engloutit ! Pour faire écho à Herr magog qui cite "la conscience", d'Hugo, je citerais le début de "et nox facta est": Citer: Depuis quatre mille ans il tombait dans l'abîme. Il n'avait pas encor pu saisir une cime, Ni lever une fois son front démesuré. Il s'enfonçait dans l'ombre et la brume, effaré, Seul, et derrière lui, dans les nuits éternelles, Tombaient plus lentement les plumes de ses ailes. Il tombait foudroyé, morne, silencieux, Triste, la bouche ouverte et les pieds vers les cieux, L'horreur du gouffre empreinte à sa face livide. Il cria : Mort ! - les poings tendus vers l'ombre vide. Ce mot plus tard fut homme et s'appela Caïn. J'aime pas mal la poésie classique, mais aussi plus moderne, bien que mon goût s'arrête aux poèmes de Garcia Lorca, qui sont pour moi des sommets d'art poétique. |
Auteur: | Chimère [ 03 Juillet 2010, 21:56 ] |
Sujet du message: | Re: Vos textes préférés. |
Histoire de changer... un peu d'humour, et avec la classe, et un texte qui s'écoute.... ou peut se lire, puisque les Chroniques de la Haine Ordinaires de Pierre Desproges étaient à la base une émission de radio... puis ont été publiés... Et spéciale dédicasse au... pangolin... ![]() |
Auteur: | Ar Soner [ 04 Juillet 2010, 00:16 ] |
Sujet du message: | Re: Vos textes préférés. |
Ah, j'étais complètement passé à côté de ce sujet... Honte à moi. ![]() Je dois reconnaître que je ne suis pas très sensible à la poésie... La plupart des poèmes (surtout ceux qui émanent de la "tradition classique") n'arrivent pas à me toucher. Si je devais cependant choisir quelques textes parmi mes préférés, il y aurait : - les Djinns, de Victor Hugo : (le mot "djinn" étant déjà un pluriel -le singulier étant djinni, on ne devrait normalement pas y mettre de "s"... ) Citer: Murs, ville Et port, Asile De mort, Mer grise Où brise La brise Tout dort. Dans la plaine Naît un bruit. C'est l'haleine De la nuit. Elle brame Comme une âme Qu'une flamme Toujours suit. La voix plus haute Semble un grelot. D'un nain qui saute C'est le galop. Il fuit, s'élance, Puis en cadence Sur un pied danse Au bout d'un flot. La rumeur approche, L'écho la redit. C'est comme la cloche D'un couvent maudit, Comme un bruit de foule Qui tonne et qui roule Et tantôt s'écroule Et tantôt grandit. Dieu! La voix sépulcrale Des Djinns!... - Quel bruit ils font! Fuyons sous la spirale De l'escalier profond! Déjà s'éteint ma lampe, Et l'ombre de la rampe.. Qui le long du mur rampe, Monte jusqu'au plafond. C'est l'essaim des Djinns qui passe, Et tourbillonne en sifflant. Les ifs, que leur vol fracasse, Craquent comme un pin brûlant. Leur troupeau lourd et rapide, Volant dans l'espace vide, Semble un nuage livide Qui porte un éclair au flanc. Ils sont tout près! - Tenons fermée Cette salle ou nous les narguons Quel bruit dehors! Hideuse armée De vampires et de dragons! La poutre du toit descellée Ploie ainsi qu'une herbe mouillée, Et la vieille porte rouillée, Tremble, à déraciner ses gonds. Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure! L'horrible essaim, poussé par l'aquillon, Sans doute, o ciel! s'abat sur ma demeure. Le mur fléchit sous le noir bataillon. La maison crie et chancelle penchée, Et l'on dirait que, du sol arrachée, Ainsi qu'il chasse une feuille séchée, Le vent la roule avec leur tourbillon! Prophète! Si ta main me sauve De ces impurs démons des soirs, J'irai prosterner mon front chauve Devant tes sacrés encensoirs! Fais que sur ces portes fidèles Meure leur souffle d'étincelles, Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes Grince et crie à ces vitraux noirs! Ils sont passés! - Leur cohorte S'envole et fuit, et leurs pieds Cessent de battre ma porte De leurs coups multipliés. L'air est plein d'un bruit de chaînes, Et dans les forêts prochaines Frissonnent tous les grands chênes, Sous leur vol de feu pliés! De leurs ailes lointaines Le battement décroît. Si confus dans les plaines, Si faible, que l'on croit Ouïr la sauterelle Crier d'une voix grêle Ou pétiller la grêle Sur le plomb d'un vieux toit. D'étranges syllabes Nous viennent encor. Ainsi, des Arabes Quand sonne le cor, Un chant sur la grève Par instants s'élève, Et l'enfant qui rêve Fait des rêves d'or. Les Djinns funèbres, Fils du trépas, Dans les ténèbres Pressent leur pas; Leur essaim gronde; Ainsi, profonde, Murmure une onde Qu'on ne voit pas. Ce bruit vague Qui s'endort, C'est la vague Sur le bord; C'est la plainte Presque éteinte D'une sainte Pour un mort. On doute La nuit... J'écoute: - Tout fuit, Tout passe; L'espace Efface Le bruit. En général, je n'aime pas Victor Hugo. Tant le personnage que sa poésie (que je trouve assez lourde et inélégante, en dépit de tout le bien que certains littéraires peuvent en dire) m'insupportent. Les Djinns est un peu à part ; avec sa métrique particulière, c'est presque davantage une musique ou un exercice de style qu'un poème au sens strict. On sent la nuée des djinn qui arrive au loin, elle n'est qu'un murmure ; elle se rapproche, le vacarme va crescendo jusqu'à devenir assourdissant ; puis ils disparaissent dans le lointain et ainsi le bruit... - La Danza de Lua en Santiago (La danse de la Lune à Saint-Jacques de Compostelle), de Federico Garcia Lorca : Citer: ¡Fita aquel branco galán, olla seu transido corpo! É a lúa que baila na Quintana dos mortos. Fita seu corpo transido negro de somas e lobos. Nai: a lúa está bailando na Quintana dos mortos. ¿Quén fire potro de pedra na mesma porta do sono? ¡É a lúa! ¡É a lúa na Quintana dos mortos! ¿Quen fita meus grises vidros cheos de nubens seus ollos? ¡É a lúa! ¡É a lúa na Quintana dos mortos! Déixame morrer no leito soñando con froles dóuro. Nai: a lúa está bailando na Quintana dos mortos. ¡Ai filla, co ar do céo vólvome branca de pronto! Non é o ar, é a triste lúa na Quintana dos mortos. ¿Quén brúa co-este xemido dímenso boi melancónico? ¡Nai: É a lúa, a lúa coronada de toxos, que baila, e baila, e baila na Quintana dos mortos! Le texte est extrait des Poèmes Galiciens -ce qui explique logiquement qu'il ne soit pas écrit en castillan comme c'est le cas de la production habituelle de Garcia Lorca. On perd un bonne partie de la musique des mots en le traduisant, mais juste pour que vous puissiez en comprendre le sens, des traductions en anglais et castillan sont disponibles sur ce site. Comme toujours chez Garcia Lorca, la puissance évocatrice des textes est très forte -c'est quelque chose que je n'ai retrouvé chez aucun autre auteur et que j'apprécie particulièrement chez lui. En quelques mots, il arrive à ciseler toute une ambiance (souvent assez sombre, ce qui n'est pas pour me déplaire)... |
Auteur: | Alecto [ 04 Juillet 2010, 12:07 ] |
Sujet du message: | Re: Vos textes préférés. |
Je vois que nous avons une fois de plus un artiste en commun Ar Soner et moi même. ![]() Mon préféré de Lorca reste "la casada infiel" (la femme adultére), et celui-ci est trés connu, et en castillan, là encore la traduction faisant perdre toute musicalité, je le met en espagnol, je traduirais si vous souhaitez: Citer: La casada infiel
Y yo que me la lleve al río creyendo que era mozuela, pero tenía marido. Fue la noche de Santiago y casi por compromiso. Se apagaron los faroles y se encendieron los grillos. En las últimas esquinas toque sus pechos dormidos, y se me abrieron de pronto como ramos de jacintos. El almidón de su enagua me sonaba en el oído como una pieza de seda rasgada por diez cuchillos. Sin luz de plata en sus copas los árboles han crecido y un horizonte de perros ladra muy lejos del río. Pasadas las zarzamoras, los juncos y los espinos, bajo su mata de pelo hice un hoyo sobre el limo. Yo me quité la corbata. Ella se quito el vestido. Yo, el cinturón con revólver. Ella, sus cuatro corpiños. Ni nardos ni caracolas tienen el cutis tan fino, ni los cristales con luna relumbran con ese brillo. Sus muslos se me escapaban como peces sorprendidos, la mitad llenos de lumbre, la mitad llenos de frío. Aquella noche corrí el mejor de los caminos, montado en potra de nácar sin bridas y sin estribos. No quiero decir, por hombre, las cosas que ella me dijo. La luz del entendimiento me hace ser muy comedido. Sucia de besos y arena, yo me la llevé del río. Con el aire se batían las espadas de los lirios. Me porté como quien soy. Como un gitano legítimo. Le regalé un costurero grande, de raso pajizo, y no quise enamorarme porque teniendo marido me dijo que era mozuela cuando la llevaba al río. |
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