La souffrance dans le cinéma est souvent exploitée car c’est avant tout quelque chose de très visuel, bien plus que la joie, par exemple.
C’est souvent esthétiquement filmé par ailleurs, « Martyrs », cité au dessus, est un modèle du genre, et à ce stade, c’est de l’art. Dans le même ordre, « Calvaire » est un de mes films préférés, rien que du suggéré, du filmé de loin et flou, mais attention, un aller simple vers la souffrance et la folie, encore plus fort puisqu’on comprend tout à fait ce qu’il se passe, mais rien n’est vraiment montré (la scène de crucifixion est pour moi un grand moment de cinéma). Dans ce type de film, l’horreur de la situation s’accompagne toujours d’une réflexion sur la condition humaine : la souffrance comme vecteur de bonheur comme l’a dit Diogène, comme un moyen d’élévation spirituelle, comme une expression des folies humaines, qu’elles soient le résultat de la société ou de son absence (dans Calvaire, dans Délivrance, c’est l’isolement, la peur de l’étranger qui est exploitée). De plus, il faut bien le dire, ce type de film nous renvoi quand même à notre condition de voyeur dans une société de l’image, du spectacle. On connait tous ces scènes d’accidents de la route terribles, ou les gens ralentissent histoire d’apercevoir du sang ou la personne dans un état grave. Les réalisateurs ne font que jouer sur cela, en permettant finalement d’assouvir les fantasmes morbides de tout un chacun. C’est salutaire, cela permet une évacuation imaginaire. Seules les personnes réellement atteintes de psychopathologies ne font pas la différence entre fiction et réalité.
_________________ Comme ce serait drôle de ressortir parmi ces gens qui marchent la tête en bas ! Les Antipodistes, je crois...
Lewis Carroll in "Alice in Wonderland"
|