Les projets de construction de véhicules volants miniatures sont une réalité tangible depuis plusieurs années… À plus ou moins long terme, ce qui pourrait apparaître comme une simple mouche évoluant dans une pièce pourrait se révéler être un drone miniature utilisé à des fins de surveillance par l’armée ou encore par le gouvernement.
Pourtant, les obstacles techniques à surmonter (et aussi financiers) semblent suffisants pour que l’on s’accorde à penser que ces potentiels espions d’un nouveau genre ne sont encore qu’un sujet de laboratoire…
Nous sommes en septembre 2007. Une manifestation anti-guerre se tient à Washington. Une militante, Vanessa déclare alors qu’elle aurait vu, au-dessus de la foule, des objets ressemblant à « des sortes de libellules ou de petits hélicoptères ».
Et de clamer que le gouvernement américain aurait mis à profit ces nouveaux micro-espions afin de filmer les manifestants. A-t-elle rêvé ? Il n’est pas aisé de l’affirmer car Vanessa n’est pas seule à avoir scruté ces étranges libellules qui survolaient le cortège lors d’autres manifestations organisées à New York comme à Washington.
Or, si l’on s’en tient au témoignage des intéressés, le comportement de ces êtres volants ne ressemblerait pas à ceux d’insectes usuels. Ainsi, trois manifestants ont décrit, sans s’être apparemment concertés, un comportement de groupe de la part de ces libellules, ce qui ne se produit jamais dans le réel. Du coup, la question a été soulevée : se pourrait-il qu’il y ait eu là des drones miniatures lâchés dans les airs afin de capturer des images des anti-militaristes ?
Comme l’on peut s’y attendre aucune agence gouvernementale américaine n’a revendiqué un tel exploit…
La création d’insectes volants micro-mécaniques (Micromechanical Flying Insect ou MFI) constitue l’un des projets du laboratoire de biométrie de l’Université de Berkeley — lequel s’est rendu célèbre en tentant de faire imiter par un robot le déplacement vertical du Gekko, et ce, depuis mai 1998. Selon Ronald Fearing qui dirige les opérations, l’ambition serait de développer un appareil de 10 milligrammes et d’une envergure de 2,5 cm qui serait capable de maintenir un vol autonome. Le design du MFI est fondé sur des principes biométriques en vue d’obtenir la vitesse de vol exceptionnelle que manifestent les mouches elles-mêmes. Si l’équipe de Fearing dit avoir réussi à actionner une aile à la vitesse de 270 battements par seconde, rien n’indique qu’ils seraient parvenus à faire voler un tel engin.
L’auteur Jean-Jacques Cécile, dans un ouvrage consacré à l’usage potentiel d’un tel robot volant à usage militaire a donné davantage de précisions sur leur constitution : « des feuilles d’acier inoxydable ultra-mince pour la cellule et de Myar pour les quatre ailes. » Celles-ci sont animées par un « micromoteur piézoélectrique composé de cristaux ; ils changent de forme lorsque soumis à un courant électrique. »
Un prototype d’insecte robotique volant réalisé par l’équipe de Ronald Fearing.
Au Dickinson Lab qui est lié à l’Université de Caltech, l’équipe de Michael Dickinson mène des recherches lié au vol des mouches. Le projet appelé Robofly est décrit ainsi : « un équipement technique utilisé afin d’étudier et effectuer des mesures de l’aérodynamisme des insectes ailés ». De telles études sont loin d’être vaines si l’on considère que durant bien longtemps, le vol des insectes n’était pas modélisable mathématiquement. Dickinson se refuse toutefois à nous dire plus sur ses recherches. Pourtant, dans une interview donnée à ScienCentral News, il reconnaît que ses expériences pourraient aider à créer des « robots volants autonomes ». L’Université de Caltech en Californie mène par ailleurs des recherches sur un engin dont le vol serait inspiré de la samarre, ce fruit sec de l’érable qui tombe en tourbillonnant avec un mouvement d’auto-rotation qui freine fortement sa chute. David Lentink de l’Université de Wageningen, Hollande qui mène ces recherches avec le Caltech (Californie, USA) aimerait s’inspirer de ce lent tourbillonnement pour créer un micro-drone dont la sustentation serait exemplaire.
Mouche mécanique Harvard microbiotics - © Robert Wood
Un autre grand laboratoire de recherche sur les insectes robots est le Microrobotics Laboratory de Harvard. Appelés les « micro-véhicules aériens (Micro Air Vehicles – MAV), les MAV ont un poids de 60 milligrammes, et une envergure de 3 centimètres. Pour en fabriquer les composants ultra fins, il a fallu opérer au laser et les plier selon une technique que Robert Wood, qui dirige le laboratoire, compare à celle de l’origami. Au printemps 2007, le MAV a effectué son premier vol. Il est ainsi devenu le premier robot à deux ailes imitant le déplacement d’une mouche capable de s’élever dans les airs avec toutefois une limitation : le MAV était assujetti à une micro-longe qui l’aidait à maintenir une direction droite. Une nouvelle génération inclut un contrôleur interne mais le Microrobotics Laboratory n’a pas encore fait savoir s’il avait réussi à voler.
Un fait demeure : aucun de ces centres de recherche n’est donc en mesure de présenter un insecte volant opérationnel et totalement autonome. En réalité, les chercheurs se doivent d’opérer à des tailles si réduites que l’aérodynamisme classique n’a plus cours.