extrait d'une interview de Madelin par Casaux:
https://www.partage-le.com/2019/08/03/n ... e-madelin/"Mais pour approfondir la question de l’anthropocentrisme, je pense malgré tout que le schéma classique de l’éthique environnementale anglo-saxonne mérite d’être critiqué, car d’une certaine façon, il reproduit le « grand récit » moderne d’une humanité unifiée triomphant de la nature. Il en inverse simplement le sens : il ne le célèbre pas, il le déplore. Pourtant, le dualisme homme/nature qui caractérise en grande partie la philosophie moderne s’accompagne dès l’origine d’une scission, au sein de l’humanité elle-même, entre les individus et les groupes associés à la nature, ou supposés en être restés proches, et ceux dont on suppose au contraire qu’ils s’en sont émancipés. La nature ayant été ontologiquement constituée comme une sphère inférieure que l’humanité est appelée à dominer et à exploiter, c’est en toute logique que la domination de certains groupes d’êtres humains a systématiquement été légitimée au prétexte que ceux-ci étaient plus « proches » de la nature. En d’autres termes, à l’âge moderne, la nature a constitué à bien des égards ce que l’on pourrait nommer la grammaire de la domination. Elle a été le référent sémantique et la source ultime de légitimation idéologique de l’exploitation des groupes « genrés » et « racisés », soit de façon directe, comme lorsque les populations indigènes de la Nouvelle-Espagne étaient désignées comme des naturales, soit de façon indirecte, lorsqu’un groupe spécifique d’êtres humains – souvent les femmes – a été marginalisé en étant associé à l’une des sous-catégories de la nature (le corps, les émotions, etc.).
(...)
Pour résumer tout ça de façon simple, je pense que j’aurais souhaité dire dans le livre qu’un écocentrisme bien compris tient compte de l’humain et de ses intérêts, car l’humain est un vivant parmi d’autres vivants. Et réciproquement, un anthropocentrisme bien compris ne pourrait finalement déboucher que sur un écocentrisme, car les humains ne peuvent survivre et s’épanouir qu’à condition de respecter la communauté des vivants dont ils font partie et sans laquelle ils ne sont rien."
Faut que j’arrête. Ça tourne à la monomanie...