Hello Chimère,
Ton message est un parfait résumé d'un article sur lequel j'étais tombée il y a quelques temps et que j'avais trouvé très intéressant:
https://www.cairn.info/revue-sciences-s ... age-99.htmJe suis tout à fait consciente que les chirs n'ont probablement pas intérêt à être trop "proches" de leurs patient-e-s. Mais comme tu le dis, je pense qu'il y a quand même un juste milieu. La formation en médecine, telle qu'elle est dispensée actuellement, ne prend pas du tout en compte (à ma connaissance) le "savoir-être" des toubibs et et ne leur demande aucune compétence particulière en psychologie. C'est quand même un gros manque qui pourrait être facilement comblé avec une réelle volonté politique.
Ton message soulève une autre question très intéressante à laquelle j'ai pas mal réfléchi ces derniers mois: qu'est-ce qu'un bon chirurgien au final? Beaucoup de gens répondraient assez spontanément, je crois, que l'essentiel est qu'il soit un bon technicien et je comprends parfaitement pourquoi. La raison est évidente: les gens ne veulent tomber sur un boucher-charcutier et mourir sur la table d'opération ou ressortir avec de lourdes séquelles. Mais pour ce faire, je pense qu'ils sont nombreux à être prêts à ce que tout le reste, dont l'attention à la personne, soit un peu sacrifié.
Personnellement (et c'est donc un point-de-vue qui se discute), je pense qu'un bon chirurgien ne peut être vraiment bon que s'il a
aussi la bonne attitude avec son patient. Ce n'est pas un bonus.
J'ai été opérée par deux chirurgiens très différents ces derniers mois. Les deux étaient assez "excentriques", chacun à leur manière, et il y aurait à redire dans l'attitude des deux par moments. Mais il y en a quand même un qui a été plus sympa, chaleureux et un peu moins expéditif que l'autre (même s'il a par ailleurs eu des attitudes limites à certains égards) et ça a beaucoup compté. Ses sourires francs et sa jovialité m'ont fait du bien et m'ont mise en confiance, ce qui n'était pas rien quand on pense aux hostilités qui allaient suivre. Après, techniquement, les deux ont été excellents. Mais j'ai personnellement besoin du supplément d'âme, en médecine comme partout ailleurs. C'est fondamental pour moi.
En gros et pour résumer: dans un monde idéal, je trouve qu'on ne devrait pas avoir à choisir entre "bon technicien" et "médecin sympa/empathique". Les deux me semblent possibles (d'ailleurs ça existe, même si ce n'est pas si courant) et même
devraient être possible (grâce notamment à une formation adéquate).