Elysia chlorotica est un très beau cas d'endosymbiose : les cellules d'un organisme pluricellullaire internalisent un organisme unicellulaire rudimentaire (une bactérie ou une simili-bactérie, le plus souvent) et collaborent avec lui.
Par exemple, dans le cas de notre limace de mer, les chloroplastes issus des algues marines transforment l'énergie solaire en ATP ou en sucres, ce qui permet à la bestiole de survivre en cas de disette. Tandis que les cellules du gastéropode apportent aux chloroplastes des composés (protéines, sucres... ce n'est pas précisé dans l'article) dont ils ont besoin mais qu'ils ne peuvent pas se procurer tout seuls.
Avec le temps, des gènes de chloroplastes se sont transmis au génome de la cellule-hôte... ce qui permet à
Elysia chlorotica de produire naturellement ses propres chloroplastes dans ses cellules.
Mais en fait...
Elysia chlorotica n'a rien inventé du tout de nouveau.
Ainsi les chloroplastes des cellules végétales, qui sont responsables de la réalisation de la photosynthèse, sont eux aussi le fruit de l'endosymbiose entre des plantes primitives et une cyanobactérie qui a eu lieu il y a 1,5 milliards d'années.
Et les animaux ne sont pas en reste : les mitochondries (les organites responsables de la production d'ATP de l'organisme, les "moteurs" cellulaires à l'origine de la respiration) résulteraient également de l'endosymbiose d'une arché-protéobactérie. Ou alors, de l'endosymbiose d'une cellule eucaryote qui avait déjà internalisé des mitochondries... bref, tout n'est pas encore éclairci.
Les mitochondries et les chloroplastes ont d'ailleurs gardé de nombreuses traces de cette endosymbiose. Sous bien des aspects, ils ressemblent à des organismes étrangers à l'intérieur du corps de leur hôte :
- mitochondries et chloroplastes possèdent leur propre ADN, dont le génome est différent de celui de la cellule-hôte. Cependant le génome étranger a été en grande partie assimilé par la cellule-hôte dans son propre génome, il est donc ici réduit à son strict nécessaire.
- mitochondries et chloroplastes ne sont pas produits par la cellule-hôte, mais ils se reproduisent tout seuls comme des grands en se divisant -comme des bactéries ou n'importe quelle cellule. Cependant comme leur ADN est fragmentaire, il est insuffisant et la cellule-hôte pourvoit à certains de leurs besoins en synthétisant des molécules ou des protéines constitutives.
Je trouve tout cela fascinant, en tout cas.
