Publié le 15/01/2010 10:04 | J.-L. D.-C.
L'étrange cœlacanthe au muséum
Curiosité. L'incroyable fossile vivant fait passer le muséum d'histoire naturelle de l'année Darwin à celle de la biodiversité.



Avec une gueule pareille, pas étonnant que le cœlacanthe se cache dans les profondeurs de l'océan indien. Étrange bestiole en vérité que ce cœlacanthe dont un spécimen est exposé au muséum d'histoire naturelle (35, allées Jules-Guesde). Tout à la fois fossile vivant et espèce menacée (1), donc protégée, ce cœlacanthe-là était le candidat idéal au passage de 2009, année Darwin, à 2010, année de la biodiversité.

Véritable fossile vivant, il n'a que très peu évolué depuis la préhistoire dont il est un survivant. Songez : il frayait déjà à 200 m au-dessous du niveau des océans bien avant la disparition des dinosaures. Souvent considéré comme un chaînon entre les poissons et les reptiles, on croyait le cœlacanthe disparu corps et âme pendant la crise biologique qui marqua la transition entre le crétacé et le tertiaire, sur la fin du mésozoïque, il y a 70 millions d'années. En 1938 : surprise ! le voilà qui pointe sa tronche de poisson frit dans les filets de pêcheurs, sur la côte est de l'Afrique.


Plus proche de la vache que du poisson

Enfin poisson, poisson, c'est vite dit ! « Du point de vue de la classification phylogénétique, il est plus proche de la vache que du poisson. Ce qui ressemble à des nageoires sont en fait des membres », explique ainsi Pierre Dalous, conservateur au muséum. Encore assez méconnu, le cœlacanthe a un faible taux de fécondité : la seule femelle gravide pêchée à ce jour ne portait que cinq embryons. Comment a-t-il alors traversé les âges et pourquoi n'a-t-il pas évolué ? « Pour le trouver il faut descendre à de grandes profondeurs. Il y est tranquille, dans un milieu stable et uniforme où, même s'il a évolué en changeant un peu de morphologie, il n'a eu aucune raison de s'adapter », note Pierre Dalous.

Le spécimen présenté au premier étage du muséum (un moulage est également visible au rez-de-chaussée) mesure un bon mètre et pèse 45 kg. Il a été cédé en 1983 par un médecin narbonnais passionné de plongée sous-marine alors en poste aux Comores. L'histoire dit qu'il soignait et vaccinait bénévolement les populations locales qui, en remerciement, lui offrirent la bestiole.

(1) Pourtant immangeable, le cœlacanthe fait l'objet d'un trafic en Orient où, compte tenu de sa réputation de fossile vivant, sa chorde dorsale se vend à prix d'or pour de pseudo-vertus de longévité.

http://www.museum.toulouse.fr

on croyait le cœlacanthe disparu corps et âme pendant la crise biologique qui marqua la transition entre le crétacé et le tertiaire, sur la fin du mésozoïque, il y a 70 millions d'années. En 1938 : surprise ! le voilà qui pointe sa tronche de poisson frit dans les filets de pêcheurs, sur la côte est de l'Afrique.

Pourquoi donc ?