https://www.huffingtonpost.fr/environnement/article/le-semeur-de-van-gogh-asperge-de-soupe-dans-un-musee-de-rome_209831.html


Je me demande ce que vous pensez de l'activisme écologique qui consiste à asperger des œuvres d'art (certes, elles sont derrière une vitre. J'espère qu'ils n'auront pas l'idée de faire pire... ) ?
J'avoue, je comprends l'idée de base... mais j'ai du mal à voir en quoi le message à passer est plus percutant ?
Au contraire, pour moi, le Beau, la Beauté, la poésie etc... c'est bien tout ce qu'il nous reste pour nous consoler un peu, au train où vont les choses... Que la dite Beauté soit naturelle, ou artistique d'ailleurs...

Je ne vois pas de dichotomie fondamentale en fait, entre la préservation d'un patrimoine picturale et celle d'un patrimoine naturel ou de biodiversité... je pense au contraire que comme l'écrivait Dostoïevski, la Beauté sauvera le monde (je pense évidemment à la beauté au sens le plus profond et existentiel)... quand la beauté de quelque chose nous émeut, nous transporte et nous transforme, nous rend meilleur, il est évident que l'on a juste envie de le protéger et de le contempler.
C'est comme lorsqu'on est saisi par la beauté sauvage et pure d'un animal, l'esprit "sain" ne peut pas le tuer. Si on est capable de le faire, c'est une forme de perversion.
Ben là, c'est un peu la même idée. Y'a une sacrée faille perverse dans le raisonnement...

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Je ne défends pas spécialement ce genre d'activisme mais il faut juste rappeler que le choix des tableaux de Van Gogh aspergés (les tournesols, le semeur) se veut avant tout symbolique, et d'un sýmbolisme qui soit compréhensible par tous, ce n'est pas une charge contre la Beauté...après, je ne suis pas sûr moi non plus que cela rende le message plus percutant.

Ce que je saisis de symbole pour Les Tournesols ou Le Semeur... je le saisis moins pour La Jeune fille à la Perle... (ou alors, le lien avec la nature, c'est la perle, justement... ? c'est pas un peu capillotracté ?...)

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Dans le cas de ce tableau, il n'y a aucune visée symbolique, le but est simplement de réveiller brutalement l'attention des gens à l'urgence climatique par un acte transgressif et choquant perpétré à l'encontre d'un objet d'art ultra iconique...t ce genre d'activisme paraît un peu brouillon et un rien puéril mais bon...c'est le côté brouillon et bouillonnant de la jeunesse.

Ça me fait penser aux interventions du mouvement Femen. Montrer ses seins pour dénoncer l'inégalité hommes / femmes, c'est aussi inutile et contre-productif que d'asperger de soupe des œuvres d'art. Ces militants-là ont oublié un truc important : pour mener un combat, il ne suffit pas de faire parler de soi (bien que ça aide, bien sûr). Il faut aussi rallier assez de monde pour faire pression...

Breaking news : j'apprends à l'instant que deux activistes se sont collés la main sur le cadre d'un tableau de Goya, au musée du Prado. Là, ça devient vraiment original comme "intervention" !
https://twitter.com/i/status/1588870863788466176

Pfff. En plus avec l'effet de mode (!!!) on n'est pas sortis de l'auberge.

Mais ça fait bien 50 ans que les scientifiques produisent du contenu démontrant le changement climatique et les conséquences dramatiques qu'il va avoir, et que les militants essayent d'alerter les politiques et de sensibiliser le public en faisant des conférences ou des gentilles actions consensuelles. On n'a jamais parlé autant parlé de ces questions, jamais produit autant de papiers démontrant que les indicateurs sont tous au rouge vif et qu'on est au bord du précipice.

Pourtant, la majorité des gens s'en foutent. Le gouvernement a été condamné pour inaction climatique, mais n'a pas bougé d'un pouce sa politique.

La vérité, c'est qu'il est miraculeux qu'il n'y ait pas dans ce pays de véritable actions violentes ou d'attentats éco-terroristes (et je ne parle pas des manifestations contre les projets de bassines, restons sérieux deux secondes). Les militants sont désespérés, à raison, mais ils arrivent à rester étonnamment pacifiques.

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Close the world, open the next

Je pense que "les gens" en général ne s'en foutent pas en fait.
Je vois pas mal de gens autour de moi (dont moi) qui changent certains comportements : faire attention au chauffage, électricité etc... faire attention à tel ou tel type de consommation (moins de viande, plus de seconde main etc...).
Mais la vérité, c'est que quand tu as un prêt à terminer de payer, un job à temps plein, voire des gosses par dessus le marché... ben tu fais ce que tu peux. Et tout le monde n'a pas une âme de révolutionnaire, ou même de militant... (perso, ramper dans la boue sous les lacrymos, très peu pour moi...).

Et objectivement, se sont "les gens" lambda d'ailleurs que les gouvernements enquiquinent le plus, eux qui payent la facture, au propre comme au figuré. On <ennuie> les smicards parce qu'ils ont des voitures trop vieilles et polluantes, par contre, les plus riches, eux, ils peuvent continuer à prendre des avions à chaque vacances, quand c'est pas des jets privés...

Je trouve que c'est trop facile de dire que les gens s'en foutent en fait... parce que je pense que majoritairement, ils ne s'en foutent pas : ils constatent chaque jour les dégâts, que ça soient à cause des canicules, des sécheresses, de la disparition des insectes etc... Le souci, c'est que quand tu vois des "dirigeants" (au sens large) autoriser une coupe du Monde au Qatar, ou des jeux d'hiver en Arabie Saoudite, ou encore des projets compléments débiles de complexes de luxe dans les campagnes françaises (je pense au truc près de Chambord), tu te dis que ceux qui s'en foutent, ce sont surtout ceux qui ont le pouvoir de décider.

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Ar Soner : Nous sommes bien d'accord. Mais je ne veux pas dire que l'action violente est inutile ! Je veux dire qu'il faut qu'elle ait un sens, pour rallier le plus de monde possible. En ce qui me concerne, des actions contre des usines de fabrication de SUV ou contre des courses automobiles me mobiliseraient plus que de la soupe sur Van Gogh.

Chimère : je pense qu'on peut dire que "les gens" s'en foutent encore trop. En revanche, bien d'accord avec toi sur le fait que ce sont les décideurs qui non seulement s'en foutent, mais en plus vont à l'encontre de ce qu'il faudrait faire.