Mokele-mbembe |
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Cryptide amphibie du centre de l'Afrique, assimilé à une possible survivance de dinosaures sauropodes
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Le mokele-mbembe est un cryptide amphibie, décrit dans la tradition orale des peuples du bassin du fleuve Congo, en Afrique centrale.
Bien que de nombreuses expéditions aient été menées dans le but de découvrir ce qui serait selon certains un dinosaure fossile vivant, il n'existe à l'heure actuelle aucune preuve tangible de son existence.
Le mokele-mbembe dans la tradition africaine
Mokele-mbembe est le nom que certaines tribus du Congo donnent à cette créature. Le terme provient du dialecte lingala et aurait différentes significations suivant les traductions : "celui qui arrête le flot des rivières", "celui qui mange les feuilles au sommet des palmiers", "gros animal"...
Suivant les tribus et les ethnies, le cryptide est également appelé n'yamala ou jago-nini au Gabon, isiququmadevu ou n'sanga en Zambie... Cependant pour des raisons historiques et de façon conventionnelle, le nom mokele-mbembe est le seul qui soit actuellement utilisé par les cryptozoologues?.
Les descriptions du mokele-mbembe varient suivant les traditions :
- il est souvent dépeint comme un animal de très grande taille ; il est ainsi régulièrement comparé à un éléphant ou à un très gros hippopotame.
Il vivrait le long des berges du fleuve Congo, ainsi que dans les marécages alentours. Le mokele-mbembe serait de moeurs semi-aquatiques ; de nombreux témoignages affirment qu'il nage très bien, et qu'il affectionne particulièrement les zones d'eau profonde du fleuve dans lesquelles il passe la majeure partie de son temps.
Les sources sont également unanimes sur son régime alimentaire herbivore. Des indigènes ont même montré aux explorateurs occidentaux les plantes dont il est supposé se nourrir.
Toujours selon cette même tradition orale, le mokele-mbembe serait d'une force prodigieuse et d'un caractère assez agressif. Plusieurs légendes racontent comment des pirogues ont été renversées d'un simple coup de queue ou de patte de la créature.- Certaines histoires décrivent un animal dont le corps est similaire à celui d'un éléphant, mais de couleur brun-gris, avec un long cou terminé par une petite tête reptilienne et une longue queue. Il aurait sur la tête et le cou une sorte de crête ou une rangée de piquants.
Cette description a interpellé très tôt les explorateurs et biologistes occidentaux, qui ont vu dans le mokele-mbembe une survivance des dinosaures de la famille des sauropodes, disparus depuis la fin du crétacé il y a 65 millions d'années.
Lors de nombreuses expéditions, lorsque les explorateurs présentèrent des livres d'images aux indigènes en leur demandant de leur montrer le mokele-mbembe, très souvent ceux-ci leur désignaient des représentations de dinosaures comme le brontosaure ou le diplodocus. - Dans d'autres histoires, le mokele-mbembe est décrit d'une façon plus conventionnelle, comme un animal à corne similaire à l'éléphant ou au rhinocéros.
Les membres de certaines tribus du Congo ont très clairement identifié des photographies de rhinocéros (animal absent du centre de l'Afrique) comme étant le mokele-mbembe.
- Certaines histoires décrivent un animal dont le corps est similaire à celui d'un éléphant, mais de couleur brun-gris, avec un long cou terminé par une petite tête reptilienne et une longue queue. Il aurait sur la tête et le cou une sorte de crête ou une rangée de piquants.
- enfin, certaines tribus du bassin du Congo dépeignent le mokele-mbembe comme un esprit ou un génie de la forêt, plutôt que comme un animal fait de chair et de sang. Selon ces mêmes tribus, les témoignages racontant des rencontres avec des mokele-mbembes "dinosauriens" sont des canulars.
Les expéditions
Depuis près d'un siècle, de nombreuses expéditions ont été menées dans le but d'explorer le bassin du fleuve Congo, qui reste une région difficile d'accès et très mal connue. Les explorateurs rapportèrent de très nombreux récits de la tradition orale africaine, ainsi que quelques témoignages d'indigènes autochtones et des indices matériels troublants apportant du crédit à la thèse de l'existence d'un très gros animal encore inconnu de la science.
Bien que de nombreux explorateurs et cryptozoologues aient affirmés avoir rencontré le mokele-m'bembe, voire même -pour certains- en avoir pris des photographies ou des vidéos, ces "preuves" sont rarement probantes : images floues, confusion possible avec des animaux existants (l'hippopotame est souvent à l'origine de telles méprises)... quand ce sont pas des canulars purs et simples.
La première référence historique au mokele-mbembe date de 1776 : l'abbé (et missionnaire) Liébain Bonaventure Proyart décrit la découverte de très larges empreintes d'un périmètre d'environ 90 centimètres (soit un diamètre d'environ 30 cm). Il note la présence de marques de griffes.
En 1909, le lieutenant Paul Gratz, puis le chasseur de trophée Carl Hagenbeck rapportèrent pour la première fois des légendes africaines décrivant des animaux similaires aux sauropodes préhistoriques.
La nouvelle fit sensation dans les médias occidentaux durant les années 1910, ce qui conduisit dès 1919 au lancement de missions d'exploration dans le seul but de découvrir le mokele-mbembe.
En 1919, des indigènes montrèrent au baron Von Stein zu Lausnitz les plantes consommées par le mokele-m'bembe (des lianes à fleur blanche, produisant du latex et appartenant au genre Landolphia), ainsi qu'une grande trouée dans un taillis qui lui fut allégée.
En 1927, le commerçant A. A. Smith décrivit les empreintes de pas laissées par le mokele-m'bembe : grandes, rondes, avec trois doigts (détail qui a son importance, les hippopotames ayant en effet 4 doigts à leurs pattes).
En 1966, le naturaliste Yvan Ridel prendra des photographies de traces de ce type au Sud-Ouest de la République du Congo, mais il est très probable que celles-ci ne soient que des empreintes déformées d'hippopotames.
(Source : Institut Virtuel de Cryptozoologie)
En 1932, le cryptozoologue Ivan T. Sanderson affirma avoir très brièvement vu au Cameroun une créature aquatique de taille gigantesque, de couleur noire, dont la tête était aussi grande qu'un hippopotame.
En 1976 et en 1979, l'herpétologue James Powell recueillit au Gabon de très nombreux témoignages d'indigènes -lesquels firent allusion de façon récurrente au caractère agressif du mokele-mbembe. Les plantes du genre Landolphia furent à nouveau montrées comme la nourriture favorite de l'animal.
Il montra aux autochtones des images de différents animaux, vivants ou éteints, et ceux-ci lui affirmèrent que le diplodocus était la créature correspondant le plus au mokele-mbembe.
En 1980, Powell et Roy Mackal? rencontrèrent également un missionnaire américain, le révérend Eugene Thomas qui leur dit avoir vu à plusieurs reprises la créature et raconta comment des pygmées ont un jour réussi à capturer un mokele-mbembe, blessé par les pieux d'une barrière destinée à protéger une réserve de pêche.
En 1981, Roy Mackal? lança une nouvelle expédition, accompagné de Richard Greemwell? et du zoologiste congolais Marcellin Agnagna. Il en rapporta de nombreux éléments concernant d'autres cryptides de la région (dont certains seraient peut-être des dinosaures, à l'instar du mokele-mbembe) ; Greemwell témoigna avoir entendu et vu un très gros animal rentrer dans l'eau, dans un biotope marécageux typique de celui où est supposé vivre le mokele-mbembe.
La même année, l'américain Herman Regusters (qui devait à l'origine joindre le groupe de Roy Mackal? mais s'était détaché du projet pour monter sa propre expédition) prétendit avoir pris une vidéo du mokele-mbembe sur le lac Télé, mais que l'humidité avait ensuite détérioré le matériel. L'unique image disponible montre une forme non-identifiable flottant à la surface du lac. Regusters ramena également diverses images d'empreintes de pas et l'enregistrement d'un mugissement qu'il pense être celui du mokele-mbembe.
Source : Cryptozoology.com
Le congolais Marcellin Agnagna affirma avoir observé un mokele-mbembe sur le lac Télé en 1983 pendant près de 20 minutes ; il essaya de le filmer mais dans son excitation, oublia d'enlever le cache qui protégeait l'objectif. Un an plus tard, Agnagna se contredit dans une interview en disant qu'il avait raté son film en raison du mauvais réglage de sa caméra.
En 1985, Rory Nugent prit des photos d'un animal nageant dans le lac Télé qu'il pense être le mokele-mbembe ; les images sont malheureusement trop floues pour montrer quoi que ce soit de probant.
La même année, l'expédition Operation Congo, menée par William Gibbons accompagnés de Marcellin Agnagna, échoua à ramener des preuves de l'existence du mokele-mbembe dans le lac Télé. Les anglais accusèrent cependant Agnagna de les avoir trompé et de leur avoir volé leur matériel ; l'affaire fut porté en justice et l'équipe anglais obtint finalement gain de cause.
En 1986, une affaire identique eut lieu lors de l'expédition menée par le biologiste hollandais Ronald Botterweg. Son équipe ne trouva aucune trace du mokele-mbembe dans la région du Likouala. De même, leurs guides (qui avaient également participé à l'expédition Regusters) nièrent avoir jamais vu l'animal. L'équipe de Botterweg fut placée en détention par l'équipe de Marcellin Agnagna, sous prétexte qu'ils ne possédaient pas les documents appropriés les autorisant à mener une telle expédition ; ils furent finalement relâchés mais leur matériel leur fut confisqué.
En 1988, une expédition japonaise survola le lac Télé par avion et filma une séquence vidéo de 15 secondes, malheureusement très floue, montrant un objet nageant à la surface.
Source : Cryptozoology.com
Quatre ans plus tard en 1992, William Gibbons et Rory Nugent lancèrent une expédition "Opération Congo 2", qui se concentra autour de la région de la rivière Baï et de deux lacs (les lacs Fouloukuo et Tibeke). Aucune trace du mokele-mbembe ne put être trouvée ; Nugent pris une photo, très floue et indistincte, montrant un élément flottant à la surface de l'eau et qu'il pense être la tête du mokele-mbembe.
La guerre civile que connut la République du Congo entre 1997 et 1999, ainsi que les instabilités politiques qui suivirent, mirent temporairement fin aux expéditions dans la région.
En 2001, le British Columbia Scientific Cryptozoology Club et l'organisation Crypto Safari lancèrent une campagne d'exploration (l'équipe se composait de William Gibbons, Robert Mullin, Scott Norman, Pierre Sima et John Kirk) au Cameroun mais aucune preuve de l'existence du mokele-mbembe ne pu être trouvée.
En 2006, une nouvelle équipe menée par Milt Marcy explora le lac Dja au Cameroun, et rencontra des témoins affirmant avoir rencontré le mokele-mbembe deux jours à peine avant l'arrivé des occidentaux.
En 2008, une équipe fut envoyée sur le lac Bangweulu en Zambie, dans le cadre de l'émission Destination Truth diffusée sur la chaîne américaine Sci-Fi Chanel. Le caractère "scientifique" et la rigueur de cette expédition furent beaucoup remis en question. Ainsi l'épisode montrait une vidéo d'un animal supposé être le mokele-mbembe ; une analyse de la séquence révéla cependant qu'il s'agissait d'hippopotames immergés.
Depuis 2004, le français Michel Ballot organise des expéditions en Afrique centrale, à la recherche du mokele-mbembe et d'autres cryptides.
Hypothèses explicatives
Compte-tenu de la diversité des traditions et témoignages concernant le mokele-mbembe, et en l'absence de réelle preuve permettant de confirmer l'existence de la créature et de l'identifier, de très nombreuses hypothèses explicatives ont été proposées.
L'hypothèse la plus populaire est sans nul doute celle de la survivance de dinosaures sauropodes, supposés avoir disparu il y a 65 millions d'années lors de l'extinction massive de la fin Crétacé qui marqua la fin du règne des dinosaures.
Les paléontologues et les biologistes réfutent cependant cette hypothèse, en avançant qu'il est peu probable :
- d'une part, qu'une espèce ait survécu pendant plus de 60 millions d'années sans laisser de traces ou de fossiles ;
- d'une part, qu'une population d'aussi gros animaux puisse vivre inaperçue dans un milieu exploré maintes fois par des Occidentaux au cours du siècle dernier.
Face à ces arguments, les partisans de l'hypothèse d'un fossile vivant s'appuient notamment sur l'exemple de l'okapi et du coelacanthe.
L'okapi est un mammifère ruminant appartenant à la même famille que les girafes, qui vit précisément dans la région du bassin du Congo, où le mokele-mbembe est supposé habiter ; il ne fut cependant décrit (à partir d'une peau et d'ossements) qu'en 1902, suite à quoi il fallu attendre plusieurs années avant que des explorateurs n'arrivent à observer pour la première fois un spécimen vivant dans son milieu naturel.
Cette découverte tardive s'explique par la rareté de l'animal, par ses moeurs discrètes et les difficultés d'accès du milieu dans lequel il vit. L'okapi était cependant connu de très longue date par les peuplades africaines du Congo et souvent mentionné dans leur tradition orale.
De même, le coelacanthe, un poisson fossile vivant fut "redécouvert" en 1938 lorsqu'on en pêcha par hasard un spécimen au large de l'Afrique du Sud. Il appartient à l'ordre des crossoptérygiens, qui jusque là était supposé s'être éteint il y a 70 millions d'années.
Dans le cas où le mokele-mbembe ne serait pas un dinosaure, d'autres types d'animaux encore inconnus de la Science ont été suggérés :
- selon certains, le mokele-mbembe pourrait être une espèce de gros varan. Cette théorie ne cadre pas vraiment avec le caractère végétarien de l'animal, ni avec sa taille qui dépasserait de loin celle de tous les reptiles actuels.
- le mokele-mbembe serait un mammifère ayant acquis une forme de sauropode par un phénomène de convergence évolutive. Cette hypothèse est cependant peu probable au demeurant ; en outre les témoignages insistent sur le caractère très reptilien du mokele-mbembe.
Aux yeux des sceptiques et de la plupart des zoologistes, l'existence du mokele-mbembe est très douteuse.
Malgré le nombre d'expéditions menées à la recherche de la créature, il n'existe pas à l'heure actuelle la moindre preuve tangible de sa réalité. La totalité des photos et vidéos rapportées sont de piètre qualité et inexploitables.
Quand ce ne sont pas des confusions avérées avec des espèces bien connues de la Science, ces "preuves" et les descriptions de témoins peuvent s'expliquer très facilement par des observations déficientes d'hippopotames, de serpents ou de grandes tortues d'eau au cou extensible.
De très nombreuses traditions africaines présentent très clairement le mokele-mbembe comme un esprit de la forêt plutôt que comme un animal, affirmant que les témoignages de rencontre ou de capture sont des canulars. D'autres traditions orales le décrivent comme un gros mammifère à corne ou à défenses, et des indigènes ont identifié à plusieurs reprise le mokele-mbembe comme étant un rhinocéros.
Certains spécialistes ont avancé que le mokele-mbembe pourrait être une réminiscence mythologique de l'époque où des rhinocéros blancs vivaient dans la région du Congo.
A l'heure actuelle, le rhinocéros est en effet absent du centre de l'Afrique. Mais l'aire de répartition du rhinocéros blanc était cependant beaucoup plus vaste par le passé : dans l'Antiquité, on en trouvait jusqu'en Egypte et une de ses sous-espèce (le rhinocéros blanc du Nord, Ceratotherium simum cottoni, actuellement en voie d'extinction) arpentait les savanes du Congo il y a encore un siècle.
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Traduction anglaise : Mokele-Mbembe
Localisation : La région du bassin du fleuve Congo, qui englobe plusieurs pays dont la République démocratique du Congo (Zaïre de son ancien nom), la République du Congo, la Zambie, l'Angola, le Gabon et la République Centrafricaine, Afrique.
Liens complémentaires :
- Institut virtuel de Cryptozoologie [fr]
- Wikipédia [en]
- Cryptozoology.com [en]
Bibliographie :
- A living dinosaur ? In search of the Mokele-Mbembe, par Roy Mackal? (1987)
- No Mercy: A Journey Into the Heart of the Congo, par Redmond O'Hanlon (1997)
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Auteur : Ar Soner
Mise en ligne : 31/01/09
Dernière modification : le 10/07/12 à 17:38
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