Vu Tenet hier, de Christopher Nolan (2020). Disons-le tout net : je n'ai pas aimé. Ou plutôt, je n'ai pas adhéré à ce film, qui se veut être un mélange de film d'action à la James Bond et de film de réflexion à la Inception, et qui, à mon goût, ne fait que singer le pire des deux genres sans en rendre justice à aucun.
Dans le style "James Bond à la petite semaine", on a : un complot mondial ourdi par des méchants très méchants dont les objectifs exacts ne sont pas clairs, un méchant russe joué par un Anglais qui fait mal l'accent russe (ceci étant un de mes Peeves de compagnie, comme on dit en anglais), un héros qui sait tout faire et qui sauve le monde, une jolie fille à secourir, de la camaraderie virile, des voitures qui vroument, des bombes qui boument, etc. Dans le style "film qui fait mal à la tête", on a des retours dans le temps, des boucles temporelles à boucler, des conséquences qui précèdent la cause... Mais ça reste du voyage dans le temps de type "Jourbon", c'est à dire que les actions sont effectuées à l'envers, mais dans l'ordre (contrairement au voyage dans le temps de type "Ruojnob", dans lequel on remonte vraiment le temps).
***
À vrai dire, il y a plusieurs choses que je reprocherais au film. Premièrement, il est confus. On me répondra que c'est normal, vu sa thématique, mais j'avais malgré tout la cruelle impression que Nolan tentait de dissimuler l'indigence de son scenario derrière une façade de surcomplexité stérile, pour forcer les gens à voir le film plusieurs fois.
Deuxièmement, les personnages sont mal caractérisés. Le Protagoniste (qui n'a, à ma connaissance, pas de nom), s'éprend du personnage féminin, mais jamais la moindre alchimie entre eux ne transparaît à l'écran. À vrai dire, on dirait même qu'il passe son temps à l'aider à perte (le Protagoniste parle en bleu et la femme en rouge) : "Ok, je veux bien t'aider, mais en échange présente-moi à ton mari." "Haha je tue mon mari et je compromets ta mission !" "Ok, tu es en danger. Prends cette arme et sois prudente". "Haha je tente de tuer le méchant au pire moment et je compromets ta mission !" "Voici cet objet super rare et dangereux que veulent les méchants. Il ne faut surtout pas qu'il tombe entre leurs mains sinon— oh ! Femme est capturée par les méchants et ils demandent l'objet en échange ! Je ferais mieux de me hâter de le leur donner !" "Haha j'ai compromis ta mission !" "Bon écoute femme, tu tues le méchant, quand on te dit top." "Haha je le tue 10 minutes avant et je manque de compromettre la mission !" (Parlez-moi de personnages féminins forts, déjà ? Elle est encore plus bête qu'une potiche dans un western des années 50).
Troisièmement, les enjeux ne sont pas clairs. "Protagoniste" et son ami joué par Robert Pattinson (ou "Robert Pâtisson", comme ironise toujours ma mère), effectuent diverses missions dont l'intérêt ne me semble jamais clairement explicité. On découvre au fur et à mesure ce qu'ils font mais sans toujours comprendre pourquoi.
Quatrièmement, les pires tropes du monde sont présents. Genre ce dialogue à peu près authentique : Vieille Indienne sage, genre "Q" de James-Bond mais sans les droits d'exploitation : "Protagoniste, vous n'êtes qu'un rouage parmi d'autres. Vous n'êtes rien". Protagoniste : "Non, car je suis... le Protagoniste. Je suis le maître de mon destin". [Échange de regards lourds de sens].
Ou encore : Protagoniste : "Pourquoi ne m'as tu rien dit, mon camarade ? Nous aurions pu tous mourir !" R. Pâtisson : "Ce qui est fait est fait. Le passé... est passé". [Regard intense].
Dans le même genre : Protagoniste : "Ne fais pas ça, mon camarade ! Tu vas te faire tuer !" R. Pâtisson : "Je le dois, car tel est mon destin. Et moi... je crois... au cours du temps". [Regard patriotique et viril].
Bref.
***
Il y avait du bon aussi ! Ce n'est pas un film qui m'ait provoqué du rejet ou de la haine, comme StarWars IX. Je n'ai juste pas adhéré. Pas aimé.
_________________ « C'est une paralysie du sommeil. Ou bien un orbe. » (vieille sagesse zététique).
|