Rumeur selon laquelle Paul McCartney meurt en 1966 et est remplacé par un sosieLa rumeurPochette de
Beatles for Sale (1964 – soit avant la date supposée de la mort de McCartney) ; Paul McCartney est le dernier à droite (source :
The Beatles Bible)
En 1966 Paul McCartney serait mort dans un accident de voiture le 9 novembre 1966 après avoir quitté une session d’enregistrement de l’album
Sergeant Pepper Lonely Hearts Club Band. Sa mort aurait été tenue secrète et il aurait été remplacé par un sosie. Néanmoins, de nombreux indices dans ce sens aurait été laissés par les Beatles.
OrigineCette idée apparaît de façon sérieuse pour la première fois au sein de l’édition du 17 septembre 1969 du
Times-Delphic, journal de l’Université Drake de Des Moines (Iowa), sous la plume d’un dénommé Tim Harper – lequel dément être à l’origine de cette rumeur, l’ayant d’abord entendu de quelques camarades d’université ; on voit donc que l'origine orale de la rumeur est plus ancienne.
Le 12 octobre 1969 marque le début de l’explosion de la rumeur. Russ Gibb, DJ d’une radio du Michigan, reçoit durant son émission un appel émit par un certain « Tom », appel disant qu’en écoutant à l’envers le «
Revolution 9 » des Beatles la phrase récurrente «
number 9 » (« numéro 9 ») devient «
turn me on, dead man » (ce qui peut être traduit par « fais-moi plaisir, le mort » ou « excite-moi, le mort »). L’un des auditeurs de ce programme, Fred Labour, critique d’art pour le journal étudiant
The Michigan Daily, a l’idée d’écrire pour son journal un canular sur le sujet, mélangeant des indices fournis lors de l’émission citée précédemment avec des inventions de son cru, incluant notamment le nom du supposé remplaçant de McCartney, un certain William Campbell. L’article est publié le 14 octobre sous le titre «
McCartney Dead; New Evidence Brought To Light » (« Mort de McCartney : nouvelles preuves découvertes »).
Suite à cette publication, Russ Gibb a coproduit une émission thématique d’une heure intitulée
The Beatle Plot (« le complot du Beatle »), fournissant à la rumeur un tremplin vers une célébrité mondiale. De nombreux fans des Beatles ont ainsi commencé à scruter attentivement pochettes et vidéos, à écouter scrupuleusement les chansons à l’endroit et à l’envers pour chercher le moindre indice.
IndicesVoici quelques-unes des plus célèbres « preuves » de la mort de McCartney.
Pochette de
Sergeant Pepper Lonely Hearts Club Band (1967) (source :
The Beatles Bible)
Les fleurs jaunes au premier plan représenteraient l’instrument de McCartney (une basse de gaucher). Le «
Lonely Hearts » du tambour deviendrait «
I ONE IX HE DIE » vu dans un miroir, soit «
11 9 he die » (« il est mort un neuf novembre ») ; un pictogramme figurant sur le tambour pointerait sur McCartney. L’arrière de la pochette du disque représente McCartney vu de dos alors que les trois autres sont de face ; représenter une personne de dos est une façon de signifier qu’il s’agit d’un défunt dans certaines cultures. Au sein de l’album enfin, un vers de la chanson «
A Day in the Life » dit «
He blew his mind out in a car » (« il s’est explosé la cervelle en voiture »).
Pochette d’
Abbey Road (1969) (source :
The Beatles Bible)
L’un des arguments les plus souvent utilisés. De gauche à droite sur l’image, George Harrison en vêtements de jean est considéré comme un fossoyeur, Paul McCartney pieds nus (selon une tradition hindoue les morts sont pieds nus au moment de leur crémation), yeux fermés et en habits démodés serait le défunt, Ringo Starr tout en noir serait un proche endeuillé et John Lennon en blanc serait une divinité, un ange ou un prêtre. McCartney, qui est gaucher, tient une cigarette de la main droite. La plaque d’immatriculation de la voiture (une… Beetle) en arrière-plan est LMW 28IF, ce que l’on a interprété comme signifiant «
Living McCartney would be 28 if… » (« vivant, McCartney aurait eu 28 ans si… ») – oubliant au passage que l’année de sortie d’Abbey Road était celle des 27 ans du musicien – ; une autre explication traduisait LMW en «
Linda McCartney Weeps » (« Linda McCartney pleure » ; Linda étant sa femme à l'époque).
De façon plus générale, la moustache que les membres du groupe ont commencé à arborer durant la deuxième moitié de leur carrière a rétrospectivement été vue avec suspicion.
Réaction de l’intéressé Life du 7 novembre 1969, contenant le démenti officiel de Paul McCartney (source :
Beatles History)
Les membres du groupe trouvaient l’histoire plutôt amusante.
Paul McCartney a été interviewé par
Life quelques semaines après l’explosion de la rumeur, rassurant ses fans et démentant sa mort. Les ventes du numéro ont marqué le déclin de la rumeur.
Racine de la rumeurL’histoire a un fond de vérité très ténu. A la date du supposé accident, McCartney n’était pas en Grande-Bretagne et l’enregistrement de l’album mentionné n’avait pas commencé. Néanmoins, McCartney a bien été victime d’un accident de la circulation. Le 26 décembre 1965 il a un accident de scooter sans autres conséquences qu’une dent cassée et une lèvre fendue mal recousue, ce qui l’a amené à se laisser pousser la moustache. De plus, le 7 janvier 1967 sa voiture est impliquée dans un accident ; elle était conduite par un de ses amis (qui n’y est pas mort).
Survie de la rumeurDe nombreux livres et études ont été consacrés au sujet. Notons pour mémoire un article de 2009 publié par
Wired Italia, où un examen comparé de photographies de McCartney avant et après sa supposée mort, effectué par des experts en criminalistique, a abouti au constat selon lequel il n’était pas certain absolument qu’il s’agisse irrévocablement de la même personne.
Pochette de
Paul Is Live (1993) (source :
Wikimedia Commons)
McCartney a bien plus tard parodié la fameuse pochette d’Abbey Road pour un album live qu’il a sobrement intitulé
Paul Is Live (jeu de mot entre «
live » et «
alive »). La plaque de la voiture a été remplacée par « 51 IS », soit « [McCartney] is 51 » (« [McCartney] a 51 ans »).
En conclusion, si la rumeur a connu son pic durant quelques mois de 1969, des références occasionnelles y sont faites dans les médias, notamment de façon humoristique (on en trouve ainsi des mentions dans des œuvres aussi diverses que
Batman ou
Les Simpson).
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