https://www.20minutes.fr/planete/animaux/4132924-20250109-zoos-scientifiques-suggerent-abattre-animaux-adultes-plutot-laisser-vieillirJ'avais vu passer cette infos, sur l'article de "scientifiques", qui considèrent que les zoos devraient, "proprement" éliminer les animaux vieillissants et qui ne se reproduisent plus...
et ça m'avait bien gonflée, pour être polie. J'ai failli posté, pis non...
Et là, le fondateur du zoo belge Pairi Daiza, Eric Domb, a fait une réponse que j'ai trouvé parfaite, donc autant poster cette réponse...
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Dans un article paru récemment, des scientifiques ont avancé une proposition qui glace le cœur : abattre les animaux des parcs zoologiques avant qu’ils ne vieillissent. Leur raisonnement semble implacable :
1. Les animaux en captivité vivent plus longtemps qu’à l’état sauvage, ce qui entraîne des coûts élevés de soins.
2. Les individus âgés ne se reproduisent plus et occupent un espace qui pourrait être « mieux utilisé ».
3. Dans la nature, la mort régule les populations. Ils affirment que les parcs devraient imiter ce processus pour préserver la vitalité des groupes.
Mais appliquer cette « logique naturelle » dans des lieux où nous avons choisi de protéger les animaux, de leur offrir notre amour et nos soins, est un reniement de notre humanité. Cette vision oublie une chose essentielle : chaque vie porte en elle une histoire unique d’attachement, de transmission et de mémoire.
La vieillesse n’est pas une défaillance à corriger. Elle est une victoire de la vie.
Les éléphantes matriarches guident leurs troupeaux vers l’eau en période de sécheresse, parce qu’elles se souviennent des épreuves surmontées des années passées.
Les dauphins âgés jouent un rôle essentiel auprès des plus jeunes lors des chasses, leur enseignant l’art de s’organiser et de collaborer pour survivre.
De nombreuses espèces d’oiseaux montrent aux plus jeunes comment comprendre et utiliser les courants ascendants pour s’élever plus haut et voler plus loin.
Effacer ces anciens, c’est détruire un héritage invisible mais vital.
Par ailleurs, dans un jardin zoologique, nous ne sommes pas dans la nature sauvage, où la faim, la maladie et les prédateurs écourtent les vies sans ménagement. Un sanctuaire, ce n’est pas un océan agité ni une savane sans fin. C’est un refuge, un espace conçu pour que chacun de nos protégés puisse vivre pleinement chaque étape de son existence, même la dernière.
Dans ces conditions, comment pourrions-nous accepter de les supprimer pour « gagner de la place » ou « alléger la gestion » ?
Parler de « gestion des populations » comme si les animaux présents dans les jardins zoologiques étaient des numéros, c’est oublier qu’ils sont des individus capables de créer des liens affectifs profonds entre eux et avec ceux qui leur consacrent leur vie.
Les animaux âgés reconnaissent et apprécient la voix familière de leurs compagnons humains. Ils attendent un geste, un contact. Ce sont des liens réels, patiemment tissés au fil des années. Ces instants d’attachement ne sont pas des idées abstraites : ils sont la preuve vivante que la vie dans un zoo peut être emplie de respect, de confiance et d’amour.
Les parcs animaliers ne sont pas des usines de reproduction. Si nous en faisons des lieux où l’on optimise l’espace en éliminant les aînés, nous trahissons leur confiance et ce qu’ils représentent pour nous. Pas seulement en tant qu’ambassadeurs d’une espèce à préserver, mais en tant qu’êtres vivants aimés et respectés.
Les visiteurs ne viennent pas pour lire des tableaux de chiffres. Ils viennent pour ressentir. Ils viennent pour s’émerveiller et pour aimer. Qui ne connaît Mala, notre vieille et touchante éléphante ? Sa mort, inéluctable, sera un chagrin partagé. Pas par sensiblerie, mais parce qu’au fil des années, des milliers de rencontres ont créé un lien indéfectible entre elle et ceux qui l’ont regardée vivre. Ces scènes de contact gravent en nous des souvenirs indélébiles, parce qu’elles nous rappellent ce qu’est la vie : un miracle qui mérite d’être accompagné, même lorsqu’il ralentit.
Accompagner un animal jusqu’à son dernier souffle, ce n’est pas un luxe inutile ou un caprice sentimental. C’est une promesse tenue. C’est affirmer que la vieillesse n’est pas un « échec », mais un hommage à la vie elle-même.
Nous vivons une époque où la biodiversité s’effondre à une vitesse effrayante. Chaque vie animale porte un poids symbolique immense. Si nous décidons d’écourter la vie des anciens pour « simplifier » la gestion, nous envoyons un message désespérant : celui de la facilité, et non du respect.
Les animaux ne comptent pas les années. Mais ils ressentent la patience, la tendresse et la présence. Et nous, nous devons être capables de leur offrir cela.
Ce que nous faisons pour eux dit qui nous sommes.
https://www.lesoir.be/647433/article/2025-01-10/eric-domb-pairi-daiza-les-animaux-presents-dans-les-zoos-ne-sont-pas-des-numerosPour moi tout est dit dans la dernière phrase : la manière dont nous traitons les animaux, fussent dans un zoo (peu importe ce que l'on pense des zoos), mais aussi la manière dont nous traitons les animaux d'élevage (peu importe ce que l'on pense des élevages) etc..., mais en allant plus loin, la manière dont nous traitons les plus faibles d'entre nous, les plus âgés, les handicapés, dit ce que nous sommes, dit ce qu'est notre civilisation... (et ce n'est pas parce que les actuels "plus forts" dans le système actuel le professent de manière plus ou moins cachées que c'est une bonne chose)
Et clairement, faire des "calculs" avec la vie d'êtres, aussi vivants que nous, ne dit pas grand chose de bon... Une raison qui se veut rationnelle, allant jusqu'au bout de sa logique, oubliant qu'effectivement, ni un animal, ni un être humain, aucun, jamais, même vieux, même malade, même handicapé, n'est un "numéro", un "problème", un "coût", et une négation de l'humanité.
Et ne leur en déplaise, ce n'est même pas une loi de la nature en vérité...
Bref, science sans conscience n'est que ruine de l'âme, on en revient toujours aux grands classiques.
