Citer:
- Il est prouvé que tous les intoxiqué(e)s avaient consommé du pain de la boulangerie Briand.
- Les premiers symptômes se sont déclarés 36 heures après la consommation de ce pain, alors que les effets du LSD se font ressentir 1 à 4 heures après l’ingestion.
- Les malades avaient des problèmes digestifs, ce qui n’est jamais le cas avec le LSD.
- L’épandage du LSD aurait contaminé tous les habitants de Pont Sainte Marie et au gré du vent les communes avoisinantes, ainsi que les animaux sauvages et domestiques, et en ce qui concerne ces derniers cela ne serait pas passé inaperçu.
Pour tenter de répondre, avec mes connaissances sur cette affaire :
1°- Il n’y a pas eu qu’un seul boulanger incriminé il me semble. Le plus célèbre est effectivement Roch Briand, mais de mémoire, il y en avait au moins 3. Donc je ne pense pas qu’il soit possible d’affirmer que les gens n’avaient consommé que du pain de chez Briand, ou même qu’ils en avaient tous consommer. En revanche je me souviens qu’ils avaient tous le même fournisseur, une minoterie d’un moulin de la Vienne. La minoterie à d’ailleurs été attraite devant les tribunaux civils à Uzés puis à Nîmes. Mais la fédération des minotiers a tout fait pour que les moulins ne soient pas tenus responsables.
2°- Pour les symptômes, je crois pouvoir affirmer qu’il est prouvé dans les rapports de Vieu et Gabbai et des différents hôpitaux, qu’il y a bien eu des troubles digestifs pour commencer, (nausées, vomissements, brulures, diarrhée, ce qui répond au 3°) par contre je ne suis pas sûre du temps qu'ils ont mis à apparaitre… Mais je sais que les médecins ont constatés un répit de 48 heure, avant l’apparition des symptômes hallucinatoires (nuit du 24 au 25 août), ce qui ne plaide pas pour l’ingestion de LSD.
4°- De mémoire, il a été écrit que le LSD aurait bien été mis dans le pain, ou dans l’eau des Spiripontains. Je ne crois pas à la thèse de l’épandage pour les raisons que tu cites, et d’aucun produit d’ailleurs. Un empoisonnement du bétail au mercure par exemple, ne serait pas passé inaperçu. L'hypothèse d'un empoisonnement par l'eau se heurte aussi à de grosses contestations, mais l'on est dans un pays "de soif", avec une iconographie particulière sur ce thème de la source et de l'eau (voir Marcel Pagnol), et donc c'est normal que cela soit venus immédiatement à l'esprit des habitants.
Nous disposons à la fois de nombreuses sources écrites (notamment les minutes des procès et les rapports des experts judiciaires sans oublier la presse) et, paradoxalement, il est très difficile de retracer précisément les faits. L’expertise judiciaire en était à ses balbutiements, et elle se frotte soudain à des affaires importantes, comme celle-ci ou celle de Marie Besnard, l’empoisonneuse de Loudun, ce qui peut laisser entendre qu’il y avait une grande marge d’erreur, et surtout de la défiance de la part des enquêteurs. La pression politique et médiatique sur cette affaire (les minotiers ne se laissent pas faire et traineront même en justice un expert, la fédération des Moulins était très puissante à l’époque et cette affaire est à l'origine de grand débats juridiques sur l'action récursoire) brouille aussi les cartes, et les journaux feront vraiment dans le sensationnel, ce qui n’aide jamais après à retrouver des sources fiables.
Pour ma part, je trouve les arguments de Kaplan valables, mais comme je l’ai dit, c’est une hypothèse comme une autre. La présence de mycotoxine ou d’un accident du aux méthodes pas très catholiques de blanchiment du pain, ou encore un empoisonnement au mercure ou avec un autre poison restent tout aussi probable que cette nouvelle thèse, qui me déplait par son aspect « complot ».
Reste que de toute façon le cas du pain maudit de Pont Saint Esprit sera encore longtemps désigné comme un cas récent d’ergotisme. (sinon allez y, c'est une jolie petite ville)