Salut par ici,
je me permets de faire remonter ce topic car en allant faire un tour sur PFRN - que je lis toujours régulièrement en « sous-marin » - j’ai découvert un message qui parle de la discussion que nous avons eue ici sur le livre d’Allix. Ayant des choses à en dire, je me permets de m'arroger un droit de réponse et de le faire ici puisque je n’ai plus de compte sur PFRN.
Evidemment, toutes les lignes qui vont suivre n’engagent que moi et je réponds en mon seul nom. J’emploierai donc le « je » systématiquement.
Passé ce préambule, voici donc les passages sur lesquels je souhaitais rebondir.
Il est d’abord dit:
Citer:
J'ai également regretté le fait que l'auteur, fortement influencé par sa propre expérience (et probablement aussi par les travaux qu'il a déjà menés en amont) aborde à plusieurs reprises la question de la vie après la mort comme une réalité absolue et indéniable.
Là-dessus, nous sommes donc d’accord.
En revanche, il n’est pas exact de parler des « travaux » d’Allix: ce dernier n’est pas un scientifique. Il ne s’agit donc pas de « travaux » à proprement parler. En soi, ce n’est pas grave et je ne souligne pas ça juste pour le plaisir d’ergoter. Seulement, ça fait « tilt » quand je lis ça parce que ça démontre bien que la posture d’Allix (qui se plait à parler de « preuves » et de « test ») peut semer la confusion dans l’esprit des lecteurs qui pourraient voir dans son livre autre chose que ce qu’il est réellement. J’y reviendrai plus bas.
Citer:
Je suis toujours surprise de constater la virulence de certaines critiques, surtout lorsque ces mêmes détracteurs ne se sont contentés que d'une lecture partielle, voire n'ont pas du tout lu le livre, basant ainsi leur argumentaire sur leurs seules idées préconçues. Je doute fortement dans ces conditions que l'on puisse considérer ces analyses sous un jour véritablement objectif.
En premier lieu, j’ai essayé d’être honnête dans mon compte-rendu et être honnête, c’était aussi dire que j’avais sauté quelques passages. Mais sauter quelques passages ne veut pas dire être passée complètement à côté de l’objet du livre. On peut très bien avoir une lecture incomplète des choses et s’en faire malgré tout une idée assez juste, en retenir les idées principales et en comprendre la substance. (Sans quoi, plus un seul chercheur en sciences sociales en ce bas monde - c’est peut-être moins vrai en sciences dures? - ne serait capable de faire son travail correctement… uniquement à titre d’exemple).
Par ailleurs, le fait d’avoir passé des lignes ne remet pas en cause les biais qui ont été soulevés (sur ce point, je pense qu’on ne se contredira pas puisque nous sommes d’accord pour dire que des biais, il y en a. Et pas des moindres).
Secundo, il est faux d'écrire que je n’ai basé mes arguments que sur des idées préconçues... Ne serait-ce que parce que je suis ne pas du tout fermée à l’idée d’une vie après la mort. C’est au contraire un sujet que j’aime beaucoup, d’où mon intérêt pour le livre d’Allix. Je n’ai donc pas « d’idée préconçue » sur la question (ou alors, vu mes positions, ce serait plutôt des idées préconçues favorables!).
De ce fait, j'ai l'impression que mon message n'a pas été vraiment lu ou pas entièrement — en tout cas, il n'a manifestement pas été compris.
Dans la discussion, j’ai essayé d’argumenter et de rester factuelle autant que possible, en citant notamment des passages précis du livre. En l’occurrence, j’ai cité les passages qui me semblaient poser particulièrement problème si l’on se situe dans une démarche d’esprit critique, celle là même que l’Encyclo comme PFRN ont toujours prônée.
Ensuite:
Citer:
Il me faut d'emblée préciser que je ne connais pas Stéphane Allix ni au travers de ses émissions, ni au travers de son travail journalistique. C'est donc avec un regard totalement neutre que j'ai abordé et achevé la lecture de ce livre. Je vous préviens, ça risque d'être un peu long.
Je répondrai que c’est à la fois un avantage (le regard neuf et neutre qui est évoqué) et un inconvénient. Car ne rien connaître d’Allix, c’est peut-être justement ignorer des éléments qu’il serait pourtant important de connaître pour pouvoir prendre la juste mesure de son travail. Par analogie, c’est un peu comme si quelqu’un disait avoir lu le programme d’un parti politique avec un regard neuf et neutre, qu’il déclarait ensuite avoir adhéré à ce programme et avoir voté pour le candidat concerné… mais que ce quelqu’un ignorait dans le même temps que ledit candidat, aussi sympa que fût son programme, avait par exemple détourné des fonds pendant 15 ans. Je reconnais que l’analogie n’est pas parfaite, ne serait-ce que parce qu’Allix n’est pas un escroc. Mais je suppose qu’on comprend quand même l’idée?
Puis:
Citer:
Il a notamment été reproché à Stéphane Allix de ne pas avoir mené cette expérience sous la forme d'un protocole rigoureux à caractère scientifique. Ce n'est pourtant pas faute d'en connaître les tenants et aboutissants puisque l'auteur évoque de lui-même en début d'ouvrage des expériences médiumniques réalisées sous contrôle aux Etats-Unis, précisément dans le but d'éliminer tous les facteurs susceptibles d'influencer les résultats. Il lui aurait donc été facile de reproduire ces conditions s'il l'avait souhaité, en s'entourant d'un corpus d'experts à même de diriger les séances. Pourtant ça n'a pas été le cas, ce qui sous-entend que ce n'était vraisemblablement pas l'objectif premier de ce livre.
Je me permets de demander quel est, du coup, l’objectif d’Allix? C’est une question fondamentale dans le débat qui nous occupe. Car si l’on veut rester honnête intellectuellement, on ne peut pas à la fois déclarer apporter une preuve de l’après-vie comme le fait Allix, pour dire dans le même temps qu’on ne souhaite pas mettre en place les protocoles appropriés pour apporter cette preuve.
Inversement, si l’objectif d’Allix est seulement de faire part d’un point de vue et rien d’autre, alors il n’est pas honnête d’appeler son livre « le test » et de parler de « preuves » (on en revient à l’ambiguïté dont je parlais plus haut).
Citer:
Il me semble (et ce ressenti s'est affiné tout au long de ma lecture) qu'il faille donc d'abord considérer "Le test" comme un ouvrage à caractère informatif avant de le voir comme un mémoire purement technique. Dans un tel contexte, il n'y a rien d'étonnant à ce que celles et ceux qui s'attendaient à une méthodologie rigoureusement encadrée soient déçu(e)s du résultat.
Il est fait mention d’un ouvrage « à caractère informatif ». Mais j’imagine que nous serons d’accord pour dire qu’une « information » (ce, peu importe le contexte), pour qu’elle soit pertinente, doit d’abord être démontrée comme vraie? Sans quoi, ce n’est plus une information mais juste une opinion ou une hypothèse. Si c’est une opinion, nous en revenons (encore) à ce que je disais ci-dessus: appeler le livre « le test » et parler de « preuves » n’est pas honnête de la part d’Allix. Et si c’est une hypothèse, alors le « mémoire technique » et la « méthodologie rigoureuse » qui semblent être rejetés, deviennent pourtant indispensables pour éprouver l’hypothèse en question. Bref, je ne vois pas comment sortir de cette impasse sans laisser au placard tout ou partie de son honnêteté intellectuelle.
Citer:
On a également reproché aux différents médiums l'aspect peu concret de leurs visions concernant les fameux objets déposés par Stéphane Allix dans le cercueil de son papa. C'est vrai, l'expérience n'a pas toujours été concluante et l'auteur lui-même n'a jamais caché ce sentiment de frustration inhérent à des réponses qui parfois ne venaient pas. Dans un sens peut-être n'est-ce pas plus mal. Ces réponses auraient obtenu un pourcentage de totale réussite qu'on aurait probablement là aussi trouvé à redire sur le pourquoi du comment elles ont pu émerger...
Oui, « on » aurait probablement trouvé à redire sur le pourquoi du comment ces réponses auraient pu émerger, c’est un fait. Mais se questionner et faire montre d’esprit critique ne me semble pas être une faute en soi. Je trouve au contraire que c’est une bonne chose si on veut espérer toucher un jour du doigt le début du commencement d’une once de « vérité ».
Citer:
Pourtant ce "test" me paraît loin de l'échec complet que beaucoup se sont avancés à affirmer. Là où certains résultats étaient attendus, ce sont parfois d'autres éléments qui sont apparus sans que l'on ait cherché à les solliciter. Des éléments souvent inconnus de l'auteur lui-même et qui ont pu par la suite trouver confirmation après quelques investigations. De manière générale la personnalité du défunt, ses goûts, ses regrets, ses conditions de fin de vie ont toujours et systématiquement été décrits à grand renfort de détails par les différents médiums, avec parfois des récurrences troublantes.
C’est un des grands problèmes de la voyance et de la médiumnité: réécrire l’histoire
a posteriori pour la faire cadrer avec ce que l’on a déjà en tête est toujours plus aisé. C’est la technique - discutable - du Storytelling. Je l’avais mentionnée avec l’exemple du « sable », élément donné par un des médiums dans le livre d’Allix. Lorsque l’on a toutes les données, il est de fait très tentant de relier le « sable » au livre
Le désert des tartares. Mais si on n’avait rien su de l’objet qui était dans le cercueil (en l’occurence le livre), on n’aurait jamais pu trouver la réponse grâce à cette seule indication (le « sable »), car bien trop vague. C’est un peu comme pour les pareidolies auditives. Une fois qu’on est « conditionné » à entendre quelque chose, on n’entend plus que ça. Alors même que ce n’est pas la réalité.
Citer:
On en apprend également beaucoup sur le parcours de vie des six médiums en question, depuis leur enfance jusqu'à l'âge adulte. Nous avons là un échantillon de profils très différents, relatés à travers des histoires personnelles souvent émouvantes. C'est l'occasion de briser certaines idées préconçues sur la médiumnité qui, lorsqu'elle est effectuée avec sérieux et altruisme, nécessite un véritable travail de pédagogue face à des personnes en souffrance et au bord de la rupture. Quels mots trouver quand un père ou une mère menace de mettre fin à ses jours s'il/elle n'obtient pas immédiatement la preuve de la survivance de son enfant ?
Ici, on bascule clairement sur le terrain de l’éthique et c’est un point très important. Selon moi, les médiums n’ont justement pas toujours conscience de ce que leurs actes et paroles peuvent produire sur des parents désenfantés (pour reprendre l’exemple cité). Ou s’ils en ont conscience, j’ai tendance à penser qu’ils prennent généralement la chose avec (beaucoup) trop de légèreté. Car comment déclarer à des gens que l’on communique avec leur enfant décédé, alors même que personne en ce bas monde ne peut, à ce jour, l’affirmer? Je trouve ça dérangeant (ce qui n’engage que moi et n’est qu’une opinion). Autant je n’ai absolument aucun jugement sur les gens en deuil qui consultent des médiums, autant j’avoue avoir déjà plus de problèmes avec l’idée que des « experts » autoproclamés se saisissent d’une terrible souffrance pour distiller un discours qui ne relève d’aucune certitude.
Enfin, et pour conclure. A propos de cela:
Citer:
Pourtant je ne le perçois absolument pas comme une daubasse infamante qui mérite sa place aux creux des fossés de la décharge municipale.
Je ne crois pas que personne ici n’ait employé de tels termes. Il y a clairement une (très grosse) extrapolation des propos qui ont été tenus.