Il y a des choses intéressantes dans ce listing, et d'autres auxquelles je ne souscris pas forcément. Pas mal, pas mal.
Je ne suis pas trop fan du principe de "classification" où l'on fait coller les gens à quelques profils-type. Je dirais plutôt que l'amateur de conspirations rassemble souvent plusieurs des caractéristiques que tu énonces.
Honnêtement, je ne pense pas que le conspirationnisme puisse mener à la folie. Au pire, il servirait plutôt de "vecteur". Quelqu'un de cliniquement paranoïaque l'aura comme support de sa paranoïa, mais ça n'en sera pas nécessairement la cause.
Pour terminer, je dirais que le conspirationnisme est avant toute chose une vision du monde. Une vision qui repose sur la pétition de principe "on nous cache tout". Je ne pensais pas que cela pouvait aller jusque-là, mais j'ai un jour rencontré quelqu'un qui pensait effectivement que "tout est complot" - et c'est pourtant loin d'être un illuminé. Tu as bien remarqué deux choses à cet égard :
- le conspirationnisme est un essai de rationalisation d'un monde que l'amateur de complots ne comprend pas. À l'inextricable complexité des facteurs qui le régissent, il préfère substituer une explication unique, bien plus facile à comprendre. C'est la grande force, et ce qui fait sa popularité. Intellectuellement, il est tout aussi gratifiant de réfléchir à comment relier un événement au "grand complot" que de rechercher les causes réelles de cet événement. Et même plus, peut-être, puisque par définition le complot reste caché, ce qui permet toutes les inférences, sans limite de temps. Et cela reste confortable puisqu'on a la réponse.
- effectivement, la théorie du complot est souvent improductive, ne serait-ce que pour la raison évoquée ci-dessus : elle a plus d'intérêt tant qu'elle reste spéculative. Elle est également appauvrissante (pour l'historien, par exemple), parce qu'elle substitue une cause unique à un large éventail de facteurs explicatifs.