Encyclopédie du paranormal - Ankou

     Ankou


Personnage annonciateur de mort dans le folklore breton


L'Ankou (en langue bretonne : an Ankoù) est une personnification de la mort, très présent dans les traditions et les croyances de Basse Bretagne.

Il est habituellement représenté sous deux formes :

  • celle d'un homme grand et sec, aux cheveux longs, habillé à la mode bretonne et le visage ombragé par un chapeau à larges bords ;
  • celle d'un squelette vêtu (ou non) d'un linceul ou d'une cape noire. Cette forme est la plus répandue dans l'iconographie traditionnelle ; on notera qu'elle est très similaire à celle de la Faucheuse? des croyances françaises (dont l'Ankou est un peu l'équivalent breton). Dans certains cas, sa tête est décrite tournant sans cesse sur elle-même au sommet de la colonne vertébrale, telle "une girouette sur sa tige de fer", afin qu'aucune mort ne puisse lui échapper.
Statue de l'Ankou dans l'église de Ploumilliau, Côtes d'Armor

Source

D'autres représentations sont des intermédiaires de ces deux formes.

Tout comme la Faucheuse?, l'Ankou tient dans sa main une faux dont la particularité est d'avoir la lame orientée vers l'extérieur, à l'inverse des faux traditionnelles dont le tranchant se situe à l'intérieur. En effet, l'Ankoù ne ramène pas sa faux vers lui (comme le ferait une personne moissonnant la paille ou des céréales), mais il la projette devant lui pour atteindre les personnes auxquelles il ôte la vie.

La tradition orale bretonne insiste sur le fait que l'Ankou n'est pas la Mort elle-même, il ne décide en aucun cas de qui doit vivre ou mourir. Il est l'ouvrier de la Mort (an oberer ar Marv), son travail est donc d'aller récupérer et de rassembler les âmes des personnes qui viennent de mourir.

Pour cela, il parcourt durant la nuit la campagne bretonne sur une charrette (nommée karr an Ankoù ou karrigel an Ankoù), allant de maison en maison pour prendre les âmes des morts.
L'Ankou connaît à l'avance le nom de toutes les personnes qui vont décéder ; les vivants qui ont le malheur de voir cette charrette ou d'entendre son grincement caractéristique (transcrit par l'onomatopée : wig ha wag !) savent donc qu'eux ou qu'un de leur proche est condamné à mourir à courte échéance.
Certaines légendes faisant état d'une charrette invisible pourraient s'expliquer par la présence en Bretagne du crapaud calamite (Bufo calamita), un batracien dont le coassement peut évoquer le grincement d'un essieu mal graissé.

L'Ankou se tient debout dans la charrette. Selon certaines traditions, celle-ci est attelée de deux cheveaux : celui de tête est squelettique et souffreteux, tandis que celui de l'arrière est gras et bien portant.
L'Ankoù est parfois escorté par deux compagnons : le premier tient les chevaux par la bride et dirige l'attelage ; le second marche à côté de la charrette et écarte les obstacles, ouvre les clôtures qui se présentent devant elle. Tous deux entassent également dans la charrette les morts que l'Ankou a fauchés.

L'Ankou guidant les âmes des morts, vue d'artiste

L'identité de l'Ankou est obscure. Selon les sources, il n'y aurait qu'un seul Ankou pour toute la Bretagne et celui-ci serait le premier fils mort-né d'Adam et Eve. D'autres affirment au contraire que chaque paroisse possède son propre Ankou ; c'est le dernier défunt du mois de décembre qui devient l'Ankou de la paroisse pendant une année, jusqu'à ce qu'un autre décédé ne vienne prendre sa place.


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Traduction anglaise : Ankou

Traduction bretonne : an Ankoù, an Anko

Localisation : Basse-Bretagne, France, Europe

Bibliographie :

  • ''La légende de la Mort", d'Anatole le Braz (1893).

Un ouvrage incontournable sur le culte des morts en Bretagne, écrit par l'un des plus grands folkloristes bretons.


Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 15/11/08
Dernière modification : le 19/12/16 à 14:09