Bon allez, je m'y colle, j'ai envie.
Mais il faut que je sois honnête : ce papier m'a mise d'assez mauvaise humeur.
Je pense que vous n'apprendrez rien dans mon argumentation, ce sont les inlassables mêmes débats. Mais dans le cas où de nouvelles lectrices et nouveaux lecteurs curieux tomberaient là-dessus, j'ai envie de répondre parce que ça me semble être un peu un cas d'école.
Passées les quelques lignes introductives, l'auteur nous dit d'abord :
Citer:
Déclaration de Luc Dini : « On est bien obligé de prendre en considération le fait qu’il puisse s’agir dans certains cas d’observation d’objets artificiels »
Personne ne dira jamais le contraire. L’émission par cet extrait tente en entrée de nous orienter sur le fait qu’il s’agit de quelque chose d’extraordinaire. Rien ne le prouve hélas.
Et ? Rien ne prouve non plus qu'il ne s'agit pas de quelque chose d'extraordinaire donc un partout, balle au centre, et nous voilà bien avancés... Luc Dini se contente ici de dire qu'il faut envisager l'hypothèse selon laquelle les PAN pourraient être des objets artificiels et il a absolument raison. L'envisager ne revient pas
du tout à l'affirmer et je ne vois pas au nom de quoi il faudrait mettre cette hypothèse sous le tapis au seul motif qu'elle ne convient pas à l'auteur.
Cette remarque a d'autant moins d'intérêt que Luc Dini n'affirme rien. Je trouve même, au contraire, qu'il prend des précautions tout au long de l'interview et qu'il est a mille lieues de discours extravagants. Mais passons...
Citer:
Déclaration du narrateur : « pour ce deuxième épisode j’ai voulu m’intéresser à l’approche scientifique vis-à-vis du phénomène et pour cela j’ai eu le plaisir d’échanger avec Luc Dini, qui est ingénieur aéronautique, mais aussi président de commission Sigma 2 »
Luc Dini n’est pas un scientifique, et il n’y a pas de méthodes scientifiques.
Ici, je suis désolée mais je ne comprends pas le point de l'auteur. C'est quoi pour lui un scientifique ? Est-ce qu'il s'imagine qu'un physicien serait forcément le
seul être compétent pour s'exprimer sur les cas de PAN ? Pour moi, tout est question de complémentarité. Je ne sais pas si l'auteur pense que "les scientifiques" sont des gens en blouse blanche isolés dans leur labo avec leurs éprouvettes mais la réalité est très loin de ça. "Les scientifiques" sont des gens comme les autres, qui se déplacent, échangent, vont en colloque, parlent avec des experts, etc. Les découvertes ne sont jamais le fruit du génie d'une seule et unique personne : il s'agit toujours d'un travail d'équipe/de réseau/de labo. Et au risque d'enfoncer une porte ouverte, "les scientifiques" ne sont pas non plus les seuls à détenir et produire de la connaissance.
Pour ne donner qu'un seul exemple, on pensera à celles et ceux que l'on appelle maintenant "les patients experts", qui sont en fait des malades chroniques ayant appris à vivre avec leur maladie et à la gérer et sur lesquels les médecins s'appuient de plus en plus pour mieux appréhender la maladie et ses effets et, ainsi, mieux soigner leurs patients. Parce que personne ne sait mieux que les malades ce que la maladie fait au corps des concerné-e-s.
Tout comme je ne suis pas sûre qu'un physicien sache ce que ça fait de passer mach 2 quand on est aux manettes d'un avion de chasse (juste pour illustrer).
Là où je veux en venir est que si "des scientifiques" (d'ailleurs lesquels ? de quelle discipline/spécialité ? L'auteur ne le précise pas mais ça aurait été intéressant qu'il nous dise qui, pour lui, aurait l'entière légitimité pour s'exprimer puisqu'un ingénieur en aéronautique semble ne pas trouver grâce à ses yeux) venaient à étudier les PANs sérieusement, ils échangeraient très probablement avec des ingénieurs comme Luc Dini dans le cadre de réunions ou de conférences. Et je n'imagine pas un scientifique digne de ce nom asséner qu'un ingénieur en aéronautique n'aurait rien à apporter sur ces questions. Les recherches sont de plus en plus transdisciplinaires.
Ensuite, l'auteur nous dit :
Citer:
Je rappelle une fois de plus que la méthode scientifique commence par avoir une avoir une idée, basée sur généralement sur l’observation ou une intuition plus ou moins fondée, et que l’on collecte ensuite des données, qui permettent de soutenir son approche. Et que ces données doivent être ensuite partagées et revues par des pairs avant d’être validées.
Mais ici ce n’est pas le cas.
Des déclarations de pilotes ne constituent pas des données exploitables, pas plus que de filmer un écran de RADAR.
Je suis tout à fait d'accord avec les premières lignes du paragraphe. Là où je ne comprends plus rien, c’est quand l'auteur nous dit que des observations/des témoignages/des données radars ne valent rien.
Mais c'est quoi, alors, d'après lui, des données collectées ? En fait, il semble présupposer qu'il faudrait être certain de la fiabilité des données en question avant même de les avoir étudiées. Mais cela n'a aucun sens ? Ce n'est au contraire qu'en étudiant les données que l'on peut savoir in fine si elles valaient quelque chose (par exemple si le témoignage était ou non une méprise et si les données radars étaient fiables).
Je m'arrête ici pour l'instant mais voilà déjà quelques réactions à chaud. J'essaierai de poursuivre un peu plus tard si j'en trouve le temps.
Peut-être suis-je trop arrogante et à côté de la plaque mais ça me donne quand même l'impression que l'on est typiquement ici dans le cas du sceptique qui veut défendre la science mais qui ne sait en réalité pas du tout comment elle fonctionne. Après, peut-être que c'est moi qui dit n'importe quoi et que le type est en fait un scientifique confirmé mais vraiment, j'ai du mal à imaginer que ce qu'il dit ne ferait pas bondir tout scientifique digne de ce nom...
Après, je vous laisse bien volontiers me contredire si vous pensez que c'est moi qui fais erreur.