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@Ar Soner : j'ai grosso modo la même réflexion que toi (et la réaction épidermique de Chimère à ta remarque illustre celle-ci à merveille).
Je suis contente d'avoir été un cobaye efficace...
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Je me refuse à parler de «mal nécessaire» : c'est un concept idiot qui permet de légitimer tout et son contraire. En revanche, si on se penche un peu sur l'histoire, on s'aperçoit que bien des choses positives n'ont pu être acquises qu'en usant de violence. Est-ce que c'est cool ? Non. Sauf qu'il a quand même fallu en passer par là. La violence, c'est un peu comme une chimio. Pour soigner un rhume, c'est débile et l'homéopathie offrira un bien meilleur ratio efficacité/effets secondaires. Par contre si l'on est face à un cancer, je déconseille de rejeter la chimio d'office, même si les effets secondaires sont réellement affreux.
Encore faudrait-il que le remède ne soit pas pire que le mal...
Quand on voit le nombre de morts inutiles que cela amène... clairement, je ne serais pas du tout rassurée de savoir que mes proches voisins sont armés, mais alors pas du tout. Du coup, ça amène à s'armer soit-même, et c'est un cercle vicieux.
Pour ma part, quitte à me répéter, je ne crois pas qu'on en soit au stade où il ne reste plus d'autre choix que celui de la violence. Même si notre système politique est plus que perceptible et que nos hommes politiques en général ne soient clairement pas à la hauteur de leur tâche (et à mon sens, leur médiocrité est clairement une grosse donnée du problème... bien plus que la question de savoir s'ils sont ou non des dictateurs en puissance. Ils sont juste des "petits hommes" animés des motivations immédiates et matérielles qu'ont généralement les "petits hommes"...), on en est clairement pas rendus à n'avoir que pour seules solutions de faire sauter des préfectures et décapiter des députés...
Je crois qu'on peut encore réussir à dialoguer... pour peu que les parties en présence soient aptes à accepter d'y revenir et à écouter l'autre (et j'ai comme le sentiment que les torts sont actuellement assez partagés en la matière...).
La violence, la colère, si elles peuvent être des réactions de survie sur le moment ne peuvent être élevées en fin en soit. Elles ne mènent qu'à la haine... déjà, on voit que, d'une certaine façon, il y a de la haine dans ce qui motive certains Gilets Jaunes ou autre : la haine des représentants de l'Etat, des représentants de force de l'ordre, la haine des étrangers, la haine des riches (fussent-ils à peine plus riches que soi-même d'ailleurs, il suffit juste qu'ils aient un plus beau téléphone ou une plus belle voiture...) etc... et la haine ne mène à rien de positif, non.
Si on en arrive là, franchement, je ne crois pas qu'il faille s'attendre à des lendemains qui chantent...
Je suis d'accord sur le fait qu'il y a une gradation dans la violence, en même temps... j'y vois le même aveu de faiblesse : on crie ou on frappe quand on a plus de mots... (c'est pour ça que personnellement, je ne discute pas avec des personnes qui montent le ton, et je ne supporte pas les engueulades verbales...)
Mais dans le fond, comme toujours, je crois qu'on se trompe un peu d'ennemi : les Gilets Jaunes ne me semblent être que le symptômes d'un mal plus profond. Pas plus qu'ils ne sont la maladie, ils ne sont le remède... Pour moi, nous sommes dans l'expression d'une crise de civilisation... ça tombe sur la France parce qu'une conjonction de facteurs à fait que, mais dans le fond, c'est une réalité qui s'exprime autrement, et trouvera à s'exprimer autrement, dans la totalité des autres pays du globe... D'une certaine façon, les Gilets Jaunes et l'élection d'un Bolsonaro ou même d'un Trump ne sont que les symptômes d'un même mal... notre civilisation se meurt des mirages d'une économie agressive et consumériste, d'un système matérialiste basé sur la compétition, l'appât du gain et du pouvoir...
De fait, est-ce que des affrontements en France devant des préfectures de provinces ou sur les Champs Elysées sont réellement d'une utilité dans ce contexte ? Non, ils sont juste l'expression d'un mal-être et d'une colère "déviée" (et parfois déviante") de sa cible...
Du coup, j'espère que les gens, tous et de quelques bords qu'ils soient, vont arriver à réaliser non seulement cela, mais qu'aussi la haine qui vient à les animer parfois n'est qu'un mirage qui les coupe d'eux-mêmes, de la vérité, et aussi des autres (haïr quelqu'un, c'est l'illusion de le voir "autre", alors qu'il est son "prochain", son "autre nous-même"...).