Encyclopédie du paranormal - Bunyip

     Bunyip


Créature anthropophage des croyances des aborigènes d'Australie, parfois considéré comme un cryptide



Le bunyip est une créature des croyances des aborigènes d'Australie ; assimilé à un véritable animal inconnu par les premiers colons australiens durant la conquête de l'île, le bunyip est parfois considéré par certains cryptozoologues comme la survivance tardive à l'époque moderne d'un gros marsupial préhistorique.


Origine du nom


L'origine du mot bunyip peut être tracée au dialecte Wergaia des Maligundidj, un groupe aborigène établi dans le Sud-Est de l'Australie. La signification du terme n'a cependant pas été établie.

Le nom a été introduit dans la langue anglaise dans le courant du XIXème siècle. Il a été publié pour la première fois dans la littérature anglaise dans les années 1840. A partir de 1850, "bunyip" était couramment utilisé dans l'argot australien pour désigner un imposteur ou un simulateur, se moquant ainsi des aborigènes qui décrivaient le bunyip comme un animal terrible alors que personne ne l'avait jamais vu.
Bunyip aristocracy était une expression satirique inventé par le politicien Danien Deniehy, pour se moquer de la volonté de certains notables australiens de recréer dans les colonies une noblesse héréditaire et une Chambre des Lords similaire à celle des britanniques. Deniehy défiait un quelconque naturaliste de vouloir classer cette nouvelle espèce de noble !


Une peinture anonyme de 1935 représentant une version très fantaisiste du bunyip


Suite à son succès dans la langue anglaise, le terme bunyip s'est également répandu auprès des aborigènes de toute l'Australie... y compris chez ceux qui connaissaient déjà le monstre dans leurs croyances et qui possédaient déjà un mot dans leur dialecte pour la désigner. Bunyip est souvent traduit par devil ("diable") ou evil spirit ("mauvais esprit") par les aborigènes actuels.

Une ville et une rivière de l'état de Victoria portent le nom de Bunyip en référence à la créature.


Le bunyip dans les croyances aborigènes


Le bunyip est similaire à d'autres croquemitaines décrit dans les traditions orales de nombreuses cultures aborigènes à travers l'Australie. L'écrivain Robert Holden a ainsi pu identifier 9 variations régionales du mythe du bunyip dans les croyances aborigènes. Le mythe semble être principalement connu dans l'Est et le Sud de l'Australie (régions de Nouvelle-Galles du Sud, Victoria, et sud du Queensland, de l'Australie Occidentale et de l'Australie Méridionale), et n'a pas été répertorié dans les autres régions de l'île.

Les descriptions du bunyip et ses mœurs supposées varient considérablement selon les histoires, parfois même au sein d'un groupe aborigène. De manière générale, comme le notait l'auteur Robert B. Smyth en 1878 :

« En vérité, les noirs [NdlR : aborigènes] ne connaissent que peu de choses sur sa forme, son apparence ou ses habitudes ; ils semblent en avoir une telle crainte qu'ils ont été incapable de noter ses caractéristiques. »

L'explorateur George French Angus notait de la même façon en 1847 que le bunyip était très craint par les Moorundi qui le décrivaient comme un "esprit de l'eau" vivant dans la rivière Murray ; les aborigènes avaient cependant du mal à le décrire, et ils le dépeignaient le plus souvent comme une étoile de mer gigantesque.

Il y avait toutefois un consensus chez les aborigènes sur le caractère anthropophage et le plus souvent nocturne de la créature ; selon certaines histoires, seuls les femmes et les enfants risquaient de se faire dévorer par le monstre. Plusieurs légendes mentionnent également le cri terrorisant produit par le bunyip ; d'autres mentionnent qu'à la façon d'une sirène, le bunyip avait le pouvoir d'attirer irrésistiblement ses victimes à lui et de les pousser à se jeter à l'eau.

L'une des plus célèbres légendes à propos du bunyip a été recueillie dans les années 1870 par James Dawson dans la réserve aborigène de Framlingham (Victoria). Elle raconte comment un jeune homme désobéit à son frère et alla s'aventurer seul dans un marais pour y ramasser des œufs de cygne. Le jeune homme fut emporté par un vague gigantesque qui l'amena dans le nid d'un bunyip ; le bunyip le prit dans sa bouche et s'éleva si haut que son grand frère put le voir. Ce dernier mit le feu à un morceau d'écorce, et il se présenta devant le monstre en lui demandant de lui rendre son frère ; le bunyip le recracha, mais le jeune homme était malheureusement déjà mort.


Un bunyip attaquant une aborigène, gravure de 1890


Le bunyip n'a a priori jamais été représenté dans l'art aborigène, ce qui a été expliqué de différentes façons : peut-être par crainte superstitieuse du monstre, ou pour les partisans de son existence, parce qu'il était très rare et n'avait jamais pu être observé de près. Certains auteurs ont cru reconnaître le bunyip dans des peintures rupestres aborigènes représentant des créatures fantastiques, mais il n'existe pas de liens ni de tradition permettant d'effectuer une telle association.

La seule exception concerne le bunyip de Chaliccum : sur les berges de la crique Fiery, à proximité de l'actuelle ville d'Ararat (état du Victoria), il était possible d'observer jusqu'à la fin du XIXème siècle une sculpture aborigène monumentale représentant un bunyip. Elle était située à l'endroit-même où, selon la tradition, une bunyip avait un jour tué un homme aborigène avant d'être abattu à coup de lances. En souvenir de l'évènement, les aborigènes Djapwurrong avaient conservé la silhouette de la créature en plantant des lances tout autour d'elle dans le sol et en y enlevant l'herbe ; la sculpture mesurait près de 9 mètres de long pour 3 mètres de large.
Les aborigènes se rendaient chaque année sur ce lieu sacré pour l'entretenir mais, suite aux bouleversements liés à l'arrivée des colons occidentaux, la tradition s'est perdue et le nature a repris ses droits sur le site. Le bunyip de Challicum n'existe plus de nos jours, et la seule image dont on dispose de lui est une série de dessins pris dans les années 1850.


Deux dessins de la moitié du XIXème siècle représentant l'emplacement (en haut) et la silhouette (en bas) du bunyip de Challicum


Le bunyip et les colons australiens

Impact sur la culture australienne

Lorsque les premiers colons occidentaux s'installèrent en Australie au cours du XIXème siècle, l'île était un pays mystérieux dont la majeure partie était encore inexplorée. La faune endémique australienne était également très mal connue, ce qui favorisait les spéculations et les rumeurs. Le bunyip des légendes aborigènes est ainsi passé auprès des colons pour un véritable animal non identifié par la science, une créature étrange de plus au sein de l'exotique faune australienne ! Les cris et les apparitions furtives d'animaux étaient ainsi souvent attribués au bunyip.

Il a également été avancé que le folklore des colons européens, comme la tradition du púca et du kelpie chez les Irlandais et Ecossais, avait alimenté les superstitions autour du bunyip.

Loin d'être un simple phénomène populaire, les autorités ont parfois pris au sérieux la question du bunyip : des battues furent ainsi organisées en 1890 par une équipe du zoo de Melbourne, pour retrouver un bunyip signalé dans la région d'Euroa (état du Victoria).

Buynip boot polish, un cirage à chaussure ayant pris le bunyip comme emblême

Le bunyip a été occasionnellement utilisé par les colons comme un croquemitaine pour dissuader les enfants de s'aventurer seul dans le bush. De nos jours, son image maléfique s'est atténuée ; la créature est souvent utilisée dans les livres pour enfants (tel le personnage Alexander Bunyip inventé en 1972 par l'illustrateur Michael Salmon) ou comme mascotte pour des produits australiens ou des lieux touristiques.


Témoignages et observations

La majeure partie des témoignages de supposés bunyip furent rapportés au milieu du XIXème siècle, alors que les colons commençaient à réellement s'implanter et à s'approprier le territoire. La plupart proviennent des régions du Sud-Est de l'Australie (Victoria, Nouvelle Galles du Sud, Australie méridionale), où la tradition du bunyip trouve son origine et est la plus vivace.

Le premier témoignage attribué au bunyip remonterait à 1801 : plusieurs membres de l'expédition du français Nicolas Baudin exploraient l'intérieur des terres de la côte occidentale de l'Australie (non loin de l'actuelle ville de Perth) en longeant la rivière Swan. Ils entendirent alors un cri terrible semblable au mugissement d'un taureau venant des roseaux ; de peur, ils rebroussèrent chemin, persuadés d'avoir rencontré un formidable animal aquatique.
Ce témoignage ne fut assimilé au bunyip que bien plus tard, en 1940, par le zoologue Gilbert P. Whitley de l' Australian Museum.

En 1818, les explorateurs Hamilton Hume et James Meehan trouvèrent de très gros os d'animaux au lac Bathurst en Nouvelle Galles du Sud, qu'ils pensèrent être ceux d'un hippopotame ou d'un sirénien. La Société Philosophique d'Australie proposa à Hume de prendre en charge les frais d'une nouvelle expédition dans le but de ramener des os ou un spécimen de cet animal, mais Hume ne retourna plus au lac pour diverses raisons et la proposition resta sans suite.

La première mention du mot bunyip dans la littérature remonte à 1845 : le magazine The Geelong Advertiser décrivait la découverte de fossiles à proximité de Geelong (Nouvelle-Galles du Sud). Les ossements furent présentés à un indigène qui les identifia comme ceux d'un bunyip ; il put dessiner l'animal, raconta l'histoire d'une femme qui avait été tuée par la créature, et présenta même un homme qui possédait plusieurs cicatrices sur le torse qui avaient été réalisées par les griffes d'un bunyip. L'article présente le bunyip comme une chimère de crocodile et d'émeu :

« Il a une tête semblable à celle d'un émeu, avec un long bec, à l'extrémité duquel partent de chaque côté deux excroissances munies d'un bord dentelé comme l'os d'un raie pastenague. Son corps et ses jambes tiennent de la nature du crocodile. Les pattes arrières sont remarquablement épaisses et courtes, et les pattes avants sont beaucoup plus longues mais toujours d'une grande force. Les extrémités sont équipées de longues griffes, mais les noirs [ndlR : aborigènes] disent que sa méthode habituelle est de tuer sa proie en l'enserrant jusqu'à l'étouffer. Dans l'eau il nage comme une grenouille, et sur le rivage il marche sur ses deux pattes arrières, avec sa tête dressée, position dans laquelle il mesure 12 ou 13 pieds [NdlR : entre 3,5 m et 4 m] de haut. »

L'article fut recopiée par la suite dans de nombreux autres journaux australiens.

Dans sa biographie de 1852, l'ancien détenu William Buckley (qui avait vécu pendant près de 20 ans au sein d'une tribu aborigène du Victoria pour échapper à la justice) raconte que le lac Modewarre et la rivière Barwon étaient habitées par les bunyips. Buckley lui même pensait avoir entr'aperçu le dos d'une de ces créatures, qu'il décrivait comme recouvert de plumes de couleur grise et de la taille d'un gros chat. Buckley rapporte également que les aborigènes prêtaient à la créature des pouvoirs surnaturels, et qu'il avait entendu parler d'une femme aborigène qui aurait été un jour tuée par le monstre.


« L'histoire du bunyip » : gravure de 1882 représentant un aborigène racontant la légende du bunyip à deux enfants


Dans son livre Sur la poste des bêtes ignorées (1955), le cryptozoologue Bernard Heuvelmans rapporte divers témoignages :

  • un bunyip aurait surgi de l'eau de la rivière Eumeralia, en 1848, près de Port-Fairy (Victoria) : l'animal a été décrit comme de grande taille, de couleur brune, avec une tête rappelant celle d'un kangourou, une bouche énorme et une crinière le long du cou.
  • à Narrandera (Nouvelle Galles du Sud), un wee-waa aurait été observé à plusieurs reprises. Il fut comparé par les témoins à un chien d'eau de type retriever, en plus petit (la moitié de la taille d'un chien) et avec le corps recouvert de longs poils noirs.
  • en 1873 près de Dalby dans le Queensland, une créature à tête de phoque aurait surgi de l'eau : elle avait une nageoire caudale double mais dissymétrique, ce qui est inconnu chez les mammifères marins (dont la nageoire est symétrique).
  • en 1888, des cavaliers passant à gué la rivière Molonglo (Nouvelle Galles du Sud) auraient rencontré une créature de couleur blanchâtre, de la taille d'un grand chien, dont le visage rond évoquait celui d'un enfant.

Quelques témoignages mentionnent également une créature observée en Tasmanie, en dehors du continent australien. L'animal aurait une taille comprise entre 90 cm et 1m20, un corps couvert de poils noirs, des petites nageoires et une tête ronde similaire à celle d'un bouledogue. Il aurait été observé en 1852 dans le lac Tibérias, puis à de nombreuses reprises entre 1860 et 1940 dans la région du Grand Lac (et ce, malgré la construction de plusieurs ouvrages hydro-électriques au début du XXème siècle qui bouleversèrent l'écosystème du lac).

Un bunyip sur un timbre australien de 1994
(Source : Philip R. Burns)

À ces observations et témoignages relativement réalistes, s'ajoutent de nombreuses histoires locales décrivant des bunyips parfois assez pittoresques :

  • le tunatpan de Port-Philip (Victoria) était décrit comme de la taille d'un bouvillon, avec la tête et le long cou d'un émeu, une crinière et une queue de cheval, des nageoires de phoque. Il pondait des oeufs de tortue dans un terrier d'ornithorynque et mangeait des Noirs (sic) quand il était fatigué de son régime d'écrevisses (rapporté par B. Heuvelmans).
  • le bunyip du marais de Tuckerbil, à proximité de la ville de Leeton (Nouvelle Galles du Sud) était décrit avec une tête chaque extrémité de son corps, ce qui lui permettait de nager dans les deux sens sans avoir à se retourner !

Le bunyip a fréquemment été représenté par les artistes du XIXème siècle. Leurs représentations s'inspirent des témoignages de leurs contemporains (tête de chien, nageoires, fourrure noire, crinière...), mais divers éléments fantaisistes sont rajoutés à l'animal (défenses de morse, bec de canard, cornes, voire même des ailes et des écailles à la façon d'un dragon).


La seule "preuve" qui ait jamais existé du bunyip fut un crâne retrouvé en 1846 sur les rives de la rivière Murrumbidgee, un affluent de la Murray séparant la région du Victoria de la Nouvelle Galles du Sud. Le crâne ne put pas être identifié par ses découvreurs, mais les indigènes auxquels il aurait été présenté affirmèrent qu'il appartenait à un bunyip. Le crâne fut exposé à l'Australian Museum de Sydney, où les visiteurs se pressèrent pour le voir, ce qui selon le journal The Sydney Morning Herald poussa un grand nombre d'entre eux à témoigner de leurs observations de bunyip.
Le crâne fut toutefois rapidement identifié par des naturalistes comme étant celui d'un poulain ou d'un veau souffrant de malformations. Le crâne n'a malheureusement pas été conservé dans collections du musée et personne ne sait ce qu'il est devenu depuis.

Dessin de 1845 représentant le supposé "crâne de Bunyip" trouvé à proximité de la Murrumbidgee


Hypothèses explicatives


Des observations déficientes d'animaux australiens

Si les témoignages de bunyip sont souvent fantaisistes et peu crédibles, un certain nombre d'entre eux décrivent la créature de façon très similaire : tête ronde comparée à celle d'un chien, corps recouvert de fourrure noire, nageoires... Une telle concordance dans les témoignages, surtout sur une aussi longue période temporelle (du XIXème au début du XXème siècle), a conduit certains spécialistes comme G. P. Whitley et B. Heuvelmans à penser qu'ils avaient vraisemblablement un fond de vérité.

L'hypothèse d'un phoque s'aventurant à l'intérieur des terres a été proposée par de nombreux spécialistes. Plusieurs espèces de pinnipèdes sont en effet présentes sur les côtes australiennes : le lion de mer australien (Neophoca cinerea), le léopard de mer (Hydrurga leptonyx), l'otarie à fourrure (Arctocephalus pusillus)... Or :

  • d'une part, il est avéré que de tels animaux remontent occasionnellement les cours d'eau sur de très longues distances ; Charles A. E. Fenner citait ainsi le cas d'un phoque tué à Conargo (Nouvelle Galles du Sud), à plus de 1450 km de l'embouchure du fleuve !
  • d'autre part, certaines caractéristiques du bunyip (tel que son corps recouvert de poils noirs ou son cri) évoquent un phoque. De nombreux témoignages comparent d'ailleurs explicitement les créatures observées à des pinnipèdes.


Enfin, plusieurs auteurs n'ont pas manqué de signaler la ressemblance de la silhouette du bunyip de Challicum avec celle d'un cétacé sirénien comme le dugong, qu'on trouve dans les eaux du Nord de l'Australie.


Un lion de mer australien (Neophoca cinerea), une espèce d'otarie qui pourrait expliquer certains témoignages de bunyip (Photo de Brian M Hunt)

En une occasion, une enquête menée à la fin du XIXème siècle suite à des signalements de bunyips par des aborigènes révéla que ceux-ci étaient en fait des boeufs asiatiques importés par les colons. L'animal était inconnu des aborigènes, et son aspect effrayant de grande bête noire et cornue les avaient conduit à l'assimiler au bunyip.

Les cris du bunyip ont également été expliqués par les vocalises du butor australien (Botaurus poiciloptilus) ; le butor est un petit héron vivant dans les marais, difficile à observer, et dont les cris sont des mugissements très graves portant sur plusieurs kilomètres.

Une marsupial préhistorique ou inconnu de la Science ?

Il a été proposé très tôt que le bunyip pouvait être une espèce de marsupial préhistorique, disparu depuis plusieurs milliers d'années mais dont les aborigènes auraient gardé le souvenir via les légendes transmises oralement de génération en génération. Cette théorie a été formulée pour la première fois en 1871 par le savant George Bennett de l'Australian Museum, puis reprise en 1991 par le paléontologue Pat Vickers-Rich. Ses partisans la justifient souvent par le fait que les ossements d'animaux préhistoriques présentés aux aborigènes sont identifiés par ces derniers comme ceux d'un bunyip.

L'Australie a en effet abrité jusqu'à une époque relativement récente une importante mégafaune de très gros marsupiaux. La plupart de ces espèces se sont éteintes 45 000 ans avant notre ère, pour des raisons encore non complètement éclaircies. La date d'extinction correspondant approximativement à l'arrivée des premiers aborigènes en Australie, l'hypothèse d'une concurrence avec l'homme et d'une chasse excessive a été avancée pour expliquer cette disparation.

Une variante de cette théorie est que des petites populations de ces mammifères préhistoriques australiens ont survécu jusqu'à nos jours ; leur observation serait à l'origine de la légende du bunyip et des nombreux témoignages du XIXème et XXème siècles.

Parmi les mammifères marsupiaux préhistoriques ayant été associés au bunyip, on peut citer :

  • le diprotodon, un très gros wombat de la taille d'un hippopotame (3 m de long, 2 m au garrot pour un poids estimé à 3 tonnes). C'est le plus gros marsupial qui ait jamais existé et en raison de sa masse imposante, il est possible que l'animal ait été plus ou moins amphibie.
  • le palorchestes, un genre de marsupiaux semblables à des tapirs dont l'une des plus grosses espèces (Palorchestes azael) était de la taille d'un poney (2,5 m de long et un poids de 200 kg).
  • le thylacoleo, un marsupial carnivore d'aspect (75 cm au garrot, 100 kg) et de mœurs comparables à un félin actuel.


Vue d'artiste d'un diprotodon
(Source : Australian Museum)

Les sceptiques notent toutefois que les deux premiers marsupiaux étaient herbivores, qu'aucun (à part peut-être le diprotodon) n'avaient de mode de vie semi-aquatique... et que leur aspect ne colle pas du tout avec les descriptions de bunyip, aussi bien dans les légendes aborigènes que dans les témoignages de colons australiens.
De même, l'hypothèse de la survivance de mammifères préhistoriques sur le continent australien se heurte à l'absence de preuves et de fossiles récents permettant de la justifier.


Enfin, une autre hypothèse voudrait que le bunyip soit un marsupial aquatique. Il a en effet été remarqué que les marsupiaux occupaient presque toutes les niches écologiques de l'Australie et que la plupart possédaient leur équivalent chez les mammifères placentaires (espèces prédatrices, aquatiques, fouisseuses, arboricoles, planeuses...). La seule exception concerne les chauve-souris et les mammifères marins, qui n'ont pas de semblable chez les marsupiaux. Le bunyip pourrait donc être un représentant de cette branche manquante des marsupiaux aquatiques.


Toutefois, ces hypothèses sont minoritaires chez les cryptozoologues, qui attribuent majoritairement au bunyip une origine légendaire ou résultant d'une confusion avec des animaux australiens.


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Traduction anglaise : Bunyip, parfois orthographié bun-yip

Noms alternatifs : d'après Robert Holden : car-bunyah (Channel Country, Queensland) ; kinepraty/katenpai (rivière Murrumbidgee) ; marghet (Australie occidentale) ; mirriola (rivière Barwon, Nouvelle Galles du Sud) mochel mochel (Darling Downs, Queensland) ; moo-roo-bul/too-roo-dun (Victoria) ; mugelwanke (lac Alexandrina, Australie méridionale) ; wee-waa/wowee/wauwai (rivière Hunter, Narrandera, Nouvelle Galles du Sud).

Localisation : La tradition du bunyip (et les témoignages) sont localisées dans le Sud et l'Est de Australie, Océanie

Sources et liens complémentaires :

Bibliographie :

  • Bunyips: Australia's folklore of fear, Robert Holden (2001), éd. National Library of Australia.
  • Sur la piste des bêtes ignorées, de Bernard Heuvelmans (1955), éd. Plon.

Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 29/11/12
Dernière modification : le 05/01/16 à 17:37