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Un mystérieux signal radio détecté dans une galaxie voisine
Par Bruno Alvarez
Des astronomes ont détecté treize rafales haute vitesse d’ondes radio provenant de l’espace. Bien que les sources exactes restent inconnues et distantes, elles n’ont jamais été aussi proches de la Terre.
Le télescope canadien CHIME, situé à Okanagan Falls, en Colombie-Britannique (Canada), a détecté de nouvelles ondes radio dans l’espace. Cette vague de treize sursauts radio rapides provenait d’un point situé à 1,5 milliard d’années-lumière de notre planète, explique l’étude publiée lundi 6 janvier par la revue scientifique Nature.
Les sursauts radio rapides, tels qu’ils sont connus par les scientifiques sous le nom de « FRB » (Fast radio burst en anglais), comptent parmi les phénomènes les plus étranges de l’univers. Chaque sursaut ne dure que quelques millièmes de seconde et leur cause demeure une énigme.
Les astronomes ont observé qu’ils se caractérisent par des flashs extrêmement rares et répétitifs. « Ce répéteur », comme ils l’appellent, et ses douze homologues provenaient d’une région de l’espace éloignée d’environ 1,5 milliard d’années-lumière de la Terre. Et ces treize nouvelles rafales ont toutes la fréquence radio la plus basse détectée à ce jour.
L’objet le plus proche jamais vu
« Le FRB est l’un des objets les plus proches jamais vus, et nous supposons qu’il pourrait s’agir d’un objet situé à la périphérie de notre propre galaxie », s’enthousiasme Mohit Bhardwaj. Cet étudiant en doctorat de l’Université Mc Gill de Montréal est le coauteur de l’étude publiée dans Nature, cité par CNN.
Ce signal n’est évidemment pas à distance de vol, mais il est quand même beaucoup plus proche de notre planète que toutes les autres origines de FRB identifiées jusqu’à présent. Il serait en tout cas suffisamment proche pour être étudié à l’aide de nombreux autres télescopes, précise l’astronome.
Cette découverte est inhabituelle, car il s’agit du deuxième signal répétitif à remonter jusqu’à sa source, qui se trouve quelque part dans un coin de l’espace d’une largeur de sept années-lumière.
En 2018 déjà, le télescope canadien CHIME avait, pour la première fois, détecté un FRB de quatre salves extrêmement brèves sur une période d’environ cinq heures. Les chercheurs ont par la suite pointé plusieurs autres télescopes vers le ciel pour déterminer le point d’origine du signal répétitif. En vain jusqu’alors.
Depuis que l’existence de ces ondes radio a été mise en évidence en 2007, elles intriguent les scientifiques. Ces sursauts, extrêmement lumineux, émettent en une milliseconde autant d’énergie que le Soleil en 10 000 ans. Néanmoins, l’étude des FRB n’est pas aisée. Ils sont rarement repérés car extrêmement ponctuels.
Civilisation extraterrestre ?
Plusieurs hypothèses sont évoquées pour leur origine : amas dense, comme un reste de supernova, trou noir, pulsar ou magnétar… Sans qu’aucune n’ait encore jamais été validée. Mais pour les chercheurs, en tout cas, il est « extrêmement improbable » qu’ils soient émis par des civilisations extraterrestres.
Les astronomes ont bon espoir d’en apprendre davantage sur la galaxie hôte de la rafale. Ainsi, ils pourront mieux comprendre l’environnement d’où proviennent les rafales et, en bout de ligne, élucider le grand mystère de ce qui les crée. Étant donné que celle-ci est plus proche que les autres, les astronomes espèrent mieux l’observer à l’avenir.
En attendant, l’équipe d’astronomes qui vient de faire cette découverte rappelle que la compréhension des sursauts radio rapides pourrait aider à en apprendre davantage sur la formation de l’univers. Et de conclure : « Nous continuons à cumuler de plus en plus d’informations, mais comme dans toute science, chaque fois que vous résolvez un mystère, trois autres apparaissent… »
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