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Dépeceur de Mons: «Aujourd'hui, il ne reste qu'un enquêteur»
C'est ici, dans le contrebas de ce talus le long de la Rue Vandervelde à Cuesmes, que tout a commencé
Il y a tout juste 20 ans éclatait l'affaire du "dépeceur de Mons", suite à la découverte de sacs poubelle contenant les membres de plusieurs femmes. Au cours de l'enquête, ce sont cinq victimes qui ont été identifiées. Certains veulent encore espérer un dénouement de l'affaire.
Trois pots de fleurs fânées le long de la chaussée, en haut d'un talus. Nous sommes le long de la rue Emile Vandervelde à Cuesmes, sur une portion inhabitée surplombant l'arsenal de la SNCB. Ces fleurs, ce sont les vestiges d'un mémorial installé et entretenu par Georgette Leclercq, soeur de Jacqueline Leclercq. Le 22 mars 1997, on retrouvait les membres découpés de Jacqueline en contrebas de ce talus, éparpillés dans 9 sacs-poubelle.
C'était le début de l'affaire du "Dépeceur de Mons", dont on a recensé cinq victimes. Toutes des femmes, âgées de 22 à 43 ans, et qui fréquentaient le quartier de la gare de Mons. Pendant longtemps, Georgette Leclercq s'est battue pour connaître la vérité et entretenait le souvenir de sa soeur, en fleurissant le long de la N544, où pendant longtemps s'érigeaient également des croix agrémentées de photos.
20 ans plus tard, aucune réponse n'a pu être apportée aux proches des victimes: le parquet n'a aucune idée ni sur l'identité du tueur, ni sur son mobile.
Dès lors en 2017, n'a-t-on pas baissé les bras dans une affaire où des milliers de pistes ont été exploitées sans succès? "Du côté de mes clients, certainement pas", affirme Maître Frank Discepoli. L'avocat défend les intérêts des enfants de Carmelina Russo, disparue en janvier 1996, mais identifiée comme victime du dépeceur de Mons qu'en juillet 1997.
L'avocat des enfants Russo poursuit: "les victimes ont des moyens d'action extrêmement limités et n'ont pas d'influence particulière sur l'enquête, si ce n'est de demander des devoirs complémentaires. Mais tout a déjà été fait à l'époque, et comme il n'y a aucun nouvel élément..." Du côté des parties civiles, on est dans une situation de stand by. "L'espoir ne s'est pas envolé, mais nous sommes entrés dans une période de latence".
"On met ça dans un coin de notre tête et un jour viendra où quelqu'un viendra frapper à notre porte avec un nouvel élément. Perdre espoir et considérer que l'affaire est finie, c'est impossible, mes clients sont toujours en quête de la vérité".
De 12 enquêteurs à 1
Cette quête, elle se poursuit aussi du côté du Parquet. Même si la cellule Corpus, créée spécialement pour l'affaire du dépeceur et qui a compté jusqu'à 12 personnes, a été démantelée. Aujourd'hui, il ne reste qu'un enquêteur qui travaille sur le dossier. "La preuve que l'on n'a pas baissé les bras", selon Dominique Francq. Le premier substitut du Parquet de Mons a suivi l'affaire dès le début.
Un dossier qui s'est révélé être un vrai cauchemar pour les enquêteurs: pas d'indices, pas de scène de crime, un mode opératoire inédit en Europe...Après l'analyse de milliers d'indices et de témoignages, toutes les pistes ont mené à une impasse. Que peut-on encore faire aujourd'hui?
"Nous avons chargé l'Institut National de Criminalité et de criminologie (INCC) de ré-analyser, à la lueur des nouvelles technologies, les traces ADN. Mais, imaginons qu'un ADN soit identifié, encore faut-il qu'il soit répertorié pour trouver un éventuel suspect. Nous ne savons donc pas si nous pourrons aller plus loin dans cette enquête".
La dimension hors-norme de ce dossier, Frank Discepoli la reconnaît bien volontiers. Et il n'a pas envie de tirer sur l'ambulance. "Chaque nouvelle piste a été exploitée. Maintenant, il faut se remettre dans le contexte de l'époque, c'est-à-dire sans le matériel technique et les moyens d'investigation que l'on a aujourd'hui. On n'en savait pas autant sur l'ADN et la téléphonie était inexistante. Avec le recul, je n'ai absolument rien à reprocher par rapport à l'enquête qui a été menée. Des mandats d'arrêt ont même été délivrés à des personnes qui au final n'avaient rien à se reprocher".
20 ans plus tard, il reste de cette affaire des tonnes de papier. Plus de mille sous-fardes au Parquet de Mons, quatre cartons contenant une cinquantaine de dossiers chez Maître Discepoli. Et quelques fleurs le long de la rue Vandervelde. Dans l'attente hypothétique de mettre un nom sur le dépeceur de Mons. Il reste 10 ans avant la prescription.
"Dès qu'on voyait un sac plastique, on appelait la police"
Frank Discepoli pense être le seul avocat à avoir été mandaté par des proches de victimes pour se constituer partie civile. "De mémoire, il y a eu constitution de deux parties civiles, et je ne suis même pas sûr que Georgette Leclercq (soeur de Jacqueline Leclercq), a fait appel à un avocat pour la représenter. C'est dommage qu'il n'y ait pas eu de rassemblement des proches de victimes, cela aurait pu nous donner une plus grande force de travail.
Comment l'expliquer? L'avocat avance une hypothèse: "c'était toutes des victimes esseulées, un peu à la dérive. Elles n'avaient peut-être pas de famille derrière. Si elles n'avaient pas de soutien de leur vivant, elles n'en ont pas eu par la suite".
Le profil des victimes a d'ailleurs contribué à toutes les stéréotyper. Certaines ont été taxées, à tort, de prostituées par exemple. Cette volonté de les marginaliser, c'était peut-être aussi une façon de se protéger, pense l'avocat. "Il faut se rappeler qu'à l'époque, il y avait une psychose à Mons. Dès qu'on voyait un sac plastique quelque part, on appelait la police. La population était sous le choc. Du coup, pour se rassurer, les gens ont peut-être eu tendance à marginaliser les victimes, en se disant qu'il ne s'agissait que d'une partie de la population et que rien de tel ne pouvait leur arriver, à eux. C'est un réflexe d'autodéfense que de penser: 'je n'appartiens pas à cette catégorie, je n'ai rien à craindre'. Or, la plupart, voire toutes les victimes ont connu une période de fragilité..."
Le chat et la main qui déclenchent tout
Tout a commencé avec un chat qu'aperçoit Olivier Motte, policier à cheval. Un chat qui joue avec ce qui s'avère être une main. 22 mars 1997, l'affaire commence. Mais le dépeceur sévit depuis plus d'un an...
21 janvier 1996: le bassin de Carmelina Russo, 42 ans, est retrouvé dans l'Escaut, à Château-L'Abbaye dans le Nord de la France. Disparue depuis le 4 janvier 1996 de son domicile à Mons,elle n'est formellement identifiée qu'en juillet 1997 par la justice française.
22 juillet 1996: le buste de Martine Bohn, 43 ans, est découvert dans les eaux de la Haine, au Chemin de l'Inquiétude à Mons.
22 mars 1997: les bras et jambes de Jacqueline Leclercq, 33 ans, mère de famille de 4 enfants,sont découverts en contrebas de la Rue Emile Vandervelde à Cuesmes, dans huit sacs-poubelle. Elle est portée disparue depuis le 22 décembre 1996. Des éléments d'autres femmes sont relevés. Le lendemain, un neuvième sac est découvert.
24 mars: le buste de Nathalie Godart, 21 ans, est découvert au chemin de l'Inquiétude à Mons. Elle est portée disparue depuis le 16 mars 1997,
12 avril: à la rue du Dépôt à Havré, une riveraine découvre deux sacs contenant, entre autres, un morceau de jambe et une tête, celle de Nathalie Godart identifiée par sa propre mère sur base d'un portrait-robot. D'autres parties de son corps (cuisses, bras) étaient découverts le 18 avril dans deux sacs à la rue de Saint-Symphorien à Havré.
18 octobre 1997: le crâne de Begonia Valencia, 37 ans, disparue de son domicile à Frameries depuis juillet 1997, est découvert par un enfant au Chemin de Bethléem à Hyon.
http://www.lavenir.net/cnt/dmf20170321_00977672/depeceur-de-mons-on-n-a-pas-baisse-les-brasUn grand classique (si je puis dire...) des affaires criminelles modernes non-résolues, qui prend 20 ans...
Je trouve, tout de même et à titre très personnel, très léger qu'il ne reste qu'un seul enquêteur, alors qu'il y a tout de même 5 victimes (répertoriées, puisque de part et d'autres de la frontière, certaines affaires ont été à un moment ou un autre rattachées au tueur de Mons, parfois pour être résolues à part, parfois pas... bref, un doute subsiste. Sans parler des victimes pas retrouvées et/ou pas recherchées... surtout quand on voit le peu de parties civiles dans cette affaire, ce qui est assez triste, finalement...
), et que celles-ci ont droit à la vérité et la justice. De même que l'ensemble de la société...
Un petit bout de Wikipédia, histoire d'ajouter quelques hypothèses...
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Les suspects et autres hypothèses
Durant l'enquête plusieurs personnes ont pu être suspectées d'avoir été impliquées dans ces meurtres, mais aucune charge probante n'a été retenue contre elles9 :
Léopold Bogaert dit le « gitan », l’ex-petit ami de Nathalie Godart fut inculpé et libéré quinze jours plus tard. Des analyses ADN ont permis de le disculper.
En 2007, l’arrestation à New York d’un dépeceur suscite l’intérêt : Smail Tulja (alias Dzulric), 67 ans, est soupçonné de deux autres crimes dans son pays d’origine, le Monténégro. Il aurait séjourné en Belgique au moment des meurtres, notamment à Verviers et à Arlon. Mais aucune trace de lui à Mons. Cette piste a alors été abandonnée par les enquêteurs belges.
Les enquêteurs ont également interrogé la base du Shape, le centre de commandement militaire des forces de l'OTAN en Europe située à Casteau, pensant que le dépeceur avait travaillé pour l’OTAN avant repartir dans son pays d’origine.
En février 2010, un médecin montois de 62 ans, Jacques Antoine, est arrêté pour l’agression d’une esthéticienne. Peu avant deux lettres l’accusant d’être le dépeceur, signées par son fils10, avaient été envoyées au juge d’instruction, au procureur et aux policiers11. L'auteur des lettres avançait que son père s'était rendu à de nombreuses reprises à Knokke-Heist entre 1985 et 1995. Commune dont certains sacs poubelles portaient la mention, cependant, l'enquête a démontré qu'il s'agissait d'un lot refusé et donc vendu dans un magasin montois10. Il est également fait mention dans les courriers de la passion pour le docteur Jacques Antoine des armes à feu, alors qu'aucune des victimes du dépeceur de Mons n'a été tuée à l'aide de ce type d'arme10. Il en est de même concernant la voiture de l'intéressé qui ne correspond pas à celle aperçue par un témoin10. Finalement, aucune preuve n’a pu établir qu’il était l’assassin.
L'identité du tueur – pour autant que les meurtres en question soient véritablement l'œuvre d'un seul et même individu – demeure à ce jour inconnue. Il est à noter que depuis le début de l'enquête en 1997 jusqu'en 2010, près de 1000 dénonciations ont été faites.
J'aime beaucoup le "1000 dénonciations"...
Du reste, je pensais aussi faire un topic consacré aux énigmes criminelles en général... après, la question est : est-ce que le sujet a assez d'intérêt pour la collégialité pour vivre ?
Et d'autre part, est-ce qu'on met le "tout venant" dans un topic - pour éviter d'avoir des tas topics avec 2 messages - et les affaires les plus connues chacune avec son topic - pour éviter d'avoir des tas de messages tout mélangés ? - ou est-ce que c'est pas assez intéressant et "dans le cadre" pour faire ça ? (même si, je pense que certaines affaires, au-delà du fait d'être une énigme, touchent à l'histoire, au complotisme etc... )
Je me tâte.... je me tâte...