Kelpie |
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Génie de l'eau du folklore écossais, prenant souvent l'apparence d'un cheval
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Le kelpie est un esprit de l'eau décrit dans le folklore de l'Ecosse, réputé pour hanter les cours d'eau, les rivières et les lochs. Il s'agit de la variante écossaise de l'archétype du cheval aquatique, un type de créatures surnaturelles répandu dans le folklore de l'Ouest de l'Europe.
L'étymologie du terme "kelpie" n'est pas éclaircie avec précision, mais elle pourrait dériver du vieux gaélique écossais colpach, désignant un veau ou un poulain.
Le mot "kelpie" apparaît dans la littérature dès la fin du XVIIIème siècle. Le poète national écossais Robert Burns en 1786 y fait mention dans son texte Address to the Deil ; il parle ainsi des « kelpies d'eau qui hantent le gué sous [la] direction [du Diable] » (« Then water-kelpies haunt the foord by your direction »).
Description
Le kelpie présente le plus souvent l'apparence d'un beau cheval ou d'un poney de robe noire (plus rarement blanche, dorée ou même verte). Sa vraie nature d'animal aquatique transparaît cependant par sa crinière constamment mouillée, entremêlée d'algues, et sa peau lisse et froide comme celle d'un phoque. Il est également trahi par ses sabots, qui sont inversés par rapport à ceux d'un vrai cheval.
Le kelpie est maléfique : il arpente les landes et les bords de cours d'eau, se faisant passer pour un poney égaré, et incite les voyageurs et les enfants à monter sur son dos. A peine ceux-ci ont-ils grimpés, le kelpie part dans une course folle, puis il précipite ses infortunés cavaliers dans un lac ou une rivière pour les y noyer.
D'autres contes précisent que non content de noyer ses malheureuses victimes, le kelpie dévore en outre leur cadavre puis jette leurs entrailles sur les rives du cours d'eau.
S'il rencontre un groupe d'enfants, le kelpie peut également étirer son dos indéfiniment de façon à ce que tous les enfants puissent y prendre place.
Le corps du kelpie peut également être collant ; ainsi, lorsque les personnes y sont montées, elles ne peuvent plus s'échapper et sont condamnées à être entraînées au fond de l'eau par la créature. Une légende jadis très répandue en Ecosse racontait le destin tragique d'un groupe d'enfants ayant rencontré le kelpie : alors que la plupart des enfants avaient grimpé sur son dos, un seul d'entre eux plus prudent que les autres était resté sur la berge et caressait l'animal. La main du garçon resta collée au cou du kelpie alors que celui-ci entraînait le groupe d'enfants avec lui dans l'eau. Le garçon eut la vie sauve en sortant un couteau de sa poche et en se coupant les doigts... mais le reste des enfants ne purent se dégager de l'emprise du kelpie et ils finirent noyés.
Une variante locale du kelpie le long du fleuve Spey dans le Nord de l'Ecosse affirme que la créature fait grimper ses victimes sur son dos en les charmant avec sa voix magnifique.
Pour mieux tromper les humains, le kelpie peut se métamorphoser et prendre lui-même une apparence humaine. Il attire alors l'imprudent(e) par la ruse vers un cours d'eau, puis le pousse pour l'y noyer. Cependant même sous forme humaine, de longs cheveux humides et mêlés d'algues trahissent l'identité du kelpie et permettent de le reconnaître. Certaines légendes précisent que le kelpie garde ses sabots, ce qui a conduit à l'associer au Diable auquel la tradition chrétienne attribue des pattes de bouc.
Le kelpie était parfois perçu comme une entité plutôt bénéfique par les meuniers : en effet, dans la mesure où il contrôle les cours d'eau, c'est lui qui permet aux moulins de fonctionner.
Le folklore écossais donne quelques ruses pour se prémunir des maléfices du kelpie.
Celui-ci étant un esprit des eaux courantes, il déteste l'eau stagnante provenant des mares ou des flaques de pluie. Lorsqu'on rencontre le kelpie, il est donc possible de le faire fuir en lui présentant une bouteille remplie d'une eau de ce type.
Il est possible de neutraliser le kelpie, et même de le contrôler, en lui passant une bride sur laquelle on aura marqué ou gravé une croix. Étant infatigable, son maître peut alors l'utiliser pour effectuer de durs travaux de labours, pour le chevaucher pendant des heures sans s'arrêter... Cependant, une fois le soir venu, le kelpie devra être nourri de chair humaine sans quoi il regagnera sa liberté.
Variantes géographiques et origine de la légende
Le mythe du kelpie est connu sous divers noms et variantes à travers toute l'Ecosse, ses îles ainsi que l'Irlande. On peut citer :
- le nuggle ou le tangye sur l'île d'Orkney ;
- le shoopiltee ou le njogel dans les îles Shetland ;
- le cabbyl-ushtey, l'alashtyn et le glashtyn sur l'île de Man ;
- le lutin púca irlandais prend également parfois l'apparence d'un cheval marin.
Une variante répandue du kelpie, parfois présentée comme encore plus dangereuse, est le each uisge (littéralement « cheval de mer », appelé aughisky en Irlande). Celui-ci ne fréquenterait que les très grandes étendues d'eau et les lochs, et il dévorerait indifféremment les êtres humains et le bétail.
La légende du kelpie présente également de fortes ressemblances avec des génies de l'eau de toute l'Europe, qui prennent également une apparence de cheval pour tromper les humains (selon l'archétype du cheval aquatique).
Des archéologues et des folkloristes ont avancé que la « bête picte » visible sur les anciennes pierres gravées pouvait être le kelpie, ou un animal symbolique ayant inspiré par la suite le mythe du kelpie. Cet animal de nature non identifiée mais ressemblant à un cheval de mer est couramment représenté dans l'iconographie des Pictes, un peuple celtique qui occupait l'Ecosse durant l'Antiquité et le haut Moyen-Age.
Certains cryptozoologues voient dans le kelpie la preuve de la présence historique de monstres marins dans le Loch Ness et les autres lacs écossais.
De la même façon, il a été proposé que les légendes à propos du kelpie et de ses variantes résultaient de l'observation de serpents de mer? - qui sont souvent représentés avec une tête de cheval.
Cependant, les sceptiques répondent que le kelpie ne présente que très peu de points communs (si ce n'est aucun) avec le portrait robot supposé de Nessie et du serpent de mer?, et qu'il s'agit d'une simple croyance répandue sous diverses formes dans tous les folklores européens.
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Localisation : L'Ecosse et ses îles principalement, l'Irlande dans une moindre mesure ; Europe
Liens complémentaires :
Bibliographie :
- La grande Encyclopédie des Fées, de Pierre Dubois (2004)
- The World Guide to Gnomes, Fairies, Elves and Other Little People de Thomas Keightley (1870)
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Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 06/01/11
Dernière modification : le 25/08/15 à 00:13
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