Histoire et conteste.Classique de l’ésotérisme, « chef d’oeuvre de la sorcellerie de village » selon Papus, « Best Seller » de la littérature de colportage, ses deux livres sont incontournables si l’on s’intéresse à la magie et au folklore des croyances campagnardes.
Attribué au savant Albrecht von Bollstädt dit Albert le grand qui fut le maitre de Tomas d’Aquin et fut lui même canonifié en 1931, ces deux livres furent publiés sous leur forme actuelle durant la renaissance.
- 1580 pour le Grand Albert sous le titre de « Livre des secrets d'Albert le Grand sur les vertus des herbes, des pierres et de certains animaux ».
- 1668 pour le Petit Albert « Les secrets merveilleux de la magie naturelle du petit Albert » tirés de l'ouvrage latin intitulé Alberti Parvi Lucii Libellus de mirabilibus naturae arcanis... enrichi de figures mystérieuses, d'astrologie, physionomie... Probablement pour faire « suite » au Grand Albert.
Ces deux livres sont une compilation de textes issus de nombreux auteurs médiévaux anonymes. Seul le premier livre du Grand Albert serait d’Albert le Grand. Parmi les nombreux « auteurs » Paracelse est le plus souvent cité. Traités de médecine, de pharmacologie, d’astrologie, physionomie et de secrets médiévaux, ses deux livres ont un contenu très sage si on les compare aux autres classiques de la sorcellerie que sont le Dragon Rouge, le Dragon Noir et le Grimoire du Pape Honorius.
Leur réputation sulfureuse fut probablement le fait d’une publicité des colporteurs de la fin du XVIIIeme siècle qui vaut au XIXe leur mise à l’index par l’église, qui renforce l’attrait de ces livres. On les achète, on les cache, on les lit en secret et on cherche même à les bénir en les cachant sous l’autel de l’église. Ces livres sont probablement le matériau d’origine de nombre de potions et objets magiques décrits dans les histoires de sorcellerie qu’elle soit présentée comme réelle ou pure fiction. Les ingrédients utilisés dans les cours de potion d’Harry Potter ont encore le parfum des Alberts. Aujourd’hui encore leur réputation et leur rattachement au domaine de la magie, du mystérieux persiste.
Contenu des livres.
Le Grand Albert.Premier livre.
Un traité d’embryologie médiévale décrivant l’évolution du fœtus et les influences astrologiques sur son développement.
Extrait :
« Ayant suffisamment instruit le lecteur du sujet que l’on dit traiter dans ce livre, on croit à propos et même nécessaire d’en venir à l’effet et de commencer cette matière par l’embryon ; il faut pourtant remarquer et savoir que tout homme qui est naturellement engendré, est suivant le sentiment des philosophes et des médecins, formé de la semence de son père et du pur sang de sa mère ; avec cette différence qu’Aristote soutient que le fœtus se forme du seul sang de la mère »Deuxième livre.
Il traite de pharmacologie médiévale, parle d’astrologie, décrit les vertus des organes de nombreux animaux, des plantes, des pierres. A une liste de remèdes aujourd’hui exotiques, de considérations astrologiques on trouve aussi quelques recettes plus « magiques » (Empêcher ou déclencher l’amour, rendre un homme fidèle, faire mourir un serpent, blanchir la peau…).
Extrait :
« La première est de saturne, et s’appelle Offodilius. Son suc est fort bon pour apaiser et guérir les douleurs de reins, et les maux des jambes. On la donne aussi à ceux qui sont incommodés de la vessie. Que si l’on fait tant soit peu cuire sa racine, les démoniaques et les mélancoliques qui la porteront dans un linge blanc seront délivrés, enfin cette même racine chasse les malins esprits des maisons. »Troisième livre.
Encore de la pharmacologie médiévale mais un peu plus sulfureuse. On voit des recettes à basse de fiente, d’insectes, de vers de terre, de salive d’homme, de toile d’araignée. Avec toujours des effets médicaux, cométiques ou plus magiques. Ce livre est probablement à l’origine de l’image classique de la sorcière avec ses potions à base de bave de crapeau et autres ingrédients dégoutants.
Extrait :
« Il n’y a personne qui ne sache que le loup est un animal cruel, qui dévore souvent la chair avec les os ; si l’on prend les os que l’on trouvera parmi cette fiente, et qu’on les pile bien menus, ensuite qu’on les boive avec un peu de vin ; ce breuvage a une vertu particulière et admirable pour guérir sur le champ de la colique, de quelque manière qu’elle soit venue. »
Quatrième Livre
Le premier chapier est un traité de physionomie, croyance qu’une étude quasi scientifique du visage et du corps de quelqu’un révèle son véritable caractère. Il décrit donc quelle forme de nez, de visage, de mains et autre désigne une personne honnête, un menteur, une intelligence.
Le deuxième chapitre traite des jours heureux et malheureux du mois et de la semaine selon un lien aux événements bibliques.
Le troisième et dernier chapitre décrit divers manières de traiter les maladies (humeur maligne) et de préparer les remèdes.
Extraits :
« Les sourcils épais marquent un homme épargnant, secret, sage, fort curieux des belles choses, riche en apparence.
Celui qui a les sourcils long a peu de capacité, et un esprit subtil, il est fort hardi, heureux et un ami sincère et véritable. »
Le Petit Albert.Son contenu est hétéroclite et change suivant ses nombreuses éditions.
On trouve un traité de physionomie. Un autre de chiromancie. Un chapitre parle des talismans et amulettes. Un autre des esprits des quatre éléments. Un peu d’astrologie. Et pêle-mêle de nombreuses recettes et secrets : médicaments, aphrodisiaques, cosmétiques, parfums, vins aux épices, moyen de contrefaire telle ou telle substance, moyen de cultiver des champignons, secret pour découvrir des trésors, techniques agricoles, tromperie et recettes amusantes comme un moyen d’amollir les oeufs avec du vinaigre pour les faire passer dans une bague.
Certaines versions contiennent la recette de la célèbre main de gloire, artéfact magique fabriqué avec une main de pendu qui permet de trouver des trésors et de cambrioler sans risque.
Extrait :
« Pourquoy l’eau des puits est chaude en hyver, et froide en esté ?
Pour ce que tout contraire est coustumier du fuir sont contraire. Le froid donc contraire à chaleur et pernicieux fuyant l’aer tres chaut en esté, de necessité se retire au plus profond de la terre : dont advient que l’eau est refroidie. Au contraire en hyver pourtant que l’aer de dehors est froid, le chaut fuyant au dedant de la terre, illec eschauffe les eaux. Car il n’est permis que deux contraire demeurent ensemble en mesme temps et en mesme lieu. »
« Moyen de détruire les fourmis qui nuisent aux arbres fruitiers.
Pour attirer les fourmis au bas de l’arbre, présentez-leur un morceau de sucre, ou du miel étendu sur un morceau de papier, au bas de cet arbre : elles y accoureront toutes ; faites ensuite au tour un cerce avec de la craye, elles n’oseront jamais franchir cette barrière et vous les écraserez facilement. »
« Pour oster les taches du visage.
Prenez deux once de suc de limon, et deux onces eau de rose, deux dragmes d’argent sublimé, et aussi autant de ceruse, et mettez tout ensemble, faite en maniere d’ongeuent, et en oignez le visage au soir quant vous irez dormir, et au matin quant vous vous leverez oignez-le de beurre, cela et éprouver » (Orthographe d’origine)
Pour conclure on se rend compte qu’actuellement le principal intérêt de la lecture de ces livres réside dans le témoignage historique qu’ils représentent sur la médecine et les sciences médiévales, mais aussi sur les croyances campagnardes de l’ancien temps. Tel ou tel lecteur reconnaitra une recette de grand mère ou une histoire folklorique qu’il a entendu ailleurs. Il n’est pas rare de voir quelques unes des recettes et pratiques issues ou inspirées par les Alberts présenter comme fonctionnelles sur les sites consacrés à la sorcellerie.
Lien :
Grand Albert :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_AlbertPetit Albert :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Petit_Albe ... rimoire%29Albert le Grand :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_le_GrandVoilà un premier essai
Je suis à la recherche d'une iconographie.
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(source wikipédia)
