Je ne vais décidément pas être originale car je suis, à nouveau, tout à fait d'accord avec tout ce que tu viens d'écrire.

En plus des points que tu soulèves, je me faisais quant à moi la remarque que l'amnésie traumatique avait l'air de survenir principalement quand les victimes étaient des enfants (ici, je parle du seul cas des agressions sexuelles). Je ne suis pas sûre que ce soit aussi fréquent chez les adultes agressé-e-s? Mais je dis peut-être n'importe quoi? Je me base uniquement sur les témoignages lus et entendus ici et là sur la question.

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Titulaire d'un doctorat en fantomologie à Paranormal Sup

Je pense avoir vécu une amnésie post-traumatique - pas aussi violente que celles décrites ci-dessus, mais quand même. J'hésite beaucoup depuis ce matin, mais je vais tenter de la décrire en restant discrète sur les aspects trop personnels.

Mes parents ont divorcé quand j'étais très jeune, et c'est mon père qui a eu la garde de ma soeur et de moi. Papa refusait de parler de Maman ; à mesure qu'on grandissait et qu'on comprenait des trucs, on voulait savoir ce qui s'était passé (d'autant que ma mère, elle, ne se privait pas d'accuser mon père de tous les maux...) mais la famille paternelle ne voulait rien nous dire.

Je crois bien que c'était pendant les révisions du bac : j'étais toute seule chez nous à bachotter. Ha ha, me dis-je un jour, Papa doit bien avoir des archives par ici, non ? Je vais voir !
J'ai trouvé le dossier du divorce. J'ai à peu près tout lu. Y compris une lettre adressée par ma mère à mon père au cours de la procédure, où elle disait noir sur blanc qu'elle voulait bien récupérer la garde de ma sœur, mais pas de moi.
J'ai lu. J'ai tout rangé. J'ai continué à bachotter. Passé mon bac. Vécu ma vie. Je repensais à cette lettre de temps en temps, et c'est à ce moment-là que je me suis complètement éloignée de ma mère (nos relations n'étaient déjà pas super avant...) ; mais je me souviens que j'y pensais avec un certain détachement, comme à une anecdote à peine intéressante. Je ne pense pas en avoir parlé à quiconque ; mais mes souvenirs de l'époque à ce sujet sont assez flous.
26 ans plus tard, dispute avec mon mec de l'époque. Il se met en colère et me sort un truc du genre 'Si tu continues comme ça notre relation se terminera là'.
Je me suis complètement écroulée, et je lui ai tout sorti d'un coup sur ma mère et sa lettre. Je me souviens d'avoir pensé en même temps 'Mais d'où ça vient ce truc ???? Ça ne m'avait rien fait sur le coup ! Pourquoi maintenant ?' On s'est plus ou moins rabibochés, et la relation s'est terminée un ou deux ans plus tard, mais à partir de cette dispute le séisme de cette lettre m'a profondément secouée, comme il aurait dû le faire tant d'années avant. Je n'en suis toujours pas remise 20 ans après.

Drago, j'ai eu un coup au coeur en te lisant...

Si je pouvais (et que tu étais d'accord), je te prendrais dans mes bras.

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Titulaire d'un doctorat en fantomologie à Paranormal Sup

En effet, c'est plus que violent comme histoire.

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée

Oooh, DragoMath

Je suis vraiment désolé pour toi...

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« C'est une paralysie du sommeil. Ou bien un orbe. » (vieille sagesse zététique).

D'ailleurs, pour rester dans la même famille, ma soeur aînée (qui est restée avec ma mère) a eu à peu près la même chose : à l'époque de la séparation et du divorce, elle avait entre 14 et 17 ans, et elle a vécu des choses qu'on ne devrait pas voir à cet âge. Quand on lui pose des questions sur cette période, elle a du mal à répondre : elle dit elle-même avoir occulté ses souvenirs.

Merci Maman !

C'est exactement ce que dit Sarah Abitbol: on dirait bien que le cerveau sait se mettre en "sécurité" quand l'intolérable advient. Ca m'évoque également les témoignages de parents ayant perdu un enfant. Il n'est pas rare qu'ils racontent avoir ressenti, passé le choc de l'annonce, une sorte "d'anesthésie" dans les premières heures du drame. Avec le recul, ils disent souvent que ça leur a permis de survivre à l'indicible...

Je fais quand même une différence entre "ne rien ressentir" pour se protéger et oublier ou occulter complètement un événement (qui peut, ou non, revenir en mémoire par la suite). Quand je dis "différence", il va de soi que je ne hiérarchise pas du tout. Juste que je ne range pas ça tout à fait dans la même catégorie, même si je pense que ça participe clairement d'un même mécanisme.

Drago, si tu as envie de parler, tu sais où se trouve ma boite mp en tout cas.

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Titulaire d'un doctorat en fantomologie à Paranormal Sup

Certains cerveaux, mais pas tous, non ? Yen a aussi qui perdent complètement les pédales et ne peuvent penser à rien d'autre !
Merci pour tes mots gentils, mais ne t'inquiète pas : je sais gérer depuis 60 ans....!

Tu as tout à fait raison, oui! (Bon, je ne suis pas du tout spécialiste de la question mais ta remarque est pleine de bon sens).

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Titulaire d'un doctorat en fantomologie à Paranormal Sup

C'est une vision bien réductionniste et matérialiste de l'humain, je trouve... C'est la personne, qui est en danger, quand l'intolérable advient, pas le cerveau. Le cerveau n'est jamais en danger, lui, sauf évidemment quand il est attaqué par le virus de la méningite, par exemple.