Exploration de la Lune : les Etats-Unis toujours dans la course, mais avec des robotsPar Rémy Decourt, Futura-SciencesL’annonce de l’abandon du retour sur la Lune tel que le prévoyait le programme Constellation ne signifie pas que les Etats-Unis ont définitivement renoncé à y retourner. Ils ont simplement décidé de le faire autrement et d’attendre que de nouvelles technologies rendent les voyages spatiaux plus sûrs et moins chers.Après l'abandon du programme Constellation et jusqu'à ce que l'homme puisse y remettre les pieds sans devoir dépenser trop d'argent, l’exploration robotique de la Lune se poursuivra avec l’envoi d’orbiteurs et d’atterrisseurs. C’est d’autant plus vrai que les découvertes les plus récentes poussent les scientifiques à repenser complètement l’idée qu’ils s’en font. La détection de traces d’eau pose de nouvelles questions et fait de la Lune un objectif au moins aussi important que Mars. Enfin, la Lune est également vue comme une source potentielle d’énergie pour le siècle prochain.
En effet, l’hélium-3 lunaire pourrait devenir dans le futur le carburant privilégié des centrales nucléaires à fusion contrôlée, un des deux types de réaction thermonucléaire permettant de produire des quantités phénoménales d'énergie avec de faibles niveaux de pollution et de radioactivité. Cependant, la maturité des technologiques ne permet pas d’envisager l’utilisation de cette ressource avant la fin de ce siècle.
Les missions robotiques planifiées par la Nasa pour préparer le retour de l’homme sur la Lune, comme que le prévoyait le programme Constellation, ne sont pas abandonnées. Elles vont se poursuivre et s’intensifier car la Lune et la Station spatiale sont les endroits les plus proches pour tester des technologiques préparant de futures exploration humaines mais qui nécessiteront des sauts technologiques importants.
La face cachée de la Lune présente l’immense intérêt d’être protégée de la cacophonie de nos émissions radio. Un radiotélescope installé là-bas pourrait observer dans toutes les longueurs d'ondes radio presque sans restriction avec la clé des avancées scientifiques très importantes. Ici le concept de l'International Lunar Observatory. © ILO
Une salve de missions lunaires dans les prochaines annéesAujourd’hui, deux missions sont en activité et deux autres en préparation. Lunar Reconnaissance Orbiter, dont les données devaient être utilisées pour préparer le retour de l’homme sur la Lune, et Artemis. Cette dernière utilise deux des cinq satellites de la constellation Themis (chargés d'étudier les aurores boréales et les orages électromagnétiques terrestres). Ils ont été envoyés vers la Lune pour faire ce qu’ils faisaient autour de la Terre de façon à étudier les particules chargées émises par le Soleil.
En 2011, la Nasa a planifié le lancement de Grail, une mission de deux satellites identiques qui ira étudier le champ de gravité de la Lune de façon à mieux comprendre sa structure interne. Ces deux sondes navigueront de conserve autour de la Lune pendant plusieurs mois afin de mesurer son champ de gravité en détail et répondre aux questions sur la façon dont la Terre et les autres planètes du Système solaire se sont formées.
Un an plus tard, l’orbiteur Ladee partira analyser l'atmosphère et la poussière lunaire de façon à déterminer la densité globale, la composition et les variations dans le temps de l'atmosphère et déterminer la densité et la taille des particules de poussière dans l'atmosphère pour la conception des installations lunaires habitées et des robots d'exploration.
Enfin, le projet MoonRise pourrait être sélectionné pour un lancement en 2018. Il s’agit d’une mission qui consiste à poser un atterrisseur dans le bassin Aitken, au pôle sud de la Lune pour y ramasser environ deux kilogrammes d’échantillons que l’on suppose provenir de l’intérieur de la Lune et de les rapporter sur Terre. Leur étude peut nous apporter un nouvel éclairage sur l’histoire de l'évolution de la Lune et de la Terre.
La sonde LRO s'emploie à localiser les ressources naturelles de la Lune qui pourraient être utilisées plus tard. Crédit Nasa