"It's the end, my beautiful friend..." jolie chanson, n'est ce pas ??
chanson un peu désespérée et pas mal délirante mais qui ne nous éclaire pas tellement sur ce que sera notre fin et la fin de notre Monde, si ce n'est sur les tendances suicidaires que peut contenir le message oedipien...
Tombe de Jim Morrisson à Montparnasse
Mais la fin, la vrai fin de notre monde... à quoi va-t-elle ressembler... vraiment ??
La fin de l'Humanité... au delà des vieux délires SF ou cinématographiques de type armagedonnesque (paf, la planète !) qui vont même jusqu'au starbust (paf, la Galaxie !) qui affole et affolera encore longtemps le tout Hollywood... Bien que... bien que le schéma de type "effondrement (en anglais "collapse") semble toujours avoir tenu la corde chez les gens inspirés par la question.
Le thème de l'effondrement de l'Humanité, façon Barjavel (Ravage) ou le monde s'écrase sur lui-même par abus du progrès, ou façon C.D Simak (City) ou l'Humanité se délite à la recherche d'un bonheur qui fera sa perte... cela reste pourtant que de la littérature...
dessin de couverture du roman "ravage"
De l'effondrement de notre Monde, certains ont donc eu la prémonition à l'instar de Salvador Dali, dans son fameux tableau qui imaginait les futures horreurs de la guerre civile et de l'effondrement de son propre pays, que cette fin serait assez terrible. Elle semble pourtant inéluctable et elle avait été décrite de façon minutieuse par un groupe d'individus au tout début des années 70... les fameux compagnons de l'Île de Pâques.
Mais qui sont ces compagnons ? Les membres d'une de ces mystérieuses sectes, façon Dan Brown, qui savent, grâce à de vieux grimoires cachés, comprendre l'avenir de notre civilisation ? ou alors une mystérieuse congrégation qui à l'insu de tous, prépare leurs évasions de notre Terre à bout de souffle, grâce à une intervention divine ou extraterrestre ??
Rien de tout ça, je vous rassure... les compagnons de l'Île de Pâques n'existent pas ou alors uniquement dans l'histoire de l'univers éthéré de nos ondes radios...
Vous avez tous, plus ou moins, entendu parler de l'Île de Pâques (en polynésien Rapa Nui), cette micro civilisation qui, après avoir construit de gigantesques mégalithes anthropomorphes, a fini par s'auto détruire dans des guerres endémiques qui ont ravagé ce petit bout de terre... Au début du XIXème siècle, l'île ne ressemblait plus qu'à un petit bout de terre pelée, alors que tout indiquait que les hommes y avaient vécu de façon brillante, et qu'ils avaient longtemps gardé de nombreuses qualités autant artistiques que techniques, jusqu'à une forme élaborée d'écriture... tellement élaborée qu'à l'arrivée des missionnaires français (autour de 1850), les habitants ne semblaient plus être capables de la déchiffrer.
Statue effondrée de l'île de Pâques
Face à ce constat d'effondrement civilisationnel, le journaliste et homme de radio
Gérard Sire créa donc l'idée d'un groupe dénommé "Les compagnons de l'Île de Pâques" s'organisant clandestinement pour survivre, en prévision de l'inévitable fin de notre civilisation. Il en fera une célèbre émission de radio (sur France-Inter) que ma mère et moi-même suivirent sans en perdre une goutte
Parce que l'Histoire de l'Île de Pâques, cette civilisation qui coupe tous ses arbres, se lançant dans un gigantisme artistique autant magnifique qu'inutile et ravageur, est pour Gérard et ses amis, l'exemple typique du chemin que prend notre "grande" civilisation et la Terre n'est jamais qu'une petite île (sans vouloir reprendre le titre d'une des meilleurs films de SF américains des années 50) au milieu de l'Océan spatial !
Pour s'en convaincre le journaliste va prêcher à la radio son thème favori en narrant l"histoire autant fictionnel que visionnaire des compagnons de l'Île de Pâques. Pour étayer ses dires, il rencontrera de nombreuses personnes qui le convaincront que le monde industriel et technique à l'occidentale, consumériste à outrance, va s'étendre tel une marée sans limite sur l'ensemble de la planète : l'industrialisation de la Chine et son imitation du mode de vie occidentale, puis de tous les autres pays du tiers-monde, jusqu'à l'effacement du bloc communiste face à cette poussée consumériste...
Gérard Sire en 1972
Il faut, à ce niveau de mon récit, rappeler que tout ceci se déroule il y a environ 40/45 ans et que Gérard Sire est décédé en 1977.
Ce qui va amener ce grand monsieur à vouloir convaincre les auditeurs, c'est sa rencontre avec les membres du club de Rome et notamment Alexander King mais aussi avec d'autres gens tels que Roland Moreno (le futur père de carte à puce)... Gérard Sire fut donc, à sa manière un des premiers à dénoncer la course à la croissance mais au-delà du sens politique marxiste tel qu'il était encore présenté dans ces années de contestation post-soixanthuitardes... Il sera suivi par d'autres journalistes tel que Pierre Fournier (le créateur du journal "la gueule ouverte", dont la devise était "le journal qui annonce la fin du monde) ou auteur de BD tel que Jean-Marc Reiser.
Mais que vient faire notre histoire de fin du monde dans tout ça ??? Eh bien, c'est que ces idées purement nées de l'imagination d'un simple journaliste et dialoguiste de films (la plupart de ceux de Jean Yanne) et de ces fameux compagnons vont donner naissance (bien plus tard et après la mort de Gérard Sire et de Pierre Fournier) à une théorie des plus impressionnantes qui soit sur le thème de la fin du Monde :
la Théorie d'Olduvai !
Cette théorie, présentée par Richard Duncan (docteur en ingénierie des systèmes en 1973 à l'Université de Washington) propose d'estimer la Civilisation Industrielle avec un seul et unique ratio : la consommation mondiale d'énergie par rapport à la population, elle aussi mondiale. L'idée principale est que, contrairement aux autres civilisations qui sont apparues et se sont effondrées pour être remplacées par de nouvelles, notre civilisation qui base son progrès par l'industrialisation à outrance sera la dernière de toutes parce qu'elle aura épuisé toutes les ressources (pétrole, charbon, minéraux) qui sont vitales au développement d'une nouvelle civilisation).
Citer:
La théorie est définie par le ratio entre la production (utilisation) mondiale d'énergie et la population mondiale. Les événements sont planifiés. La théorie est simple. Elle stipule que la durée de vie de la Civilisation Industrielle est plus ou moins égale à 100 ans : 1930-2030.
La production mondiale d'énergie a crû entre 1945 et 1973 à une vitesse folle de 3,45% par an. Ensuite, depuis 1973 jusqu'au pic absolu de 1979, elle s'est ralentie à un modeste 0,64% par an. Alors soudainement - pour la première fois dans l'Histoire – la production d'énergie par tête entama un déclin à long terme, de 0,33% entre 1979 et 1999. La théorie d'Olduvai explique le pic de 1979 et le déclin qui s'en suit. Elle explique d'autre part que la production d'énergie par tête retombera à sa valeur de 1930 en l'an 2030, donnant ainsi une durée de la Civilisation Industrielle plus ou moins égale à 100ans.
Source :
http://watd.wuthering-heights.co.uk/fra ... duvai.htmlN'oublions pas qu'il s'agit d'une estimation et que la période peut être plus longue, voire un peu plus décalée... d'ailleurs certains estiment que notre siècle de civilisation consumériste à outrance a commencé avec les trente glorieuses européennes et que la seconde guerre mondiale a ralenti ce processus d'environ 10 à 15 ans, repoussant ainsi la fin du Monde ou plutôt l'effondrement mondial autour de 2045... N'y aurait il pas déjà certains signes ??
Le Pacifique charrie des millions de tonnes d'ordures, la plupart en plastique...
Gisement de sables bitumineux au Canada sur des milliers d'hectares
Champs de culture de palmiers à huile en Indonésie.