Chimère a écrit:
D'une part, parce que c'est oublié un peu vite tout les "e" en tout genre (-lexique, comme moi, ou -phasique ou autres qui ont des difficultés plus ou moins grandes avec l'écrit) : je suis incapable de lire un texte en écriture inclusive, c'est simple ça me fiche mal au crâne, je perds le fil, bref, ça m'emmêle les neurones (je suis dyslexique, mais avec une bonne mémoire photographique, donc ça, ça me fout tout en l'air), si bien que je lis 1 ligne à peine et je lâche l'affaire...
C'est un argument que je comprends bien.
N'étant pas dyslexique, il m'est difficile de me figurer l'effort que ça représente de lire un texte en écriture inclusive quand c'est le cas. Quelques remarques toutefois:
- l'écriture, lorsqu'on est dyslexique, pose déjà problème en soi - écriture inclusive ou pas - et nécessite que les enseignants trouvent des solutions adaptées pour le bon apprentissage de la langue. Pour autant, on voit bien que ça n'est pas impossible (en atteste la façon dont tu écris et t'exprimes très bien). Partant de là, je suppose qu'on peut tout à fait imaginer des solutions propres à l'emploi de l'écriture inclusive pour les dyslexiques. Je ne suis pas bien renseignée sur la question mais j'ai déjà vu circuler sur le Web des idées qui font notamment appel à l'emploi de couleurs différentes ou de graisses différentes. J'essaierai d'approfondir et de faire quelques recherches si tu veux.
- Par ailleurs, le document de l'INED souligne à juste titre que "tout changement nécessite un désordre préalable, et des travaux ont montré qu’après un temps d’habituation, ces marquages n’alourdissent pas la lecture". Cf. notamment l'étude de "Gygax et Gesto (2006) [qui] ont démontré que, passé un effet de surprise à la première occurrence d’une rédaction non-sexiste, des étudiant.e.s ne lisent pas plus lentement un texte féminisé et n’ont pas plus de difficulté à le comprendre. Dès la deuxième apparition de la forme épicène ils maintiennent une vitesse de lecture inchangée."
Je présume (mais ce serait à confirmer en effet) que le fait que l'on soit dyslexique ou non ne change pas forcément grand chose à la question dans tous les cas (du moment, encore une fois, que l'on adapte le texte avec les outils adéquats (comme déjà dit: couleur, graisse, etc.).
Citer:
D'autre part, franchement, c'est laid (et pour moi, c'est un critère qui a son importance
)... vous imaginer un poème ou un texte littéraire comme ça ?... ça ressemble à rien... on se croirait dans une administration ou dans une banque...
Déjà que "nénufar" c'est pas chouette, alors là...
Pour le coup, cet argument n'en est pas un pour moi. C'est subjectif. Je pourrais te soutenir tout à fait le contraire ("C'est beau, car c'est le symbole et la représentation écrite de l'égalité entre les sexes") et on avancerait pas d'un iota dans le débat.
Après, bien entendu, tu es tout à fait libre de trouver ça moche!
Mais je suis prête à parier qu'avec l'habitude, tu ne te poserais même plus la question (cf. ce que je disais ci-dessus).
Chimère a écrit:
Après, je n'aime déjà pas qu'on féminise
ma profession, dans
ma signature, je laisse le masculin (et comme j'ai un prénom qui ne laisse aucune équivoque, du moins en français, ça passe)... Pourquoi ? Parce que je
me considère égale à un homme. Pas à côté de, pas différente, égale, et que
mon sexe naturel n'a rien à voir avec
mon travail. Je suis aussi intelligente, aussi forte, aussi tout et n'importe quoi que n'importe quel homme (et même des fois plus...
), et je n'ai pas à signifier que je suis autre chose que moi-même, et me saoule qu'on me renvoie à ma "féminité", je suis moi, point barre..
C'est en effet une certaine vision du féminisme et je la comprends également. Reste que là, tu restes sur
ton ressenti et
ta conception des choses (qui, encore une fois, s'entend tout à fait) mais qu'il faut, je crois, aussi penser plus large. Les effets (pervers) du masculin qui l'emporte sur le féminin dans la langue sont nombreux et vont souvent au-delà de ce qu'on peut imaginer intuitivement. Une nouvelle fois, vous pouvez vous référer aux liens que j'ai donnés plus haut si intéressé·e·s, mais je peux citer, à titre d'exemple,
cet article d'
Usbek et Rica (relayé par Giliane Claire sur FB) qui mentionne une étude démontrant que "plus un pays a une langue dont le genre est lié au sexe, moins il y a de femmes sur le marché du travail": on voit bien ici que l'enjeu dépasse la question des idées et conceptions personnelles de chacun·e sur le féminisme.