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Des chasseurs organisent un « safari faisans », une association de défense des animaux s’indigne
L’association communale de chasse agréée (ACCA) de Beaujeu organise ce samedi 26 octobre un « safari faisans ». 90 faisans vont être lâchés pour être abattus par des chasseurs venus de Haute-Saône et au-delà. L’association Nos Viventia, défendant le droit des animaux, dénonce « un ball-trap cruel et inutile ».
https://www.estrepublicain.fr/culture-loisirs/2024/10/25/des-chasseurs-organisent-un-safari-faisans-une-association-de-defense-des-animaux-s-indigneVoilà la conception de la gestion de la biodiversité chez les chasseurs... lâcher des faisons d'élevages dans un champs et tirer dessus...
Un autre article un peu plus approfondi qui décrit la réalité des relâchés de faisans/perdrix etc... pour la chasse... des animaux élevés dans des conditions aussi déplorables que des poules en batteries, qui n'ont aucune chance dans la nature, qui ne sont nés que pour assouvir le plaisir de tuer de quelques "chasseurs"... ça n'a juste aucun sens...
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Grand format Des millions d'oiseaux élevés pour la chasse : pourquoi "le lâcher de cocottes" fait autant polémique
Chaque année, juste avant ou pendant la saison de chasse, des millions d'oiseaux sont relâchés pour être tués. Analyse d'une filière méconnue du grand public.
Pour l’ouverture de la saison de chasse, des vidéos d’enfants de chasseurs inondent les réseaux sociaux. Dans les campagnes de France, cages posées au sol, des chérubins soulèvent les couvercles et libèrent des oiseaux. Des faisans, des perdrix et des canards colverts s’envolent et se diluent dans l’horizon. Une belle image, à faire rougir le romantisme cynégétique de Michel Delpech dans sa chanson, Le Chasseur.
Comparé au tube, sorti en 1974, cinquante plus tard, le destin des volatiles est bien différent. Ici, il n’est plus question d’oies sauvages qui montent dans les nuages. Le destin de ces animaux se résume en quelques mots : être tirés par des chasseurs.
Élevés, relâchés, puis, « prélevés ». Le verbe utilisé à la place de « tuer ». Du petit gibier, produit par millions depuis des siècles par des éleveurs parfois peu scrupuleux, dont les méthodes sont dénoncées par des activistes anti-chasse et des associations de défenses des animaux. Décryptage.
Une filière de plume qui pèse lourd
Avant de décoller pour atteindre les branches des arbres à chaque rentrée des classes, ces oiseaux ont toujours été cloisonnés. Dans des cages, dans des bâtiments puis des volières, produites par des « centaines d’éleveurs », confie à actu.fr, Jean-Christophe Chastang, sans donner des chiffres plus précis.
L’homme d’une cinquantaine d’années est la pièce angulaire de la filière. Il « parle bien », ironise un éleveur de faisan à actu.fr et surtout, il cumule des fonctions importantes. Président d’InterProchasse depuis 2021, il est aussi président du Syndicat national des producteurs de gibiers de chasse (SNPGC) et vice-président de la confédération Française de l’Aviculture.
C'est quoi InterProchasse ?
Cette organisation, fondée en 2007, a pour "ambition de réunir les acteurs de la filière chasse afin de valoriser son image, de promouvoir les activités de ses membres et de défendre leurs intérêts économiques au niveau français, européen et mondial", indique son site.
La filière qui pèse « 150 millions d’euros de chiffre d’affaires », c’est lui. Alors, quand actu.fr l’interroge sur les conditions d’élevages des oiseaux destinés à la chasse, Jean-Christophe Chastang se dit fier d’être à la tête d’un secteur « leader » au niveau européen. « Les pratiques d’élevage sont très encadrées en matière de zootechnie (NDLR : l’ensemble des sciences et des techniques mises en œuvre dans l’élevage des animaux) par les services de l’État, et ce, dans l’intérêt des animaux. »
Et pour cause, des « animaux », il y en a plein. Selon les derniers chiffres disponibles, communiqués par le SNPGC en 2016 et retirés du site en décembre 2019, 14 millions de faisans, 5 millions de perdrix grises et rouges et 1 million de canards colverts sont élevés chaque année pour la chasse.
Les chiffres de la filière étaient inscrits de janvier 2016 à décembre 2019, avant d'être retirés. Le site est aujourd'hui introuvable.
Les chiffres de la filière étaient inscrits de janvier 2016 à décembre 2019, avant d’être retirés. Le site est aujourd’hui introuvable.
Aujourd'hui, le chiffre tourne autour de 10 millions oiseaux.
Il avoue lui-même la « difficulté » à quantifier « la nature sauvage » et donc le nombre de perdrix et de faisans relâchés dans la pampa française. En fait, la dernière enquête indépendante disponible à ce jour date de 2014. Elle ne se base que sur du déclaratif.
L’Office française de la biodiversité (OFB) avait indiqué que, pour la saison 2013-2014, 22 millions d’animaux avaient été tués à la chasse, parmi lesquels 80 % d’oiseaux et 20 % de mammifères. Dans la filière d’élevage des oiseaux, obtenir des chiffres, c’est laborieux. Comme s’il fallait cacher ses montants que le grand public ne saurait voir.
Les oiseaux de reproduction
« Ils ne savent rien, ni sur leur filière, ni sur les chiffres précis, c’est dire leur amateurisme », tranche Pierre Rigaux à actu.fr. Depuis six ans, ce naturaliste de profession milite pour la fin de la chasse. Il a une association (Nos Viventa), un site et près de 500 donateurs.
Pendant un an, celui qui est devenu la bête noire des chasseurs, a enquêté sur l’élevage des oiseaux destiné à être « tirés ». En résulte une vidéo de plus de dix minutes publiée fin octobre 2024. Les images ont été tournées dans quatre fermes qualifiées « intensives », entre octobre 2023 et septembre 2024.
« On souhaitait avoir tout le cycle de production d’un oiseau destiné à la chasse », reprend l’autoentrepreneur. De l’œuf au tir, en quelque sorte. L’enquête de l’homme de 44 ans débute à en Loire-Atlantique, dans l’ouest de la France, sur un immense site de reproduction, éclairé la nuit pour stimuler la ponte.
C’est à ce moment de l’enquête que les images sont les plus dures. Premier constat, cette reproduction se passe « systématiquement en cage », décrit Pierre Rigaux. Sur des hectares entiers, des oiseaux qui ne servent qu’à pondre, vivent sur des grillages inclinés pour faciliter la récolte des œufs et élevé à un demi-mètre du sol. En dessous des cages, des lignes de déjections s’amassent sur le sol, peut-on voir dans la vidéo.
Les volatiles supportent mal la captivité. À cause de la promiscuité, ils s'agressent et se blessent.
Pierre Rigaux
Militant anti-chasse
Les faisans comme les perdrix sont des animaux « territoriaux », détaille à actu.fr Yves Verilhac, président de la LPO, Ligue pour la Protection des Oiseaux. « Ils vivent dans des grands espaces, doivent voler, ce qui n’est manifestement pas le cas ici. »
Des perdrix dans des cages
Des perdrix dans des cages « reproducteurs » dans l’élevage de Gibovendée, à Missé, dans le département des Deux-Sèvres. (© Document transmis par L 214 à actu.fr)
Pour éviter qu’ils ne se massacrent entre eux, les volatiles sont équipés d’un anneau accroché à leur bec. Et, quelques mois plus tard, d’un couvre bec muni d’un petit harpon pour percer la cloison nasale. « Des salariés décrivent le sang qu’ils observent lors de cette manipulation douloureuse », déplore Pierre Rigaux.
Des ustensiles en plastiques qu’il est possible de se procurer sur internet, au prix de 20 centimes d’euros l’unité, sur ce site internet. Ou encore ici, où il est même indiqué que « les oiseaux d’élevage sont soumis à un stress dû à la quantité d’individu au sein d’une même volière ». Ce stress « se traduit le plus souvent par une agressivité entre eux qui amènent les oiseux à se piquer ».
Au total, des dizaines de milliers d’oiseaux sont détenus dans le seul dessein de reproduire. Et il y en aura de plus en plus, malgré la « crise » que peuvent décrire les acteurs de la filière contactés par actu.fr. Gibovendée, l’une des plus grosses entreprises d’élevage de faisans et de perdrix d’Europe, a obtenu le permis de construire pour une nouvelle volière à La Peyratte, dans le département des Deux-Sèvres.
Une extension de 2,12 hectares sous des panneaux photovoltaïques, qui multipliera par trois la capacité totale d’animaux produit simultanément. Avec à la clé, « 100 000 oiseaux, 1 672 cages pour perdrix et 420 cages pour les poules faisanes, soit 2 092 cages supplémentaires », dénonce l’association de défense des animaux, L214, contactée par actu.fr.
Avec One Voice, cette dernière a déposé un recours administratif, le 16 juin 2022, au tribunal administratif de Potiers, pour protester contre cette extension. La date du procès n’a pas été communiquée.
Contacté, Laurent Soullard, le Président-directeur général de Gibovendée n’a pas souhaité répondre à nos questions.
L’élevage, comment ça se passe ?
Après la naissance, que se passe-t-il ? Une fois les œufs récupérés, ils sont incubés « dans une immense machine centralisée par Gibovendée », affirme Pierre Rigaux. Puis, les poussins envoyés vers des sites d’élevage pour les faire grandir.
Là, « ils sont regroupés par milliers dans de vastes bâtiments alors que dans la nature, perdrix et faisans grandissent en petits groupes ». Un énième stress qui engendre encore des morts.
Une information que confirme un petit éleveur de faisan à actu.fr et qui souhaite rester anonyme, dans le département de la Mayenne. « Sur 8 000 faisans produits à l’année, j’en ai environ 20 % qui meurent. » Avant de nuancer : « La vie de nos oiseaux est bien plus belle que des poulets que l’on achète dans le commerce. »
« Pour élever des oiseaux pour du gibier sauvage, les normes sont largement au-dessus des normes agricoles, on multiplie les surfaces par 10 ou par 15 par rapport à du poulet élevé en batterie », indique à actu.fr le directeur d’une Maison Familiale Rurale (MFR), des centres de formation pour jeunes agriculteurs.
Le directeur de ce centre de formation souhaite rester anonyme par peur des « représailles des militants écologistes ». « Quel est l’intérêt pour un éleveur d’avoir un oiseau qui ne sait pas voler et qui est malade ? », interroge-t-il. Avant de déclarer : « Les images de Pierre Rigaux, ce n’est qu’une petite partie de la filière, il ne faut pas généraliser. »
Cette façon de faire ne fait pas l’unanimité dans la profession. « C’est un système qui ne correspond à rien », balance à actu.fr Damien Prevost, éleveur de lapins et de lièvres dans le Cantal depuis 1995. « Puis élever du petit gibier est un métier très difficile que plus personne ne veut faire. »
C’est d’ailleurs pour cette raison que de moins en moins de centres proposent des formations sur l’élevage de petits gibiers. Sur les quatre organismes contactés par actu.fr, les quatre avaient arrêté, par « manque de gens » et « d’intérêt ».
Un éleveur d’une volière résume très bien l’état d’esprit de la filière. Il est filmé en en caméra cachée dans l’enquête de Pierre Rigaux. « Il nous faut six mois pour faire un faisan. On en fait 200 000. On le vend 10,50 euros. C’est un business comme un autre. »
Une mission de repeuplement des campagnes ?
Une fois adultes, les oiseaux sont placés en volières. Des espaces, en plein air, quadrillés par d’immenses filets. « Là encore, des volatiles se prennent les ailes dans les filets et finissent morts, pendus », alerte le militant anti-chasse qui a imagé ce phénomène dans sa vidéo. Et enfin, vient l’heure du départ vers les sites de chasse.
Dans la vidéo, Pierre Rigaux filme « la brutalité et la cadence infernale » de la mise en carton des animaux pour le transport. C’est d’ailleurs à ce titre que son association, Nos Viventa, a porté plainte « pour des maltraitances et des défauts de soin dans deux élevages à Loubès-Bernac dans le département de Lot-et-Garonne et un autre situé en Loire-Atlantique ».
Les animaux, entassés dans les cartons, font le trajet à l’arrière des fourgons et autres véhicules. Les faisans et les perdrix sont relâchés dans la nature après avoir été « faits », pour reprendre l’expression de l’éleveur. Dans quel but ?
« C’est une étape importante », défend Jean-Christophe Castang auprès d’actu.fr. Le président d’InterProchasse indique que ces lâchers, appelés « lâchers de cocottes » dans le milieu de la chasse, se déroulent l’été lors des périodes de reproduction. « C’est une mission de repeuplement des campagnes », signifie-t-il, même si, in fine, les bêtes « sont évidemment destinées à la chasse ». Des mots accordés à ceux de la Fédération nationale des chasseurs, qui parle de « régulation » par « prélèvement ».
Cependant, la majorité des lâchés d’oiseaux ne se passent pas pendant la période de reproduction. Comme le témoigne une internaute qui habite à la frontière entre le Gers et la Haute-Garonne. Elle a posté une vidéo où l’on voit des faisans « complètement perdus » au bord d’un chemin au mois d’octobre 2024. Contactée par actu.fr, elle assure que leur comportement n’a rien à voir avec celui des animaux sauvages.
Les faisans sont surtout lâchés fin août, les mêmes que je vois régulièrement au bord de ce chemin. Alors que s'ils étaient sauvages, ils ne seraient pas là !
Pas farouches les bêtes
En réalité, les oiseaux ne sont pas lâchés pour repeupler les campagnes. Plutôt pour être présents lors de la « chasse organisée le week-end, constate Pierre Rigaux. Les oiseaux sont lâchés le vendredi pour être tirés le samedi, partout dans les campagnes. »
Ces animaux, élevés par la main de l’homme, seraient des proies beaucoup plus faciles à tuer pour les chasseurs. « Ça nous amuse, même si, parfois, on n’est pas fiers de tirer la cocotte (sic) », résume un chasseur, qui lui aussi souhaite rester anonyme, joint par actu.fr.
Sur les réseaux sociaux, le comportement de ces animaux interroge. « Des animaux d’élevages, qui n’ont jamais vu la nature et qu’ils ont lâchés quelques heures avant de jouir de la tuerie… », met en légende cet internaute, visiblement stupéfaits de pouvoir photographier des oiseaux d’aussi près.
Des oiseaux qui n’ont rien à faire en France
Outre le comportement des animaux, trop proches des humains, ils sont incapables de se débrouiller seuls. « La plupart ne survivent pas avant d’être tués par la chasse », explique Pierre Rigaux. Dans son enquête, l’éleveur filmé en caméra cachée relate : « il y en a bien 50 % qui se font bouffer par la sauvagine, renards, buses, chats… On ne nourrit pas les hommes, on nourrit les renards avec ça. »
Mers-les-Bains
En réalité, la mortalité des faisans et des perdrix serait encore plus importante les jours et les semaines suivant les lâchers. Ces taux peuvent aller jusqu’à 80 %, rapporte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, dans un rapport publié en 2016.
Puis, « le faisan est une espèce exotique qui vient d’Asie qui a été importée dans la chasse. C’est comme si on lâchait des autruches », reprend Pierre Rigaux pour actu.fr. Une affirmation confirmée par la LPO : « de nombreux gibiers d’élevage n’ont pas la place dans la nature. Faisan de Colchide ou vénéré sont des espèces exotiques… »
Pierre Rigaux ainsi que les associations de défense des animaux disent vouloir « continuer à porter plainte contre les élevages » pour « inverser le rapport de force. » Rendre cette pratique illégale car elle n’est « pas acceptable sur le plan éthique ».
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